Homélie du 33ème dimanche ordinaire 17 novembre 2024 Journée mondiale des pauvres
« La prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu ! »
Tel est le thème que notre Pape François donne à cette journée qu’il a dédiée aux pauvres. Aussitôt
nous vient à l’esprit la phrase du Magnificat reprise par Marie : « Il renverse les puissants de leur
trône, il élève les humbles. » Oui, le Christ, tout au long de sa vie, a privilégié les pauvres qu’il a
rencontrés sur son chemin. Et notre Pape François, en bon disciple du Christ, nous envoie vers les
périphéries, là où les pauvres s’entassent souvent dans des conditions inhumaines. Son attention aux
pauvres a été alimentée par sa présence au milieu d’eux, par son écoute, par sa prière. Car c’est en
les côtoyant que l’on peut découvrir à la fois leurs besoins et leurs richesses. Ce n’est pas de loin que
l’on rencontre vraiment les gens, mais bien en vivant avec eux. Bien des religieux, prêtres, ou laïcs
ont découvert la richesse de ces pauvres que l’on méprise en vivant avec eux, en vivant leur
précarité. Mère Térésa, Sœur Emmanuelle et tant d’autres ont découvert combien ces personnes
sont honorables et audacieuses quand on leur en donne les moyens. Se faire pauvres avec les
pauvres, c’est entendre leur cri et crier avec eux vers le Seigneur : « La prière du pauvre s’élève
jusqu’à Dieu ! » Sommes-nous assez pauvres pour que notre prière s’élève jusqu’à Dieu ?
En cette fin d’année liturgique, les textes bibliques nous parlent souvent de la fin des temps. Et notre
époque n’est guère propice à l’espérance, à l’optimisme. Nous voudrions bien que « le figuier
recommence à montrer ses tendres feuilles », signe d’un été tout proche. Mais les guerres et le
chacun pour soi semblent régner en maîtres. Et nous le savons bien, ceux et celles qui en souffriront
en premiers seront les pauvres, les plus pauvres. Le changement climatique menace de plus en plus
et le repli sur son petit confort immédiat se fait sentir un peu partout. Pourtant les catastrophes se
multiplient et là encore les premiers touchés sont les pauvres.
Pourtant nous le croyons, nous chrétiens, il est possible de sauver cette planète, il est possible de
rendre aux pauvres un peu de leur dignité. Il est possible de faire éclore des bourgeons d’amour, de
paix, d’espérance. Certains sont déjà au travail pour que cela se réalise. En même temps que la
journée des pauvres, nous honorons celles et ceux qui œuvrent au Secours Catholique. Avec eux
nous honorons toutes les bonnes volontés qui s’activent pour que la pauvreté recule, qu’ils le fassent
par conviction religieuse ou par simple humanisme. Ils honorent la Création, l’homme créé par Dieu
et lui permettent de vivre et s’épanouir. Nous chrétiens, nous avons au cœur un amour qui nous a été
donné gratuitement. Mais il ne doit pas s’enfermer en nous. Nous venons de recevoir une
Encyclique qui nous dit que notre cœur doit être ouvert comme Celui du Christ sur la Croix. Peut-
être aujourd’hui ouvrirons-nous notre porte-monnaie aux bénévoles du Secours Catholique. Mais
nous sommes invités à faire plus : ouvrir notre cœur pour découvrir aussi les richesses du pauvre.
Car il a des richesses ce pauvre à qui nous donnons et il peut même nous donner des leçons de
partage et d’amour.
Nous avons un devoir impérieux, c’est de prier pour et avec les pauvres. Je retiens l’acclamation de
l’Évangile : « Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous pourrez tenir debout devant le Fils
de l’homme ! » Cette prière instante rejoint la prière des moniales et des moines, des religieux et
des consacrés et nous met en communication avec le Christ Sauveur de tous les hommes, proche
des plus petits et des plus pauvres, celui qui « élève les humbles et renvoie les riches les mains
vides ». Cette prière, cette humble prière, le chapelet égrené au long d’une journée, cette
eucharistie vécue dans la joie et l’espérance, ce moment d’adoration pris sur notre temps si précieux
nous permettent de donner aux pauvres le meilleur de nous-mêmes. Christ nous fait Peuple, peuple
de frères célébrant le salut donné à tous, « riches et pauvres tous ensemble ».
Frères et sœurs, nous sommes tous donnés les uns aux autres comme des cadeaux. Riche ou pauvre,
chacun donne ce qu’il peut. Soyons généreux. Ce que nous donnons nous sera rendu au centuple et
fera grandir en nous l’amour et la joie.