Homélie du 22ème dimanche ordinaire 1er septembre 2024
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? »
Le Christ est venu instaurer une nouvelle ère et les Pharisiens ont peur de perdre leurs pouvoirs. Ils
avaient instauré un nombre impressionnant de règles rigides et malheur à ceux qui ne les
respecteraient pas. Or Jésus qui dit lui-même qu’il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir, ne
veut pas entrer dans le jeu des pharisiens. Il veut que la Loi de Moïse soit appliquée, mais il y met
un esprit de bienveillance, de bonté, d’amour et n’a que faire de rites qui ne portent pas à vivre le
message qu’il est venu livrer. En Jésus tout est amour et se résume dans les deux commandements :
« Tu aimeras Dieu de tout ton cœur et tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est autour de
ces deux commandements que se situe tout le message du Christ et il ne cessera de le montrer tout
au long de sa vie en accueillant les pauvres, les malades, les pécheurs. Il les guérira, il pardonnera
leurs péchés et les remettra debout pour qu’ils puissent témoigner de cet amour fou de Dieu pour
l’humanité. Alors toutes les prescriptions des pharisiens n’ont pas beaucoup de poids pour le
Sauveur du monde. Ce qu’il veut c’est que l’amour triomphe de la haine, que le vie triomphe de la
mort, que l’amour triomphe du péché.
« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi », dit encore le Seigneur. Faisons
tout pour ne pas mériter ce reproche. Oh, bien sûr, nous ne sommes pas parfaits et nous pouvons
parfois nous éloigner du Seigneur. Cette faiblesse que nous reconnaissons devient notre force
lorsque nous nous laissons aimer par le Seigneur. Il nous connait, il sait ce dont nous avons besoin
pour vivre et aimer comme il nous aime. Encore faut-il avoir l’humilité de demander son secours, le
secours de sa sainte grâce. Car seuls, nous ne pourrons vivre ce message d’amour du Christ au cœur
de ce monde. Personnellement et en communauté de croyants, nous devons nous laisser convertir
par cet amour sauveur. Nos communautés doivent apprendre cet amour aux sources mêmes de
l’Amour, dans le Cœur même du Christ Jésus, là où s’exprime avec le plus d’intensité son Amour
pour le Père et pour les hommes. Que le Cœur du Christ nous soit ouvert pour que peu à peu nous
puissions prendre en nous les sentiments mêmes du Christ qui nous ferons aimer comme le Christ
nous a aimés. Et c’est au cœur de l’eucharistie que nous prenons en nous cette nourriture qui nous
fait vivre de son Amour.
Entendons la parole de St Jacques : « Mettez la Parole en pratique… Devant Dieu notre Père, un
comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur
détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde. » Voilà comment la vie en Christ se
manifeste par le comportement de ses disciples. Depuis le Concile Vatican II on demande de toutes
nos forces une « Église servante » et non pas une Église triomphante. Servante des hommes,
servante du monde, servante de l’amitié entre les Peuples, servante de la paix, de la joie, de
l’espérance. Une Église où les pasteurs sentent « l’odeur des brebis », comme le dit François notre
Pape. Une Église humble comme le Christ lavant les pieds de ses Apôtres. Dimanche dernier, à la
sortie de la messe ici, j’ai été interpellé par un homme qui me disait sa peine de voir l’Église ne pas
vivre radicalement les paroles de l’Évangile et il s’en prenait au mot « Père » que l’on nous donne
souvent. N’êtes-vous pas des frères plus que des pères ? L’Évangile dit bien qu’il ne faut donner à
personne le nom de Père, sinon à Dieu. Et c’est vrai. Nous sommes des frères parmi d’autres frères
et sœurs et il est malsain que nous puissions prendre l’ascendant sur les autres. Nous sommes au
service de l’ensemble des frères et sœurs en humanité.
Nous pourrons relire le psaume 14 que nous avons entendu tout à l’heure : « Celui qui se conduit
parfaitement… ne reprend pas sa parole, il prête son argent sans intérêt, n’accepte rien qui nuise à
l’innocent. Qui fait ainsi demeure inébranlable. » Si nous prenons ces paroles très au sérieux, ne
ferons-nous pas comme le jeune homme riche de l’Évangile : il s’en est allé tout triste car il avait de
grands biens. Seigneur, donne-moi la force de suivre la voie que tu me traces, celle d’un amour qui
ne cesse de se donner. AMEN !