Homélie du 19 mars

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Homélie du 4ème dimanche de Carême 19 mars 2023

« Réjouis-toi, Jérusalem ; vous qui l’aimez, rassemblez-vous. Jubilez de sa joie, vous qui étiez dans la tristesse ! » Quelle belle invitation pour aujourd’hui ! Par delà notre vie troublée, la vie bousculée du monde, cet appel à la Joie fait du bien. « Un saint triste est un triste saint », dit-on. Oui, nous sommes invités à la joie. Nous sommes invités, comme Bartimée dans l’Evangile, à changer notre regard et à voir les merveilles de nos vies d’hommes et de femmes aimés de Dieu, à voir aussi les merveilles qui nous entourent, la création et tout ce qu’elle renferme. Et la reconnaissance pour le Seigneur accompagne cette joie. La reconnaissance va aussi à nos frères et sœurs en humanité qui savent traduire en joie la moindre rencontre, le moindre geste de gratitude, la moindre aide. Nous sommes comblés et souvent nous ne le savons pas parce que nous ne le voyons pas avec les yeux du cœur.

Bartimée, le mal aimé parce qu’aveugle, parce que « fruit du péché » selon les Pharisiens, préféré de Dieu depuis toujours, nous apprend à ouvrir les yeux sur les merveilles de Dieu. Aveugle, il l’a été, mais la rencontre du Seigneur a ouvert ses yeux : lumière retrouvée. La rencontre du Seigneur n’est-elle pas toujours un temps privilégié ? Nous-mêmes, lorsque nous savons prendre un moment avec Lui, ne sommes-nous pas illuminés ? Ne sommes nous pas les fils de la Lumière qui découvrent le monde avec les yeux du cœur ? Un temps « perdu » pour Dieu ne nous ouvre-t’il pas à la lumière du Christ ? Nous devenons alors messagers de celui qui nous illumine, nous fait vivre et espérer parfois contre toute espérance. Je pense à Nelly, veuve depuis quelques années. Elle veut consacrer son veuvage au Seigneur et, en ce sens, elle accepte d’être au service de l’Eglise, elle participe à la formation proposée par le Diocèse, aide à l’accueil paroissial, à l’accueil des familles en deuil, visite des personnes âgées. Bien loin d’oublier sa famille et son mari parti vers le Seigneur, elle est proche de ses enfants et petits-enfants.Elle rayonne la joie. Sa visite mensuelle, depuis quelques mois, est un rayon de soleil dans ma vie de prêtre. Je sens tellement que sa joie n’est pas «de surface »et les services qu’elle accepte en Eglise et dans le monde sont encore accomplissement de son mariage chrétien. Je remercie le Seigneur de mettre dans le cœur de ses fidèles cet amour qui dépasse le regard trop humain, l’impression du moment. Regardez les questions des pharisiens sur Thimée : puisqu’il est aveugle ce ne peut être que du fait de son péché ou de celui de ses parents. Jésus a un tout autre regard, le regard de l ‘amour.

J’entends Saint Paul : « Autrefois, vous étiez ténèbres, maintenant,dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous en enfants de lumière ! » Notre baptême a fait de nous des enfants de la Lumière. Ne l’éteignons pas. Ne la laissons pas faiblir. Vous le savez bien, une lampe doit être alimentée. Et je crois que ce temps de Carême est là pour cela. Alimenter notre lampe intérieure, c’est rejoindre le Christ dans sa Parole, dans ses sacrements, dans la prière, dans sa réelle présence. C’est lui dire : Apprends-nous à prier, et nous tourner vers Dieu et dire : « Notre Père ! » C’est aussi nous tourner vers cette humanité aimée de Dieu et en découvrir toute la beauté, la bonté, reflets de son Créateur. C’est partager en communautés chrétiennes les richesses que Dieu, dans sa bonté, nous donne. C’est le fruit du travail du Christ en nous que nous patageons en Eglise, dans nos communautés grandes ou petites. Car c’est lui, l’huile de nos lampes. Comme David, dans l’Ancien Testament nous avons reçu l’onction. Nous avons tout pour être « prêtre, prophète et roi ».

« Seigneur, fais que je voies ! »C’est ma prière de ce jour.

Ouvre mes yeux à tes merveilles pour que je puisse en jouir toujours.

Ouvre mes mains à mes frères et sœurs en humanité afin que je donne et reçoive l’amour dont je suis capable.

Ouvre mes oreilles aux cris d’espoir des hommes d’aujourd’hui, à celles et ceux qui éclairent le monde de leur amour.

Ouvre mon cœur et rends le semblable au tien : proche, sensible et ouvert à tous.

« Réveille les sources de l’eau vive qui dorment dans nos cœurs,

Toi, Jésus qui nous délivres, toi, le don de Dieu ! »