Homélie du 23 avril

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Homélie du 3ème dimanche de Pâques 23 avril 2023

Le chemin vers Emmaüs, le chemin vers la révélation du Christ ressuscité. Quel beau parcours ! Les deux disciples sont déouragés, marqués par la mort de Jésus, par l’effondrement de tous leurs projets. Plus rien ne va. Et ils marchent ou plutôt ils errent. Mais voilà qu’un étranger se joint à eux et chemine avec eux. Un étranger qui semble ignorer ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth. Il ignore son ignoble procès, sa crusifixion et sa mort. « Et voici que c’est déjà le troisième jour que cela s’est passé… » Pauvres hommes qui avaient tout misé sur cet homme Jésus. La déception est immense. Mais « l’étranger » continue le chemin avec eux. IL va même faire croire qu’il les laisse à leur propre sort, mais leur invitation à rester avec eux va lui permettre de se faire reconnaître à la fraction du pain.

J’ai lu cet épisode évangélique et je l’ai médité après avoir lu un long texte d’un Evêque Français à son retour de l’Assemblée pleinière de l’Episcopat à Lourdes. Découragé, écoeuré par tous les scandales dont ils ont du prendre une fois de plus conscience de la réalité. Ils ont écouté les victimes, ils se sont remis en cause. Qu’avons-nous fait ? Que n’avons-nous pas fait qui aurait du être accompli dans notre ministère d’Evêque ? Et puis le rôle de l’Evêque, c’est quoi. Doit-il être celui chez qui tout remonte et doit-il être celui qui tranche sur tous les sujets ? J’ai lu ce texte et je n’ai pas bien dormi cette nuit-là. L’Eglise, mon Eglise est-elle celle-là, alors qu’elle devrait dire la beauté de la résurrection, la joie de Pâques ? Comment ma vie de religieux et de prêtre a t’elle été entachée de cette faute personnelle et collective ?

Après ce long texte de ce frère Evêque, la lecture de l’épisode d’Emmaüs a été un vrai soulagement. C’est un appel à cheminer avec les hommes. Que doit-elle faire notre Eglise sinon cheminer longuement avec des hommes et des femmes fatigués, abattus qui attendent force et courage pour se relever, pour repartir. L’Eglise n’a pas d’autre pouvoir que celui d’accompagner les hommes et les femmes d’aujourd’hui à la fois dans leurs détresses et leurs espérances. Accompagner et non régenter. Sur le chemin des hommes et des femmes, l’Eglise est là comme ce Peuple qui dit la victoire de la Vie sur la Mort, qui donne toujours une espérance. Elle est là comme un peuple de frères et nul besoin de titre de monseigneur ou même de père. Elle est faite de frères pour des frères. Et ceux qui ont été appelés à des fonctions de gouvernement doivent savoir qu’ils sont frères parmis les frères. Les religieux et religieuses se sont posés la question de leur langage et particulièrment des noms que l’on donne à ses responsables : Père, Mère Supérieurs, Supérieurs majeurs, etc. On en oublierait presque que nous sommes donnés les uns aux autres pour faire ensemble un bout de chemin dans la découverte de Jésus, le serviteur. Et celle ou celui qui est choisi pour aider ses frères ou ses sœurs est un serviteur. IL n’est pas au-dessus. Il est avec, témoin avec eux.

Cette page d’Evangile est une belle image pour l’Eglise que nous formons. Cette communauté de croyants chemine au cœur du monde, un monde souvent malade, mais un monde en croissance. Notre Eglise est là pour annoncer un Christ vainqueur de la mort, un Christ qui surgit sans cesse du tombeau, un Christ qui nous révèle la Parole de Dieu et qui nous partage le pain. L’Eglise est porteuse d’un trésor que nous venons de vivre dans cette veillée pascale. Bien ancrée dans le Christ Jésus, elle est porteuse d’avenir, d’espérance. Sans naïveté sur son état, sur les péchés qu’elle a pu commettre, elle demeure le « lieu sûr » que le Christ a institué. Nous en sommes les garants, vous comme moi.

La lecture des Actes des Apôtres nous montre Pierre exhortant l’Eglise. Lui qui a renié trois fois le Christ est devenu ce merveilleux missionnaire. Il annonce la Bonne Nouvelle et il encourage les frères. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous nous en sommes témoins ! » Aujourd’hui c’est à nous, en Eglise, à en être témoins. Ce n’est ni la richesse, ni une retraite bien assurée, ni la force qui nous permettront de Vivre pleinement. Mais bien la foi et l’espérance que nous pourrons porter au milieu de nos frères et sœurs. Soyons ensemble des frères et sœurs, des témoins d’espérance, de paix, d’amour pour tous les pauvres et les exclus de la terre des hommes. ALLELUIA !