Homélie du 20 février

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Un jour un homme m’a dit : Je voudrais pardonner, mais le mal qu’on m’a fait est si fort, je ne peux pas. Alors, comme Jésus sur la Croix, je passe par le Père : Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font. Cet homme avait raison. Aimer ses ennemis et leur pardonner est le commandement le plus scandaleux et le plus impossible, aujourd’hui comme pour les disciples de Jésus ! Il est un acte de foi, et le sommet de l’amour du prochain. C’est à nous que Jésus s’adresse : Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : aimez ! D’un amour qui a deux caractéristiques : universel, au-delà de la famille et des amis, jusqu’aux plus lointains, donc nos ennemis ; et il est gratuit. Et concret.

Aimez vos ennemis, non seulement par sentiment mais par des gestes concrets : souhaitez leur du bien, priez pour eux, présente l’autre joue, donne, ne réclame pas. Un amour qui n’est pas absurde, car il est celui de Dieu lui-même qui s’est rendu visible en son Fils Jésus. Jésus a prié pour ses bourreaux, demandé le pardon à son Père et ouvert la porte du paradis à un voleur. Et combien de fois ne nous a-t-il pas pardonné !

La logique de Dieu miséricordieux bouleverse notre logique humaine : en lui, pas d’orgueil, il ne craint pas de s’abaisser et se faire le dernier, pour que tous redeviennent des frères. C’est la logique de la Croix, c’est-à-dire de l’amour, et du don de soi qui apporte la vie. Elle n’est faiblesse qu’en apparence, car seul celui qui est vraiment puissant peut supporter le mal et faire preuve de compassion. Les faibles se vengent et tuent.

Ne dites pas : je n’ai pas d’ennemis. L’ennemi, c’est peut être simplement celui qui parle mal de nous, qui nous déteste, nous maltraite. Il se trouve à la maison, à l’école, dans le voisinage, au travail, en politique, à la sacristie, sur mon portable.

Il y a trop de haine dans le monde, qui peut être surmontée par un plus d’amour qui vient de Dieu et que nous devons partager. Aujourd’hui il devient crucial d’inverser le cycle de la violence, qu’elle ait pour forme le racisme, l’antisémitisme, l’exploitation Nord-Sud, le feu à la planète.

Les moyens que nous utiliserons pour cela ne peuvent pas être de même nature que le mal que nous dénonçons : haine, mensonges, violence ou l’usage des armes. Un tel comportement ne peut jamais se réclamer de la foi en Christ. La résistance non-violente est évangélique.

Inspirons-nous plutôt des beaux témoignages au procès des complices de la mort du P. Hamel, ou parfois dans l’actualité terrible, de ces mères qui pardonnent à l’assassin de leur enfant.

Mais, au fait, si c’était moi, l’ennemi ?

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.

7e dimanche C 2022