Homélie du 30ème dimanche ordinaire 27 octobre 2024
« Va, ta foi t’a sauvé… »
Bar Timée, le fils de Timée ne devait pas en revenir… Il a interpelé le Christ passant par là, et tout à
coup, il voit, lui qui n’avait jamais vu la clarté du jour, le soleil naissant. C’est l’éblouissement et il
crie sa joie et danse de bon cœur. Il y a de quoi ! Qu’est-ce qui peut faire rêver un aveugle sinon de
voir ? Et nous qui voyons, nous ne nous apercevons pas de la chance que nous avons. Nous pouvons
nous émerveiller devant cette belle nature que Dieu nous a donnée en partage. Nous pouvons nous
émerveiller devant ces belles personnes qui peuplent notre monde, devant les belles actions qu’elles
vivent sous nos yeux. C’est tellement beau la vie ! C’est bien ce que doit ressentir ce fils de Timée
découvrant tout-à-coup la beauté du ciel et de la terre et des personnes qui l’entourent.
Mais regardons d’un peu plus près ce récit. Il est évident que Bar Timée a un grand désir de voir,
mais aussi de trouver une place dans la société qu’il presssent autour de lui. Car il n’a pas place au
milieu de ce monde. Il doit mendier. Sa place est celle de qui tend la main sans relâche. Il ne fait pas
partie des gens de cette bonne société. Et le fait de voir va lui rendre sa dignité. Mais il y a autre
chose. Cet homme, qui ne voit pas, pressent chez Jésus qui passe le salut en marche : « Fils de
David, Jésus, prends pitié de moi ! » C’est la découverte qu’en Jésus la promesse du salut est déjà
réalité. Bartimée dit sa foi avant d’être guéri de sa cécité. C’est lui qui voit juste alors que bien des
claivoyants ne découvrent pas Jésus. Sa foi lui fait toucher du doigt le mystère du salut qui s’exerce
à travers Jésus. Il est plus clair-voyant que tous les voyants qui sont autour de lui. Son cœur est déjà
ouvert. Dans son esprit, dans son âme, le salut est déjà pressenti. Il désire voir, bien sûr, mais il voit
déjà le salut en marche. Cet homme est un homme de désir, d’espérance. Et c’est un bel appel pour
chacun d’entre nous. Désirons-nous le salut ? Espérons-nous être sauvés par le Christ Jésus ?
« Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » La foule reconnaît elle aussi qui est ce Jésus qui passe. Elle sait
qu’il est capable de guérir et elle s’en réjouit. Elle encourage Bartimée, après l’avoir rabrouée un
temps, à s’approcher de Jésus. En lisant ce texte, j’ai pensé à celles et ceux qui encouragent qui veut
s’approcher de Jésus, ces jeunes et moins jeunes qui demandent un sacrement, le baptême ou une
bénédiction. Ils sont un peu comme ces personnes qui accompagnaient les athlètes non voyants et
qui couraient à leur côté, liés l’un à l’autre par la main. En Eglise nous devons prêter ainsi nos mains
à ceux qui attendent ce secours, cette force que représente un sacrement, geste d’amitié que nous
donne Jésus par son Eglise.
J’aime la description du grand-prêtre que nous donne St Paul dans son Epître aux Hébreux. « Tout
grand prêtre est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir auprès des hommes, dans leur
relation avec Dieu » C’est la Mission du Christ, seul grand prêtre. Mais la mission du prêtre, la
mission de tout baptisé aujurd’hui n’est-elle pas de dire, comme cette foule, à ceux qui attendent :
« Confiance,lève-toi. Il t’appelle. » A nous d’encourager nos frères et sœurs qui sont sur le chemin,
qui mendient à nos portes un peu d’amour, un peu d’espérance, un peu de reconnaissance. A ceux et
celles qui ne se savent pas aimés, savons-nous leur dire que Dieu les aime toujours et qu’Il est en
chemin avec eux ?
Moi, je rêve un peu que nous soyons tous des Bartimées, que nous soyons tous au bord du chemin à
attendre Jésus qui passe et à le reconnaître. Que nous soyons des femmes, des hommes de désir,
d’attente d’un Sauveur, car , seuls, nous ne pouvons rien faire. Que nous soyons attentifs à celles et
ceux qui attendent quelqu’un qui puisse leur dire : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ». Car l’appel
du Seigneur est relié en son église par toutes nos voix, par nos mots, par nos actions. Aimer, c’est
appeler à la rencontre de l’AMOUR. Et cette rencontre ne peut se faire que par notre intermédiaire.
Ne l’oublions pas, nous sommes aujourd’hui les témoins des merveilles que fait le Seigneur.
« Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! » Comme Bartimée,
chantons, dansons, crions notre joie ! AMEN !