Homélie du 23 octobre

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Homélie du 30ème dimanche ordinaire 23 octobre 2022

« Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes ! » Quelle prétention ! Et cette prétention n’est-elle pas parfois la nôtre ? Nous sommes chrétiens, mieux que les autres ! Et nous jugeons la terre entière. Toutes ces personnes qui nous entourent sont des vauriens. Parfois, notre Eglise a eu cette prétention de détenir à elle seule la vérité sur tout. C’est pour cela qu’elle tombe de haut quand on lui montre que certains de ses membres – éminents en plus – ont eu des comportements répréhensibles. Vous vous rendez compte, il était un modèle de chrétien, il était prêtre et même évêque et il a profité de son statut pour faire des choses sordides et en faire un système instrumentalisant même les sacrements. Et nous-mêmes, n’avons-nous pas été capables nous aussi de ces actes qui dégradent l’homme.

Le Publicain, c’est le pauvre qui sait reconnaître sa pauvreté. Et nous sommes sans doute entourés de gens qui, comme lui, se reconnaissent pécheurs, pauvres devant Dieu et devant les hommes. Des personnes qui font le bien sans le montrer, en toute discrétion, comme si cela était tout à fait normal. Il y en a tant dans nos « périphéries existentielles », comme les appelle Notre Pape François. Ces personnes qui ne crient pas sur tous les toits leurs bonnes actions, et qui font vivre le monde. Il y en a tant qui militent dans des associations, dans des groupes humanitaires. Ceux-là ne perdent pas leur temps à se comparer. Ils agissent pour le bien de tous. Et, parmi les chrétiens du seuil, il y a ceux qui viennent discrètement prier, s’asseoir dans une église. Il y a ceux qui visitent un malade, une personne âgé ou handicapée. Ils aident le monde à ne pas tomber dans l’indifférence et la mort. Il y a les faiseurs de paix, les messagers de l’espérance.

Nous sommes les messagers de ce Dieu décrit par Ben Sirac. Un Dieu impartial qui aime tout homme, qui est du côté de l’opprimé, de l’orphelin, de la veuve. Notre prière est la prière des humbles et elle rejoint celle de tous les humbles de la terre. Le Seigneur se laisse toucher par la prière du pauvre. Le Très-Haut a accepté de devenir le Très-Bas, Celui qui rejoint tous les hommes de la terre. Né dans une crèche, mort en croix, le Christ nous montre le chemin du dépouillement, du don total à tous les pauvres de la terre. N’en doutons pas, nous sommes ces pauvres de la terre.

En ce dimanche, avec Paul, pourrons-nous dire : « J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice. » Paul, le persécuteur converti, evenu Apôtre du Seigneur nous montre le chemin de la conversion permanente. Il nous est demandé de vivre cette conversion, ce retour vers Dieu toute notre vie. De l’attitude du Pharisien à celle du Publicain, pauvre devant Dieu, notre chemin est tracé, personnellement et en Eglise. Celle-ci doit se rappeler qu’elle est « modèle de charité », « servante et pauvre », humble présence du Christ au cœur du monde. Si le chrétien que je suis ou essaie d’être doit se convertir tout au long de sa vie, l’Eglise, elle aussi, doit se convertir tout au long de son chemin sur la terre des hommes. Le Christ continue sa présence par elle, en elle. Il lui a confié des moyens qui semblent bien pauvres, mais qui sont tellement éfficaces. Ses sacrements sont de ces signes qui nous rappellent que le Christ sera toujours et partout présent. L’eucharistie nous redit que ce bout de pain, ces gouttes de vin nous ouvrent à la vie, nous fortifient. Le sacrement de réconciliation nous remet debout lorsque nous tombons. Le mariage nous rappelle que nous sommes faits pour aimer envers et contre tout et que notre humanité ne peut se constituer sans nos alliances humaines. Et à la fin de notre vie, l’onction d’huile sainte nous rappelle que nous avons été faits « prêtres, prophètes et rois » par le baptême et que nous sommes promis à la vie merveilleuse qui ne finit pas.

Frères et sœurs, prenons l’attitude du pauvre qui sait qu’il a besoin de Dieu, qu’il a besoin des autres, qu’ensemble nous formons ce Peuple de Dieu en marche vers Celui qui a pris sa croix et est allé courageusement vers le calvaire pour nous donner la vie.

« Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu. »