Homélie du 10 novembre

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C’est dur, tu sais, de rentrer le soir et de ne plus voir la fenêtre allumée. Il n’est plus là pour parler de la journée, de nos petits enfants. Il faut passer par là pour comprendre, me disait une femme qui venait de perdre son mari.

D’où l’importance de ne pas rester seul(e) à porter sa peine. Catherine nous

en parlera avec le Mouvement Espérance et Vie pour les Veufs et les Veuves.

Il y a 106 ans demain, que la Grande Guerre 1914-18 laissait derrière elle des milliers de veuves démunies. Il en est ainsi dans toutes les guerres. Au sein de nos sociétés et de nos communautés vivent des veuves, comme la femme de Sarepta, au Liban actuel, ou la veuve du Temple de Jérusalem.

Ils sont nombreux ceux et celles qui leur ressemblent : sur leur indigence, elles prennent de l’argent, de leur temps, pour offrir une table ouverte, une oreille et un cœur attentifs, un accueil aux réfugiés, une présence disponible. Toutes ces expressions de vie, matérielles ou spirituelles, donnent à Dieu la première place, qui accueille ainsi avec joie le dépouillement de nos vies et de nos cœurs. A travers elles, c’est Lui-même qui remplit nos jours d’amour et de fidélité. Relisons le psaume 145 : Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés… Il redresse les accablés, il protège l’étranger… Le Seigneur soutient la veuve et l’orphelin, qui sont le type même de ceux qui remettent leur faiblesse entre ses mains.

Jésus ne s’y est pas trompé. Il regardait comment les fidèles donnaient leur Denier du culte pour le Temple de Jérusalem. Il a même interpellé ses disciples : Amen je vous le dis (expression d’un enseignement solennel) : voyez cette pauvre veuve, elle a mis plus que tous les autres dans le Trésor. Elle aurait pu se dire : De quoi ai-je l’air avec mes deux pièces devant ces riches si importants ? Devant Dieu et les autres, je serai toujours une pauvre ! Non, elle ne s’est pas comparée, elle avait quelque chose à donner à Dieu, elle a fait une folie, elle a donné sa pauvreté, sûre que Dieu l’aimait ainsi, qu’elle n’aurait pas à devenir riche pour pouvoir donner.

Jésus y reconnaît l’un des réflexes de son propre cœur : Lui, de riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour nous enrichir de sa pauvreté. (2 Co 8-9)

C’est tout le mouvement de sa vie, tel que nous rappelle la Lettre aux Hébreux : Le Christ s’est offert une fois pour toutes pour enlever les péchés de la multitude. S’est offert… Cela me fait penser à une jeune femme. Devant la maladie dégénérative de son mari, elle a dit : Il m’a fallu du temps, mais depuis le jour où, pendant un temps d’adoration, j’ai offert mes limites au Seigneur, je lui ai dit ma confiance totale, je ressens une grande paix.

La veuve de l’Evangile nous montre le chemin. Notre pauvreté, nous la présentons au Seigneur, et sans attendre, nous nous mettons au service du Royaume, tels que nous sommes, tels que Dieu nous voit et nous aime.

Nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à donner.

32e dimanche B 2024