Homélie du 11ème dimanche ordinaire 16 juin 2024
« Il est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme
ou qu’il se lève, la semence germe et grandit… »
Certains ont la main verte et d’une petite bouture de rien du tout, ils sont capables de faire de beaux
arbres… Et dans ces temps de dérèglement climatique, c’est hautement précieux. Mais il ne faut pas
oublier que, si les soins sont importants pour une plante, la croissance ne dépend pas toujours de
l’homme. J’ai le souvenir de ces forêts qui se sont constituées au long des âges. L’homme n’était pas
pour grand-chose dans ce processus. La graine tombait là où le vent la poussait et puis elle prenait
racine et grandissait au milieu des autres plants un peu à l’improviste. Mais très vite il lui fallait
trouver la lumière qui lui était indispensable. Car pour toute plante il faut un terreau, de l’eau et de
la lumière. Il me semble que cela est éclairant pour la naissance et la croissance du Royaume de
Dieu. Il y faut un terreau où faire germer la graine de la Bonne Nouvelle. Et ce terreau doit peu à
peu se bonnifier pour donner suffisamment de nourriture à cette plante fragile. Il faut qu’il se laisse
travailler aussi par la grâce. Il lui faudra de l’eau et cette plante fragile recevra l’eau du baptême qui
favorisera sa croissance tout au long de sa vie. Car cette eau du baptême ne coule pas seulement au
moment du rite baptismal, mais tout au long de la vie. Il lui faudra la lumière pour lui permettre de
faire la photosynthèse et grandir. Cette lumière est celle qui brille dans la vie du Christ et se
transmet à chaque baptisé.
Cette parabole de la graine de moutarde est éclairante et, sans doute que les personnes du temps du
Christ y étaient encore plus réceptives que nous-mêmes. Il n’était pas question de dérèglements
climatiques, de pesticides, d’engrais sophistiqués. Mais il s’agissait de regarder de près cette nature
que le Seigneur avait donnée à l’homme et d’en tirer les leçons qu’elle proposait. Je me souviens
d’un pèlerinage en Terre Sainte. Nous sommes arrivés dans le désert du Néguev en soirée. Tout était
sec, mais l’orage menaçait. Et il est tombé pendant la nuit. Au matin tout avait reverdi. La puissance
de la nature était le lieu où Jésus prenait ses exemples pour construire ses paraboles afin que la
Parole de Dieu soit entendue et puisse grandir dans le cœur des hommes. C’est vrai que la nature est
un lieu de contemplation, de méditation, de ressourcement extraordinaire et nous pouvons nous
réjouir de voir combien de personnes aujourd’hui redécouvrent cette nature. Elle respire partout,
pour nous chrétiens, le présence de Dieu. Je me réjouis de ces hommes et de ces femmes qui
viennent parfois du bout du monde pour nous parler de la forêt primitive. Ils sont inspiés par ces
immenses forêts, par la puissance de la nature.
Je relis avec délice les paroles du Prophète Ezéchiel : « A la cime du grand cèdre, je prendrai une
tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une
montagne très élevée… Elle portera des rameaux, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous
d’elles habiteront toutes sortes d’oiseaux… » Le Prophète annonce la venue du Sauveur et le Christ
reprend l’image dans son Evangile. La graine de la foi est semée au cœur des hommes et des
femmes de ce temps. Nous en sommes témoins. Les nombreux baptisés de Pâques nous en donnent
un exemple. Mais nous savons bien que ces jeunes pousses ont besoin d’être soutenues, émondées
parfois. Elles sont fragiles comme est fragile en nous le don du Christ que nous avons reçu au
baptême. C’est Dieu qui donne la croissance, mais en Jésus-Christ il nous a transmis cette mission
d’accompagnement et nous a fait apôtres de cette Bonne Nouvelle. Ne prenons pas la place de Dieu,
mais prenons notre place de disciples-missionnaires.
« Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit » dit le Seigneur. Regardons
avec un regard neuf chaque jour qui vient et qui nous révèle la présence de Dieu dans ce monde.
Elles sont belles ces communautés naissantes avec leurs jeunes pousses. Elles sont fragiles ces
communautés que nous essayons de faire vivre avec la grâce de Dieu. Il nous faut y mettre
beaucoup d’attention, beaucoup d’amour, un soucis constant de faire vivre et grandir. Ainsi est
semée la semence du Règne de Dieu : Amour, Paix, Joie, Espérance pour toutes les nations. AMEN