Homélie du 11 août

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Homélie du 19ème dimanche ordinaire 11 août 2014
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra
éternellement. »
Nous sommes des habitués de ce « Pain vivant, descendu du ciel », trop habitués peut-être pour en
goûter la saveur, pour en donner le goût à d’autres. Qui n’a pas dans ses narines l’odeur du pain
cuisant au four brûlant aux abords du fournil local ? Sans absorber ce pain, cette odeur déjà nous
comble de joie. Avons-nous le même appétit lorsque nous passons près d’une Église où le Pain de la
Vie repose pour l’adoration et le désir de le partager lors de la prochaine eucharistie ? Le désir du
pain de Vie doit s’approfondir, comme on salive déjà devant un bon plat, devant un bon menu. Ainsi
l’attente de l’eucharistie n’est pas vide : elle est espérance, elle « met l’eau à la bouche ». L’attente de
l’eucharistie nous prépare à recevoir ce Pain de Vie, le Christ lui-même, source de notre vie humaine
et spirituelle.
Dans le Livre des Rois, le prophète Elie, découragé, crie son désarroi au Seigneur. Il se couche,
dégoûté de tout et même de lui-même : « je ne vaux pas mieux que mes pères ! » Il se couche pour
attendre la mort. Mais l’ange ne le laisse pas dans cette détresse : « Lève-toi et mange ! » Quelle
était bonne cette galette cuite sur des pierres brûlantes. Elie se rendort, heureux sommeil
récupérateur ! Mais l’ange le touche encore : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin que te
reste ! » J’aime à entendre cette insistance de l’ange. Car ce pain c’est la nourriture du voyageur que
je suis, que nous sommes. C’est le pain de la route sinueuse de notre vie humaine. C’est la nourriture
dont j’ai besoin, dont nous avons besoin pour parcourir le bout de chemin qu’est notre vie. Ce
moment d’attente, de désarroi parfois, va être comblé par ce Pain descendu du ciel, ce Pain de La
Vie. Puisse le repas eucharistique être notre nourriture. Puissent nos assemblées être des lieux de
partage de ce Pain qui nous fait vivre.. Avec le Psalmiste, nous pouvons chanter : « Goûtez et voyez
comme est bon le Seigneur ! » Oui, il est bon ce Seigneur qui vient nous réveiller, comme il réveille
Elie, et nous dire : « Lève-toi et mange, car il est long le chemin qui te reste »
Ce Pain de la vie est notre nourriture et le prendre souvent est le gage d’une vie unie au Christ, cette
vie que nous rappelle St Paul, « une vie de générosité et de tendresse ». Nous ne pouvons vivre ce
message sans cette nourriture. Le Christ investit notre vie, il entre dans notre cœur, au cœur de
notre vie d’hommes, de femmes pécheurs et pécheresses pour nous donner la force d’aimer, de
pardonner, de vivre dans l’amour. Ce Pain de la Vie est une nourriture efficace. Il transforme notre
vie en « un Je t’aime » continuel. Il nous permet de ne pas nous enfermer « dans nos amertumes,
dans notre irritation, notre colère, éclats de voix ou insultes », comme le dit encore Saint Paul. Il
nous permet de vivre une vie de disciples, de disciples-missionnaires. Car ce Pain est le Pain du
partage. Plus on le mange, plus on a envie de la partager avec d’autres. Je pense à une Terre de
Mission, chapelet d’îles perdues dans le Pacifique, où nous avons beaucoup œuvré. Deux laïcs
chrétiens priaient chaque jour en direction du lieu d’où pourraient venir des missionnaires. Et un
jour le missionnaire est arrivé et le Pain de vie a été donné à cette population insulaire. La prière
instante de ces deux laïcs a fait des miracles. Le Pain de la Vie est maintenant Pain du quotidien
pour cette population. Avons-nous ce même désir ?
Le Christ s’est fait Pain pour la route et nous pouvons goûter sans cesse à ce pain. Non seulement le
Christ nous a promis d’être avec nous jusqu’à la fin des temps, mais il se fait présence constante par
son Corps offert et son Sang versé pour nous et la multitude des hommes. Cette présence est le
secret de notre Dieu d’amour. Puissions-nous prendre ce pain très souvent. C’est lui qui nous unit les
uns aux autres et nous fait participer à la vie divine. Nos pensées et nos actions sont remplies de cet
amour fort et confiant. Il nous fait frères et sœurs en Jésus-Christ et nous permet de vivre le
Commandement toujours nouveau que le Christ nous a légué : « Aimez-vous comme je vous ai
aimés ». Que « le Pain descendu du ciel nous nourrisse » et fasse épanouir en nous la Parole de Vie et
d’espérance vieille de 21 siècles, mais toujours nouvelle….