Homélie du 15 août

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Homélie de l’Assomption de la Vierge Marie 15 août 22

La visite d’une femme à sa cousine enceinte, quoi de plus banal ? Combien, parmi vous, n’ont-elles pas fait ce geste tout simple de solidarité humaine, d’amitié partagée. Il est des gestes humains qui prennent goût d’éternité et il en va ainsi de cette visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. Toutes deux ont été choisies par le Seigneur pour être des rouages importants de l’oeuvre du salut ; Elisabeth qui ne pensait plus être mère un jour, va donner naissance à celui qui préparera les chemins, qui ouvrira la voie au Messie. Et Marie, l’humble fille d’Israël, la petite servante du Seigneur va devenir sa Mère et notre Mère. Toutes deux se rencontrent et cette rencontre toute ordinaire, banale dirai-je, devient un événement extraordinaire. Il va permettre à Elisabeth de reconnaître la Mère du Sauveur et à Marie de chanter son action de grâce. Marie est ancrée dans l’histoire du salut et elle reprend le cantique de l’Ancien Testament, le cantique d’Anne. Elle fait le lien au cœur de ce Peuple de Dieu en marche. Nous l’avons chanté ensemble tout-à-l’heure pour essayer de faire nôtre ce chant d’action de grâce avec Marie.

Voilà nous recevons un bel appel. Et si nous faisions nous aussi de nos banales rencontres ordinaires des événements extraordinaires. Toutes nos rencontres, tous nos gestes qui semblent banals peuvent devenir extraordinaires parce que, comme Marie, nous sommes porteurs du Sauveur. En nous, le Christ prend naissance et agit. Depuis notre baptême nous portons dans ce vase d’argile de notre vie, Celui qui a donné sa vie pour le salut du monde. Il est dans l’intimité de notre cœur et nos rencontres peuvent être l’occasion de le reconnaître et de chanter notre Magnificat avec Marie. Magnificat pour la vie qui nait. Magnificat pour la vie qui s’épanouit. Magnificat pour une vie bien remplie. Magnificat pour l’oeuvre de l’homme quand elle est bonne et solidaire. Magnificat pour les rencontres réussies. Magnificat pour cette nature qui nous est donnée. Magnificat devant l’homme quand il sait reconnaître l’oeuvre de Dieu. Magnificat pour les gestes simples et presque banals de nos vies, pour nos amours et nos amitiés. Magnificat dans tous nos gestes d’offrande et de pardon.

Suis-je capable de dire Magnificat comme toi, Marie ? En cet été où nous faisons l’expérience d’une sècheresse éprouvante, est-ce que je sais prendre ma part de responsabilité pour que les choses s’améliorent pour tous et davantage encore pour les plus démunis. Marie court à travers la montagne pour rencontrer Elisabeth. Et moi, que fais-je pour les plus démunis, pour ceux qui souffrent le plus de ces situations perturbées ? En ces journées éprouvantes parfois, je rejoins tant et tant de gens qui sont éprouvés tout au long de la vie, les plus pauvres, les malades, les exclus, les exilés, les personnes qui subissent l’humiliation et la guerre.

En cette fête de Marie, notre Mère à tous, soyons de ceux qui portent l’espérance au monde. Elle est près du Père et elle veille sur nous. Elle monte vers son Père et notre Père. Elle est notre modèle, elle qui a su faire confiance. Elle est celle qui a transmis au Christ ses sentiments, ses attitudes humaines que nous retrouvons tout au long de l’Evangile. Cette visite à Elisabeth est porteuse de tous les gestes de Jésus en cette terre, lui qui s’approche avec tendresse et compassion des pauvres et des pécheurs, lui qui sait consoler et guérir les cœurs abattus. En cette fête de Marie, de son Assomption auprès du Père, demandons-lui d’avoir en nos vies et dans nos cœurs les sentiments mêmes qui sont les siens : Amitié, fraternité, solidarité,ouverture aux autres et à Dieu. Plongeons-nous dans ce bain d’amour que Marie notre Mère est capable de nous transmettre. Elle n’est pas partie vers le Père pour oublier ses enfants de la terre, mais bien pour les rapprocher de l’Amour Sauveur et du sein même de Dieu, elle veille sur chacun de nous.

Ce matin nous rejoignons tous les chrétiens du monde qui honorent en Marie la plus belle des créatures de Dieu. Nous honorons notre Mère du ciel. Je suis sûr qu’elle porte au Seigneur notre humanité toute entière, celle qui crie sa joie, celle qui crie sa peine et sa douleur. Avec le Oui de notre Mère, avec son Magnificat demeurons rassemblés dans la prière pour chanter notre espérance aujourd’hui en ce Dieu qui ne cesse de nous donner la VIE. « Magnifique est le Seigneur, tout mon cœur pour chanter Dieu ! » AMEN