Homélie du 25 septembre

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Homélie du 26ème dimanche ordinaire 25 septembre 2022

« Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent », ainsi se terminait la séquence de l’Evangile de dimanche dernier. Et aujourd’hui, la page qui nous est proposée est une illustration de cet adage. Un riche qui a tout et qui fait bombance et un pauvre couché devant sa maison, décharné, affamé, rejeté. C’est malheureusement encore l’image de notre monde. Des riches, super-riches, des pauvres super-pauvres. On le dit, le fossé entre les deux se creuse. Cette image est d’un réalisme déconcertant. Quand donc ce fossé s’estompera-t’il !

Aujourd’hui, c’est la journée du migrant et du réfugié et l’Evangile jette devant nous cette image d’un réalisme cinglant. Nous avons tous vu ces embarcations de fortune emportées par les vague et les remous. Nous savons que les flots ne cessent de recouvrir ces pauvres gens qui se sont jetés ainsi à la conquête de notre monde occidental pour essayer de vivre enfin. Combien y ont laissé la vie. Le Pape François n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme. Il a payé de sa personne et son passage à Lampedusa est encore bien ancré dans nos mémoires. Il essaie de réveiller nos consciences. Oh, il y a bien des gestes qui ont été fait et l’accueil de nos frères et sœurs Ukrainiens a souvent été relayé. Le commandement de l’amour n’est pas lettre morte. Mais nous savons que nous devons toujours être aux aguets, être vigilants pour faire grandir la charité.

Nous avons entendu le prophète Amos. Il ne prend guère de gants pour nous dire les choses. Son langage est tout aussi réaliste et rude qu’est le tableau imaginé du riche et du pauvre de l’Evangile. Il traîte de vautrés les dirigeants et l’élite de son peuple. Sommes-nous si loin de cette humanité à laquelle Amos s’adresse quelques 8 siècles avant Jésus-Christ ? Le monde est monde. L’homme est homme et le message de Dieu relayé par les prophètes et par Jésus lui-même est toujours d’une terrrible actualité. Le pauvre demeure pauvre et il est exploité. Le migrant et le réfugié n’est toujours pas le bienvenu sauf à l’exploiter dans des conditions souvent sous-humaine.

En lisant ce texte et en pensant aux migrants, m’est revenu un petit événement vécu il y a déjà longtemps. Je revenais du Sénégal visiter mes confrères. J’avais passé les fêtes de Noël avec eux. Ces journées étaient inoubliables. Et dans l’avion, ce jour-là, j’étais à peu près le seul blanc. Tous étaient des travailleurs qui étaient allés passer Noël en famille et avaient porté les quelques sous gagnés. Et ils revenaient reprendre leur travail précaire. Au moment de remplir la fiche d’embarquement, ils ont vu que je savais écrire ? J’ai du remplir les fiches de la moitié de ces personnes, chacun m’apportant ses papiers et s’excusant de ne savoir écrire. Et je me disais: « Ce soir je vais retrouver ma communauté. Je suis attendu. Toutes ces personnes seront seules dans un logement exigu et froid. Personne ne les attend. Elles retombent dans le froid, elles qui sont habituées au soleil ». J’avoue mon malaise. Et puis la vie a repris, mais quand je rencontre un étranger, mon regard se fait plus bienveillant, plus ouvert et souvent il me le rend bien.

A chacun de nous il est donné de faire ce qui est en son pouvoir pour partager, pour améliorer la situation de l’autre. J’ai aidé les séminaristes qui sont à Orléans à vivre leur récollection de rentrée. Le séminaire se situe bien à Orléans, mais les séminaristes d’Orléans et de France métropolitaine y sont peu nombreux. Plusieurs viennent de Haïti, de l’Ile Maurice, de la Polynésie Française. Et certains retouneront, une fois formés, dans leurs pays et d’autres serviront en France. N’est-ce pas une chance pour que nous découvrions dans la communion leurs richesses, leurs dons, leur envie d’être missionnaires. Ils ont tenu à ce que je leur parle de la mission et de St Charles de Foucauld. Son témoignage leur parle, lui qui a tout laissé pour être frère universel là-bas dans le Hoggar. Ces jeunes sont une chance pour nous : ils nous ouvrent à l’universel.

Frères et sœurs, faisons de nos vies un « Je t’aime » continuel. Aimons en vérité ceux qui nous entourent et ceux et celles que nous disons étrangers, migrants… Ils sont nos frères. Elles sont nos sœurs. Faisons reculer la pauvreté qui gangrène le monde. Revêtons le tablier de service afin que tout homme aie droit à sa dignité.