Homélie du 19 juin

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Homélie du Corps et du Sang du Christ 19 juin 22

Ce sont deux évènements distincts qui nous sont rapportés en cette fête du Corps et du Sang du Christ. D’une part la multiplication des pains à cette foule qui le suit et d’autre part l’institution de l’Eucharistie que nous rapporte Paul. Au cœur d’un événement de la communauté des croyants, le Christ se révèle et provoque les Apôtres : « Donnez-leur à manger ! » La foule est nombreuse et il n’y a pas de provisions. Jésus teste la foi de ses disciples : « Donnez-leur à manger ». Mais il y a trois fois rien : quelques pains et deux ou trois poissons. C’est au cœur de cet événement, au cœur d’une foule affamée que Jésus va dire aux Apôtres : « Donnez-leur à manger ! » Cette nourriture que vont donner les Apôtres, c’est le pain du corps – cette foule est affamée- . Le Seigneur fait comprendre que le soin du corps est important : rien ne peut se faire sans la nourriture terrestre. Le Christ donne son enseignement, il annonce la Bonne Nouvelle, mais il le fait à des humains qui ont besoin de manger pour vivre. Le Christ apprend aussi à ses Apôtres ce qu’ils devront faire par la suite : coninuer à annoncer cette Bonne Nouvelle du salut tout en se souciant de la vie des hommes. Il va leur apprendre qu’avec peu de choses, quand on les partage, on peut faire des miracles. Je crois bien que c’est aussi la leçon que nous recevons. Nous nous sentons souvent démunis devant la détresse et la faim des hommes. Le Seigneur continue à nous dire : « Donnez leur à manger ! » Nous ne pouvons laisser ce souci à d’autres, ni aux associations, ni à l’Etat. Nous avons à prendre notre part dans le soin des hommes et des femmes. Les quelques poissons, les quelques pains que nous avons dans notre besace peuvent faire des miracles. Je pense souvent à l’enfant de l’Evangile: il a été assez prévoyant : le Christ a pris de son indigence pour nourrir toute la foule. Le Christ a eu besoin de ce petit « en-cas » pour réaliser ce miracle. Bienheureux enfant qui a été si prévoyant !

Prendre soin des hommes, c’est bien sûr les aider à trouver un bien-être de bon aloi, dans le partage et la disponibilité. Mais c’est aussi leur annoncer qu’ils sont aimés tout entiers. Et le Christ, avec un peu de pain et un peu de vin, va faire un autre miracle dont nous bénéficions encore aujourd’hui. Il se donne en nourriture, il se donne pour nous faire vivre : « Prenez et mangez, ceci est mon Corps. Prenez et buvez, ceci est mon Sang. Faîtes cela en mémoire de moi ! » Et voilà ce que nous sommes en train de faire ; Nous le faisons « en mémoire de lui », le Sauveur du monde. C’est son Mémorial. Prêtre depuis 55 ans, je suis toujours aussi heureux de le réaliser avec la communauté que vous formez, ce que le Christ a voulu pour son Eglise, « en mémoire de Lui ». Car là, nous perpétuons ce miracle que le Christ a fait au milieu des hommes. C’est avec toute la communauté des croyants, ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, que nous réalisons son eucharistie. C’est avec cette foule anonyme que nous côtoyons que nous sommes réunis aujourd’hui pour agir « en mémoire de lui ». En cette eucharistie, nous prenons tous nos frères et sœurs humains pour les porter au Seigneur et les nourrir de son amour. Et nous entendons le Christ nous dire : « Donnez leur à manger ! » Nous ne sommes pas si démunis que cela. Comme les Apôtres, nous avons nos deux pains, nos trois poissons. Nous pouvons trouver le moyen de les distribuer. Nous avons mieux encore. Nous avons en nous le Corps et le Sang du Christ. Nous avons sa Parole de vie. Notre eucharistie ne peut prendre son sens que si elle est partage. Bien sûr, nous pouvons adorer le Corps du Christ, mais nous devons d’abord le savourer pour le partager aux hommes et femmes de ce temps, à nos frères et sœurs en humanité.

Belle fête du Corps et du Sang du Christ, de Celui qui a pris chair pour nous sauver, nous les vivants. Si le Dieu que nous aimons a voulu s’ncarner et demeurer présent à nous, s’il a voulu donner son Corps à manger, c’est pour que tous les hommes puissent partager son amour. Nos eucharisties, faites en mémoire de Lui, nous unissent à tous les hommes de la terre. Nous sommes l’humanité aimée de Dieu. N’ayons pas peur de partager nos morceaux de pain, nos verres de l’amité pour faire grandir notre solidarité. N’ayons pas peur de partager ce que le Christ nous donne de plus précieux, son meveilleux Amour, son Corps et son Sang pour le bien de tous. Nos eucharisties nous engagent au partage de ce que le Seigneur nous a donné de plus précieux, son Amour, sa paix, sa joie. Bonne fête du Corps et du Sang du Christ. A défaut de pétales de roses ou de pivoines, jetons à ses pieds le désir de le suivre et l’imiter jusqu’au bout. AMEN !