Homélie du 13 février

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Homélie du 6ème dimanche ordinaire 13 février 22 Dimanche de la santé

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Quel toupet, quand même! Heureux, dîtes-vous sur les tous les tons ceux qui souffrent, ceux qui ont de la peine, ceux qui se donnent de la peine pour que vive l’homme! Non, mais est-ce que vous êtes déjà passés sur un lit d’hôpital, sans pouvoir bouger ou marqués par la souffrance et la peur ? Ce mot « heureux » pourrait être une provocation! Et si je regarde vers la croix du Christ, je suis bien obligé d »y découvrir la souffrance atroce et la mort.

Alors pourquoi associer aujourd’hui les béatitudes à cette journée de la Santé? Dieu ne se complaît pas dans la souffrance. Il ne l’a pas inventée. Les hommes sont bien assez grands pour cela. Bien sûr, il y a la souffrance innocente de l’enfant sur qui tombe la maladie, le handicap. Il y a la souffrance collective causées par les guerres et les épidémies. On est bien placé pour penser à cela dans ce monde où une pandémie planétaire a décimé tant de personnes, tant de populations. Et la question demeurera: Pourquoi tant de souffrance, pourquoi le mal, pourquoi la mort?

Le Christ a accepté de prendre le chemin des hommes et la souffrance ne lui a pas été épargnée. Il a même désiré « que ce calice passe loin de lui ». C’est dire que la souffrance ne vient pas de lui. Il n’a d’ailleurs fait durant sa vie, que soulager, guérir, redonner sens à la vie brisée. Mais il a aussi accepté le chemin de l’homme jusqu’au bout, jusqu’à la mort injuste et injustifiée. Il a fait de ce don de sa vie le plus grand geste d’amour. De la souffrance il a fait un chemin de résurrection et de vie. Pour nous, chrétiens, disciples du Christ, la souffrance n’est pas un bien en soi et il nous faut la combattre le plus possible, comme le Christ l’a combattue. mais il faut aussi admettre que cette souffrance peut devenir un chemin de vie. Il n’y a pas de vie humaine sans que la souffrance soit présente à un moment ou à un autre. La vie, comme le monde s’engendre souvent dans la souffrance. Mais cette souffrance prend un sens quand elle contribue à donner la vie. C’est tout le sens de l’engendrement.

Engendrer un monde plus fraternel, plus humain, plus ouvert ne se fait pas sans efforts, sans une certaine souffrance. Mais il procure aussi une telle joie, un tel bonheur. Le « bienheureux » des béatitudes n’a rien d’un bonheur euphorique, d’une joie incontrôlée. Le Christ donne le bonheur à chacun de ses disciples. L’homme est fait pour le bonheur, mais ce bonheur dépasse les petits bonheurs humains. Nous sommes faits pour le bonheur, pour la joie en Christ. Et ce que nous supportons nous fait communier au don que fait le Christ et à l’humanité toute entière qui peine pour engendrer un monde meilleur. Engendrer ce monde selon le désir de Dieu se fera toujours dans la douleur.

Engendrer, c’est notre lot à nous les chrétiens. Le Christ nous donne tout ce qu’il nous faut pour apporter à ce monde une semence nouvelle, celle de l’amour. Notre Église qui peine dans les affres de la vie a besoin de personnes fortes, ambitieuses, non pas pour elles-mêmes, mais pour les autres, pour le Peuple de Dieu et nous serons heureux le jour où nous aurons construit ce monde meilleur, ce monde plus en conformité avec la création voulue par Dieu, le jour où nous aurons pris soin des hommes, de tous les hommes; le jour où nous aurons fait de notre monde un monde pour tous. Notre bonheur n’est pas un bonheur béat, c’est un bonheur qui se construit dans la peine, dans le labeur, en un mot dans l’amour partagé.

Frères sœurs, aujourd’hui nous prions en communion avec tout le monde de la santé; Nous pensons aux malades et nous les portons dans la prière et nous irons cette semaine les visiter. Nous pensons aux soignants qui permettent à des hommes et à des femmes de se reconstruire, ou d’aller vers le Seigneur. Nous pensons aux équipes d’aumônerie qui accompagnent jusqu’au bout de la vie. Nous pensons aux handicapés qui dépassent tellement leur handicap et qui nous montrent un chemin de vie. Nous pensons à nous tous qui avons tellement besoin de retrouver le sens du bonheur, de la joie et de la paix. Oui, heureux serons-nous si nous savons regarder vers le Christ qui se donne !