Homélie du 1er mai

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L’aînée a 8 ans. Ce matin, on a baptisé le petit quatrième. Nous lui avons répété, ensemble, le résumé de la foi du pape François : Jésus t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour, pour t’éclairer, te libérer, te fortifier. Ce soir, j’admire la prière de la petite communauté familiale, devant les 4 bougies et une croix : Jésus, je t’offre mon cœur, je te dis merci pour cette journée… Avant le Notre Père et le Je vous salue Marie, l’aînée relit ces mots si simples : Jésus t’aime. Nous en revoyons des signes : ce baptême, vie reçue et donnée, l’excitation des retrouvailles,la joie de prier ensemble, les beaux textes entendus, les sourires du bébé. Jésus t’aime. Et toi, m’aimes-tu ?

Simon-Pierre et ses compagnons se souviennent aussi, loin de tout comprendre : le dernier repas de Jésus, leur fuite, les coups, la croix, le tombeau, ses paroles, pas de plus grand amour que de donner sa vie. Que faire maintenant, sinon leur métier de pêcheurs ? Mais sans Jésus, ils ne prennent rien. Le doute, le découragement.

Ils ne voient pas les signes du Ressuscité : le lever du jour, Jésus est là, du poisson est déjà sur la braise. Jésus nous précède toujours, dans l’œuvre d’évangélisation en même temps qu’il suscite notre collaboration. Jetez le filet, venez manger. Mettez la parole de Jésus en application, venez vous nourrir à son repas, voilà votre force.

Et puis cette triple question à Simon-pas-totalement-devenu Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Rappelons-nous un détail qui en dit long. Pour dire m’aimes-tu, Jésus utilise le mot agapè en grec : m’aimes-tu d’un amour sans réserve, total, inconditionnel ? Pierre répond : Oui Seigneur, je t’aime, mais d’un amour d’amitié, tendre, pas totalisant. La troisième fois, en écho au triple reniement de Pierre, Jésus utilise le mot de Simon-Pierre. Il s’adapte à lui, et Simon comprend que son pauvre amour suffit à Jésus, l’unique dont il est capable. Et cela sera sa force toute sa vie, qu’il soit convoqué par le Sanhédrin comme Jésus l’avait été, mis en prison, ou persécuté à Rome, jusqu’à la mort. Il se souviendra de ce Pierre, m’aimes-tu ?

Jésus aurait pu choisir l’autre disciple, son meilleur ami, qui comprend par le cœur que c’est le Seigneur, fidèle au pied de la croix, le premier arrivé au tombeau vide qui vit et crut. Eh bien non, Jésus confie son Eglise à Pierre, le pécheur pardonné, pas meilleur que les autres, qui puise sa force dans le pardon de Dieu.

Pierre, m’aimes-tu ? Chacune et chacun peut mettre son prénom. Est-ce que tu m’aimes vraiment ? D’un amour qui te met en route vers les autres, qui te pousse à la prière, à la recherche de la Parole de Dieu, à prendre soin du troupeau du Christ, à témoigner dans nos communautés et dans le monde, que chacun est aimable et aimé par le Christ. (1e orientation du synode diocésain)

Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime, d’un amour si pauvre que tu le prends quand même et m’appelles à te suivre. Ma relation à toi n’a de sens en effet que si elle s’accomplit dans une mission au service des autres. Ma mission n’est féconde que si elle est partage de ton amour.

Vite, Seigneur, envoie-nous ton Esprit d’Amour.

3e dimanche de Pâques C 2022