Homélie du 18 septembre

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Jeudi dernier, la Croix titrait : La France épinglée par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour le non rapatriement des familles de djihadistes. La France, c’est aussi l’opinion publique, donc nous. Mériterions-nous encore les reproches  du prophète Amos, pour qui mépriser le pauvre, c’est mépriser Dieu ?

Vendre la poussière ? Il y a 20 ans une campagne du CCFD montrait comment, en gardant les cuisses et les ailes de poulet chez nous pour revendre les déchets en Afrique, nous avons mis là-bas des exploitations familiales en danger de famine. Un psaume dit : Quand ils mangent leur pain, ils mangent mon peuple. Un chant du bréviaire demande au Seigneur que nous ne soyons pas complices du malheur dans lequel nos frères sont tenus. Seigneur Dieu, fais-nous partager fortement et humblement ta colère contre ceux qui achètent le faible pour de l’argent.

L’argent, sujet délicat, d’autant qu’il occupe sans cesse nos esprits : salaires, coût de l’énergie, de l’alimentation, quand les Restos du Cœur s’attendent à un hiver douloureux. L’argent, indispensable, n’est en soi ni bon ni mauvais. Il dépend de la place qu’il tient dans notre cœur et de l’usage qu’on en fait.

Ecoutons Jésus. La parabole qu’il raconte n’est pas une fable, comme Le savetier et le financier de La Fontaine. Il nous met devant l’urgence du Royaume de Dieu ; il montre comment nous sommes capables d’intelligence pour des combines douteuses, mais dès qu’il s’agit de faire le bien, de gérer en fils de lumière avec justice et bienveillance, il n’y a plus personne.

Soyez vigilants, si l’argent devient votre dieu, si tout est pensé pour en avoir tjs plus, il devient votre maître, vous ne pouvez plus servir Dieu. Faites-vous des amis c’est-à-dire les pauvres, avec votre argent. Recherchez le bien véritable, c’est-à-dire le Royaume, soyez hommes et femmes à la fois habiles et dignes de confiance.

Habileté : ce mot peut évoquer compétence, mais aussi réflexion à la lumière de l’évangile, exprimée dans la doctrine sociale de l’Eglise. J’en rappelle les grands principes, fondés sur le projet d’amour de Dieu pour l’humanité : dignité de la personne humaine, recherche du bien commun, destination universelle des biens, principe de subsidiarité, participation, solidarité, vie sociale et charité.

Ce ne sont pas des grands mots mais bien une réalité. Exemple : je suis en admiration devant tous ces bénévoles aux Forum des Associations qui vivent de ces principes sans forcément faire le lien. Encore : il y a deux jours à Orléans le Mouvement des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) invitaient leurs amis à une soirée d’information. Leurs orientations : comprendre et éclairer le monde, grandir dans la foi, être témoins et acteurs de la transformation du monde.

Ce n’est pas étonnant que St Paul demande de prier Dieu par Jésus pour les chefs d’Etat et toux ceux qui détiennent l’autorité : celle-ci est nécessaire pour la vie morale et religieuse de chacun. Cessons nos regards négatifs sur l’argent et le pouvoir : remis à leur place, ils peuvent servir, comme dit le psaume, à relever le faible de la poussière, et retirer le pauvre de la cendre. 25e dim C 2022