Homélie du 20 mars

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Homélie du 3ème dimanche de Carême 20 mars 22

« Le Seigneur est tendresse et pitié », venons-nous de chanter comme antienne du Psaume 102. J’aime bien me le redire: « Dieu est tout amour. Il est Miséricorde ». Mais cela ne l’empêche pas de s’enflammer contre son peuple rebelle et l’Ancien Testament est rempli de ces colères de Dieu contre son Peuple. Mais toujours le Seigneur se laisse fléchir par les supplications de ce Peuple à la nuque raide et qui ne comprend parfois que la force. La colère de Dieu! J’ai lu ce que notre Pape, qui lui aussi parle beaucoup de miséricorde, a déclaré par rapport à la guerre en Ukraine. Il a des mots très durs contre les envahisseurs, contre ceux qui tuent des familles entières et mettent sur les routes vieillards, enfants, femmes enceintes.. La « sainte colère de Dieu » qui ne supporte pas la méchanceté mesquine de l’homme. Dieu fulmine parfois contre ce Peuple à la nuque raide. Mais en même temps « Il est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ». Ce verset du Psaume en dit long sur notre Dieu, » le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Ce Dieu, Jésus nous l’a révélé comme Notre Père et depuis ce jour-là tant d’hommes et de femmes ouvrent leur coeur en répétant: « Notre Père qui es aux cieux… »

La petite Parabole du figuier en dit long sur la patience de Dieu. Bien évidemment ce pauvre figuier ne donnait guère de fruit et la logique était de le supprimer puisqu’il épuisait la terre inutilement. Mais le Seigneur lui donne une chance. Il accepte que le vigneron lui donne les soins adéquats et c’est seulement après cela et suivant sa réaction qu’il acceptera de fixer son sort. J’ai parlé de la colère de Dieu. Maintenant je parle de la patience de Dieu. C’est bien le même Dieu qui déteste le péché et le fait savoir parfois avec force et Celui qui prend patience. Il se réjouit tellement du pécheur qui se repent et qui reprend le chemin de la grâce, de la réconciliation. Notre Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais Il veut le sauver, Il veut qu’il vive. Il n’empêche pas le pécheur de refuser son amour. L’homme est un être libre et il doit apprendre à utiliser cette liberté qui est l’une des plus belles qualités de l’homme, de ses grandes richesses.

« Celui qui se croit solide, qu’il fasse atention à ne pas tomber! », nous dit Saint Paul. Ce conseil doit nous atteindre tous et chacun. Savoir que nous sommes tous faillibles, que nous avons tous nos faiblesses, qu’il ne sert à rien à faire les malins; Nous le savons bien et nous pouvons nous interroger lorsque nous sommes en présence de certaines personnes dévoyées: si nous-mêmes avions vécu ce qu’elles ont vécu, que serions-nous aujourd’hui? Ce temps que nous allons prendre pour comprendre la personne n’est pas là pour refuser de dénoncer le mal, mais pour rencontrer la personne dans ce qui l »a amenée à ces faits. Je suis allé voir la pièce de Laurent Martinez « le Pardon ». Cet homme a été violé à 8 ans. Dans cette pièce que j’ai trouvée très vraie, il dit son combat, avec discrétion . Il dit le mal que lui a fait le violeur Il dit aussi « Si demain quelqu’un de ta famille ou un proche t’avoue qu »il a une attirance pédophile et qu’il lutte pour s’en sortir, tu fais quoi? » Oui, devant n’importe quelle personne, aussi malsaine soit-elle, la question se pose. Comment, tout en dénonçant le mal, je vais aimer la personne. Je pense à Jésus devant la femme adultère. Il n’approuve pas sa conduite, mais son regard ne cesse d’être une regard d’amour.

« Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. » Quelle joie de le savoir si proche, si bon, si attentif à ce que je suis. Mais il faut aussi des gestes qui sauvent. Laurent Martinez à la fin de sa pièce et dans le court débat qui a suivi a abordé le « pardon ». Il dit comment il a reçu le pardon de la part de l’Eglise. Un soir il a interpelé l’Evêque qui était avec lui. « Pouvez-vous me demander pardon au nom de l’Eglise puisque mon violeur est mort? » Et l’Evêque s’est levé et lui a demandé pardon au nom de l’Eglise qui a laissé faire cela et qui s’est tue si longtemps. « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour », mais Il demande toujours que l’on fasse la vérité. Le figuier recevra tous les soins nécessaires, mais sa vocation est de donner des figues.

Serons-nous bonne terre, serons-nous bon arbre, serons-nous bons samaritains, serons-nous bons Simon de Cyrène? Que ce temps de Carême nous donne de nous approcher de Celui qui est BON?