Homélie du 22 mai

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Homélie du 6ème dimanche de Pâques 22 mai 22

« Je viens chez vous comme chez des amis… » Ces mots du nouvel Archevêque de Paris, Mgr Laurent ULRICH, me touchent. A plus de 70 ans, il accepte une charge énorme. Le diocèse de Paris, l’Eglise qui est à Paris, c’est un vrai défi pour un homme qui a déjà beaucoup donné. Et des défis, il devra certainement en relever plus d’un, mais en même temps, cet épisode de sa vie est la continuité de ce qu’il a toujours vécu et il fait confiance. Mais sa parole peut étonner. Il ne dit pas qu’il vient pour relever des défis, mais qu’il vient en ami au milieu des amis qui sont à Paris et qui, comme lui, veulent continuer à faire grandir le Peuple de Dieu, à construire une Eglise où on se donne la paix, pas du bout des lèvres, mais à pleines mains et à plein cœur. Et c’est bien cela que nous fêtons aujourd’hui en venant partager la Parole et le Pain de l’Eucharisitie.

Nous venons d’abord entre amis pour fêter l’Ami commun à tous et à chacun, le Christ qui vient encore au milieu de nous pour nous donner la paix, cette paix qu’il nous a transmise dans la douleur, dans la souffrance de la Croix, et dans la Joie de sa Résurrection. Oui, le Christ nous transmet, au nom de son Père, cette paix qui nous fait aimer l’autre comme un frère. Faire la paix est un travail énorme, une tâche de chaque instant. Car la paix en Dieu, la paix de Dieu n’est jamais totalement établie dans notre cœur et dans le monde. Nous sommes tous invités à devenir frères, « frères universels », comme nous le rappelle Saint Charles de Foucauld, « Fratelli Tutti », nous a dit François, notre Pape. Nos eucharisties sont-elles les lieux où se rassemblent des amis, des frères et sœurs unis par l’amour de Jésus-Christ ? Nos gestes de paix ne sont-ils pas des gestes trop conventionnels, trop stéréotypés ? La COVID nous a appris à adapter nos gestes à la période que nous vivons. Continuons à renouveler ces gestes pour qu’ils soient de plus en plus signifiants.

Connaissons-nous Pauline JARICOT qui sera béatifiée à Lyon cet après-midi ? Voilà encore un modèle bien de chez nous, issu de cette Eglise qui a tant de mal à vivre pleinement. J’ai lu La Croix de ce mardi. La page « Religion » nous donnait deux facettes de cette Eglise. A gauche, en pleine page c’était l’annonce de cette béatification de Pauline JARICOT qui sera béatifiée à Lyon devant 13000 personnes dans une cathédrale « effémère », comme on le dit. De l’autre côté, les efforts faits par les fraternités monastiques de Jérusalem pour faire la vérité sur les agissements coupables de leur fondateur. Une même Eglise, fondée par Jésus-Christ qui ne cesse de se rappeler qu’elle est à la fois sainte et pécheresse. C’est le lot de l’homme et de ce qui est humain. Mais que cela ne nous empêche pas de voir ce que nos bienheureux, nos saints nous redisent de cette suite de Jésus-Christ. Pauline JARICOT a confié au Seigneur tant de personnes et son témoignage a fait éclater les portes fermées de nos Eglises. Elle est l’inspiratrice des Oeuvres Pontificales Missionnaires. Tant de jeunes églises sont nées à travers le monde et continuent à grandir grâce aux missionnaires et aux dons apportées pour qu’elles puissent être vraiment vivantes. Elle nous invite à ne pas nous enfermer sur nous-mêmes, sur nos problèmes, sur nos peurs, sur nos idées et nos opinions tranchées. Ouvrons grands nos cœurs, nos vies, nos églises, nos maisons, nos familles, nos groupes. Laissons entrer librement le grand souffle de la Paix de Dieu.

Les Actes des Apôtres nous montrent les pas que fait l’Eglise naissante. Il y a ceux qui voudraient imposer les règles qu’ils ont toujours connues. Et ceux qui prennent en compte la vie de ces communautés qui arrivent et qui sont marquées par un autre esprit. Les Apôtres sont amenés à trancher entre les rigoristes de l’Ancienne Loi et ces nouvelles communautés qui vont rejoindre les disciples de Jésus-Christ. L’adhésion à Jésus-Christ n’oblige pas à endosser toutes les anciennes lois. Le Christ est venu libérer et non contraindre. Aujourd’hui encore, quand de nouvelles personnes ou de nouveaux groupes humains disent leur adhésion à JC, il n’est pas question de tout imposer. Il faut d’abord accueillir. Le Seigneur nous met en garde contre un rigorisme qui risque de rebuter.

« Je vous donne la paix ! ». Oui, Seigneur, mets en nous, mets au cœur de ton Eglise cet Esprit de Paix pour que nous soyons,ensemble, capables d’inventer avec Toi la Paix du monde. Prince de la Paix, fais de nous des artisans de paix et de justice !