Homélie du 1 mai

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Homélie du 3ème dimanche de Pâques

« Les Apôtres repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus ». Les grands prêtres ont tout fait pour éteindre la flamme au cœur des Apôtres, pour qu’enfin on n’entende plus ce nom de Jésus. Ils pensaient déjà l’avoir supprimé en le clouant au bois de la Croix et maintenant en persécutant ses disciples. Mais, au contraire, ceux-ci sont remplis de joie parce qu’ils ont été jugés dignes de souffrir pour le Seigneur. L’Esprit du Seigneur est plus fort, plus ardent au cœur de ces hommes que toutes les menaces, que tous les outrages qu’on peut leur infliger. En regardant notre Eglise, ce constat traverse les âges. Tous les martyrs ont donné leur vie par amour et le sang de ces martyrs a été une semence de disciples du Christ.

Nous sommes aujourd’hui l’Eglise du Christ, une Eglise ballottée au gré des idées du moment, des courants qui parcourent notre monde. Une Eglise dont le symbole est la barque ballottée par les flots avec comme acteurs des pêcheurs fatigués, las de ne rien prendre dans leurs filets. C’était bien le fait de Pierre et de ses compagnons. Toute la nuit sans rien prendre, ils rentrent fatigués et je pense qu’ils n’avaient qu’un désir : s’étendre et dormir. Mais le Seigneur est là et il réclame à manger, à eux qui avaient peiné sans rien prendre toute une nuit. D’où peut venir ce désir d’obéir à cet inconnu ? Il est vrai que, depuis le début, Jésus les avait habitués à bien des surprises. Ils n’étaient plus à une près. Alors ils jettent le filet. Vous vous rendez compte : 153 poissons tout frais pêchés. Toute la nuit ils n’avaient rien pris et là tout-à-coup c’est l’abondance. Et le feu est déjà allumé et le fumet du poisson grillé leur fait oublier les fatigues de la nuit. Et, par-delà le bienfait du repas, ils le reconnaissent. L’hôte qui les reçoit ainsi sur la berge n’est autre que le Seigneur Jésus.

Ils le reconnaissent ! Quels sont les signes qui leur permettent de reconnaître Jésus ? Jésus est toujours attentif aux fatigués de la vie et les Apôtres sont de ceux-là en ce matin. Il est là pour les accueillir, pour les réconforter, pour leur donner cette nourriture qui va refaire leurs forces : « Venez manger ! » Le Christ se soucie de la vie humaine qui a besoin de pain, de nourriture pour s’épanouir. Et c’est un appel pour nous Chrétiens. Nous connaissons des affamés. Leur proposons-nous à manger ? Partageons-nous ce que nous avons ? Prenons-nous soin de leur santé ? Dans l’enfer de Marioupol, en Ukraine, une femme a donné le sein à un enfant qui n’était pas le sien et qui n’avait rien à manger. Quel symbole ! Partager ce que nous avons et ce que nous sommes, voilà l’appel du Seigneur.

Oui, nous sommes attelés à cette tâche qui consiste à partager pain, vin, poisson, tout ce que nous avons et ce que nous sommes. Dans la morosité ambiante, dans ce climat où tout le monde se plaint de tout, dans ce temps d’une recherche d’un bonheur illusoire, avons-nous en nous, nous les disciples-missionnaires du Christ quelque chose qui comble notre cœur et celui de nos concitoyens ? Serons-nous des semeurs d’espérance et d’amour, de la paix et du bonheur des béatitudes ? Saurons-nous aider chacun à trouver le bonheur dans les choses simples, dans la rencontre de l’autre, dans le travail accompli pour la vie du monde ? Trouverons-nous la joie de servir, de prier, de lire et méditer la Parole de Dieu, de la partager ? Répondrons-nous à la question du Seigneur : « M’aimes-tu ? » Pierre est peiné devant l’insistance de Jésus, mais il répond de tout son cœur : « Seigneur, toi qui sais tout, tu sais bien que je t’aime ! » Et, au nom du Seigneur il dirigera cette Eglise naissante. Je pense à François, notre Pape. Quel courage, quelle foi, quel engagement à la suite du Seigneur Jésus !

Cette page d’Evangile m’engage plus avant au service du Christ, au service des frères et sœurs. Et la pêche sera miraculeuse, abondante, si nous croyons vraiment que le Christ est venu sauver tous les hommes. Il ne choisit pas entre les bons et les mauvais. Il ne nous dit pas si les 153 poissons sont les meilleurs, mais il sait qu’ils combleront la faim des hommes et des femmes, ses frères et sœurs. Nous sommes, nous aussi, nous qui disons avec Pierre que nous aimons le Christ, invités à nourrir cette humanité qui nous entoure : nourrir la faim et la soif, de pain, d’amour, de paix, d’espérance, du désir d’un monde ouvert à l’Eternel… AMEN !