Homélie du 26 février

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Homélie du 1er dimanche de Carême 26 février 2023

Lorsque l’on veut mettre la main sur autrui, que pouvons-nous faire ? Le chemin n’est-il pas de flatter la personne ? La Fontaine, dans ses fables, nous en donne de belles descriptions. Dans l’Evangile d’aujourd’hui le démon s’y prend de la même manière : Si tu le veux, tu peux avoir tous les royaumes de la terre, si tu te jettes en bas, tu te feras aucun mal. Si tu as faim, dis à ces pierres d’être du pain et tu pourras te rassasier. Jésus connait trop bien les ruses du démon et tout ce qu’il fait miroiter aux yeux des hommes. Mais Jésus est venu pour tout autre chose. Remplir sa mission est le seul but de sa vie. Il est venu pour sauver l’homme de son orgueil, de sa méchaceté, de son désir de tout posséder. Et lui-même veut le vivre en étant serviteur de l’homme pour le faire grandir, pour lui donner sa dimension de fils de Dieu.

On parle beaucoup , en ces temps-ci, de main-mise sur la conscience et les abus de toute sorte que l’on découvre et qu’enfin on dénonce vont bien dans ce sens. On flatte ces personnes vulnérables, on leur fait miroiter je ne sais quel mirage, on les asservit. Elles deviennent des objets dans la main de ces manipulateurs. Et l’on s’étonne, des décennies plus tard, des désastres que cela a produit chez ces personnes. Je ne veux pas citer de noms. Nous en avons les oreilles rabattues. Mais la perversité va jusqu’à se servir de l’Evangile lui-même, des Ecritures, des vies de saints et de la sainte Vierge en particulier. Reconnaissons, comme Jésus aujourd’hui, que le démon, Satan, est un manipulateur qui connait bien le cœur de l’homme. Il sait très bien ce qu’il faut flatter dans l’homme pour le pervertir. Il lui dit qu’il aura tous les pouvoirs s’il écrase l’autre, qu’il deviendra riche et puissant. Et cela est vrai des dirigeants des états, comme de l’industrie, mais aussi de chacun de nous lorsque nous mettons la main sur quelqu’un de vulnérable. L’Evangile d’aujourd’hui nous rappelle des choses essentielles. Le tentateur est là, qui nous guette et notre seul recours, c’est Jésus qui se joue de la ruse du démon, du mal. Jésus, lors des tentations au désert rappelle toujours pourquoi il est sur terre et fait référence à son Père.

Jésus est venu pour contrer les forces du mal. St Paul nous le dit : « l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie ». Jésus est le Sauveur . N’allons pas chercher ailleurs, chez je ne sais quel gourou, le salut que seul Jésus peut nous donner. Nous qui avons été baptisés dans le Christ, faisons profession de le suivre, de le faire vivre, de l’imiter dans sa lutte contre le mal. Cette période de Carême que nous commençons est une période favorable. Quarante jours pour essayer de remettre en place ce qui ne l’est pas en notre vie. 40 jours pour retrouver le chemin de la Parole de Dieu, de la prière, du partage avec nos frères et sœurs. Quarante jours pour nous délester de tout ce qui pèse trop lourd dans nos vies. Nous allons méditer la Parole de Dieu. Nous allons écouter des témoins qui, eux aussi, ont pris la route avec nous. Nous allons refaire le chemin que le Christ a accepté de faire, le chemin vers la Croix, le chemin vers la vie. Nous allons rencontrer nos frères et sœurs car, dans ce pélerinage, nous ne sommes pas seuls. Beaucoup vont s’engager comme nous pour découvrir finalement la Pâque du Christ. Nous allons le fair en Eglise, avec tous les croyants, avec tous frères et sœurs en démarche de conversion comme nous-mêmes.

Le Christ nous convoque au désert. Ce n’est pas un désert vide et sans âme. Il nous y précède et il veut que nous puissions découvrir son Père, un Père qui nous aime et nous attend, bras et cœur ouverts. Tous les textes de la Parole de Dieu vont nous inviter à aller au plus profond de nous-mêmes pour y découvrir l’amour dont nous sommes aimés. Car cet amour est déjà bien réel, bien vivant. Il nous précède au désert pour nous faire découvrir notre vraie vocation : celle d’aimer sans cesse, celle d’être aimés toujours. Nous regarderons ce monde avec les yeux et le cœur de Dieu, pleins de miséricorde, de bonté, de désir de rencontre, de partage. Nous serons les ambassadeurs de Dieu auprès des fragiles et des exclus.

« A la source des eaux vives, conduis-nous, berger divin : dis-nous les mots qui font revivre, ta parole est notre pain »