Sur bien des maisons en bord de Loire, un trait rouge souligne une inscription : Crue de 1856. Ce monstre qui dort n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Ainsi notre vie, et celle de l’Eglise. Nous avons connu bien des tempêtes, comme la barque de Jésus. Regardons.
Jésus vient d’enseigner la foule sur le Royaume de Dieu, semblable à une graine qui pousse jusqu’à devenir un grand arbre. Mais il lui faut aller ailleurs annoncer le Royaume de Dieu. Passons sur l’autre rive. Or, à l’est du lac, on est à l’étranger, chez les païens, l’inconnu, le différent de nous, ça fait peur. On était mieux entre nous… Notre vie n’est-elle pas ponctuée de traversées périlleuses : adolescence, accident de santé, deuil, séparation, changement de travail, d’habitation, de mission, de paroisse, de comportements en société, guerres, conflits internationaux, bouleversements dans notre Eglise, phénomènes climatiques. Autant de tempêtes qui nous laissent démunis, fragiles, impuissants, paniqués. Comme les disciples.
Jésus a confiance en leur expérience de marins, il dort. Le vent, les vagues se ruent sur la barque, bientôt submergée. On le réveille : Maître, nous sommes perdus, ça ne te fait rien ? Debout, il commande à la mer démontée : Silence, tais-toi ! Le vent tomba, et il se fit un grand calme. C’est le propre de la puissance de Dieu dont parle Job, ou telle que la chante le psaume : réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues, il les conduits au port qu’ils désiraient.
Et Jésus, à son tour, leur fait des reproches : Vous avez eu si peur, parce que vous manquez de foi ! Comme s’ils pouvaient craindre un danger alors que Jésus est là, et qu’il dort ! Savez-vous ce qu’est le contraire de la foi ? Pas le doute, mais la peur.
Quand les dangers, les incertitudes ou les incompréhensions s’accumulent, notre premier réflexe, c’est de craindre, comme si nous étions seuls, et condamnés à périr ; comme si Jésus n’était pas en nous, pour nous fortifier et nous tirer de l’isolement. Ce qui nous surprend, c’est le calme qui se fait en nous quand Jésus a parlé et que nous l’avons appelé au secours. Comme prêtres, nous avons la grâce d’en être témoins lors de confessions, ou de sacrements des malades.
Quand nous acceptons de voir les choses et les personnes comme Jésus les voit, quand nous décidons de nous en remettre à lui et d’adopter ses attitudes, le vent tombe. Que nous acceptons de centrer notre vie sur lui, qui est mort pour nous, et beaucoup moins sur nous, nous devenons des créatures nouvelles. Il faut simplement accepter de ne pouvoir affronter les tempêtes avec nos seules forces, faire confiance à Jésus, lui donner notre foi. Demandons la à l’Esprit Saint.
Rappelons-nous le résumé de notre foi par le pape François (Kérygme) :
Jésus t’aime, il a donné sa vie pour te sauver,
Maintenant il est vivant à tes côtés chaque jour
Pour t’éclairer, te libérer, pour te fortifier.
12e dimanche B 2024