Homélie du 17 mai

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Je me souviens d’un voyage au nord Bénin. Des catéchistes disaient : beaucoup de musulmans nous rejoignent parce que, dans nos groupements paysans, nous vivons l’entraide. A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. C’est simple : aimez les gens, ils reviendront.

Vous me direz : on n’a pas besoin d’être chrétien pour vivre d’amour, pas seulement de l’amour éros, romantique, ni de la philia d’amitié, ni même de l’amour agapè, don de soi pour le bien de l’autre. Je vous donne un comman-dement nouveau : comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. Contrairement à charité bien ordonnée commence par soi-même, la caritas de l’évangile commence par l’autre et appelle à une réciprocité : aimez-vous les uns les autres. Mais quelle est l’originalité du commandement nouveau : comme je vous ai aimés ? Comment Jésus nous a-t-il aimés ?

Nous connaissons sa réponse : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Ce dernier repas avec ses disciples enclanche l’heure de sa passion. Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Jésus les aima jusqu’au bout, dit Jean 13. Judas vient de quitter la table du lavement des pieds, du repas pascal, du Pain et du Vin, Corps livré et Sang versé, Jésus sait que le piège va se refermer sur lui. Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne.

Frères et Sœurs, la croix que nous portons sur nous, la croix du Christ reste le signe le plus fort de l’amour de Jésus pour nous, le signe de l’amour du Père pour nous, de sa gloire. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.

Il nous faut bien des années souvent pour recevoir cet amour de Jésus pour nous, nous laisser aimer, transformer longuement par l’Esprit Saint de l’intérieur, nous décentrer de nous-mêmes, accueillir sa nouveauté. (Un adulte baptisé : depuis longtemps je me savais baptisé par Dieu (= aimé), aujourd’hui je le suis devant les hommes.)

Quel défi pour nous, fragiles, pécheurs, quelle responsabilité pour nous, nos communautés, nos Eglises : nous laver les pieds mutuellement, considérer les autres comme supérieurs à nous-mêmes, construire une Eglise dont on dira non pas : voyez comme ils sont bien organisés, mais voyez comme ils s’aiment.

Quelle distance entre nos comportements et nos professions de foi, entre nos justifications et par exemple la doctrine sociale de l’Eglise.

Ces jours-ci, je suis frappé par la déclaration commune des responsables de culte en France, catholique, protestant, orthodoxe, juif, musulman et bouddhiste (la CRCF), sur la proposition de loi sur la fin de vie et la possibilité d’administrer la mort. L’opinion publique majoritaire nous empêche-t-elle d’entendre également nos Evêques, successeurs des Apôtres ? Nous applaudissons notre Pape quand il va dans notre sens. Qu’en sera-t-il dans quelque temps ? L’évangile nous invitera toujours à la conversion.

Esprit Saint, montre nous comment nous aimer comme le Christ.

5e dim Pâques C 2025