Homélie du 14 novembre

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Aujourd’hui, qui est à l’honneur dans notre Eglise? Ce sont les pauvres en cette journée mondiale des pauvres. Oui, aujourd’hui celles et ceux que nous mettons au centre de notre prière et de notre solidarité, ce sont les pauvres. Non pas pour nous appitoyer sur eux, mais pour nous mettre à leur écoute. Nous en sommes persuadés: « les pauvres sont nos maîtres et ils nous évangéliseront. » Et puis penser aux pauvres c’est aussi reconnaître notre propre pauvreté. Peut-être avons-nous des biens, peut-être avons-nous une situation enviée, peut-être avons-nous de grandes possibilités de réfléchir, peut-être sommes-nous faits pour diriger, pour commander. Pensons-nous vraiment que cela nous appartient? Non! tout cela peut être mis à la disposition de celles et ceux qui ont moins de possibilités, les pauvres de notre temps. Le Christ s’est fait pauvre, lui qui avait toutes les richesses. Quelle idée? Lui qui était Dieu a accepté le dénuement de la crèche et de la Croix. Et partout où il passait, les foules qui se pressaient près de lui, c’était les pauvres. Pauvres d’argent, de santé, de reconnaissance, de relations, celles et ceux qui ne comptaient pour personne ou qui étaient rejetés. Car la pauvreté, très souvent, coupe toute relation et la solitude est alors le lot de ces pauvres-là et s’ajoute encore à leur pauvreté. Alors qu’allons-nous faire pour nous laisser évangéliser par eux?

Avez-vous vu nos Evêques à genoux sur le pavé à Lourdes pour reconnaître l’immense faute collective de l’Eglise? Hallucinant! Oh, bien sûr, comme vous, je me dis: « Que ne l’ont-ils pas fait plus tôt? » C’est vrai, mais en même temps c’est une chose qui devait être faite et elle est bien faite, à mon sens. A nous tous de reconnaître toutes ces mauvaises actions que nous avons pu perpétrer sur des innoncents. Vous allez dire: « Ce n’est pas nous! » Directement certainement, mais nous avons contribué peu ou prou à ce que ces actes existent et ne soient en aucun cas réprimés. Mais, finalement, les victimes se sont levées et ont eu le courage de dire leur calvaire. Et nous, nous sommes bouleversés, consternés.Puisse notre fraternité nous faire rencontrer celles et ceux qui souffrent. Je pense qu’aujourd’hui ce sont les victimes qui, en nous remettant en cause, nous invitent à une conversion totale. Merci à elles de nous secouer. Et merci au Seigneur de nous redire que les seules vérités inébranlables sont celles qu’il a vécues en se donnant sur la croix.

Moi, je vois dans ce sunami que l’on est en train de subir l’histoire du figuier dont parle aujourd’hui l’Evangile. Les petites feuilles, les bourgeons, c’est cette repentance qui nous touche tous, cette demande de pardon qui porte en elle-même réparation pour les fautes commises. Ces bourgeons qu’ont fait éclore nos Evêques et les responsables religieux, nous devons les entretenir, les faire éclater dans le monde. Chaque chrétien est ainsi appelé à vivre cette sorte de résurrection. Nous avons touché le fond, un peu comme l’arbre qui semble mort pendant l’hiver, mais qui est porteur d’une sève et d’une force de vie extraordinaire. C’est l’exemple donné par le Christ: du bois de la Croix il va redonner vie à toute l’humanité. N’ayons pas peur de cette mort à nous-mêmes, mais au contraire faisons qu’elle soit surgissement de vie.

Oui, nous pouvons souhaiter uen seule chose: que la vie de Dieu continue à circuler dans nos veines, dans les veines de l’Eglise du Christ. Quelle puisse manifester au monde qu’lle n’attend qu’une chose: la manifestation merveilleuse de cette création renouvelée, rénovée par Jésus-Christ, lui l’ami des pauvres et des pécheurs. Que leurs paroles et leurs actes nous guident vers Celui qui attire tous les hommes pour qu’ils partagent la gloire des amis de Dieu.