Homélie du 28 septembre

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Homélie du 26ème dimanche ordinaire 28 Septembre 2025
« S’ils n’écoutent pas Moïse, ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts,
ils ne seront pas convaincus. »Luc 16/31
La foi en la résurrection ne va pas de soi. Nous le voyons bien dans la Parole de Dieu que nous
avons l’habitude de recevoir en nourriture. La foi est un don précieux que le Seigneur nous fait.
Évidemment notre adhésion est nécessaire, mais le premier pas vient du Seigneur lui-même. Il nous
propose ce chemin de vie et il nous promet la Vie éternelle. A nous de creuser ce que veut dire le
tombeau ouvert au matin de Pâques, ce surgissement du Christ par de-là la mort. Le Christ nous
entraîne dans la Vie. Croire en la Résurrection nous ouvre un horizon insondable, extraordinaire.
Nous sommes invités à ouvrir notre cœur et notre esprit afin que le Christ les habite et nous fasse
pénétrer davantage dans ce mystère de mort et de résurrection.
La parabole que nous avons sous les yeux aujourd’hui est d’une vérité un peu crue : le pauvre meurt
devant ta maison et tu ne fais rien pour soulager son malheur et tu voudrais tout de même bénéficier
du bonheur éternel. Je ne suis pas fier lorsque je vois un homme, le matin avant que le jour se lève,
passer furtivement et regarder ce qu’il peut trouver dans les poubelles de la place devant l’église.
Comment l’aborder ? Il est si discret car la pauvreté ne s’étale pas toujours. Le pauvre Lazare aurait
bien voulu se nourrir de ce qui tombait de la table bien garnie du riche. Je n’ai pas eu la chance de
servir comme missionnaire au loin. Mais les passages dans ces pays avec mes frères missionnaires
m’ont ouvert un peu les yeux. Je me souviens de Marcel, mon cousin, missionnaire au Sénégal. Nous
étions partis en brousse à 8 heures du matin et nous sommes revenus à 16 heures. Il avait demandé
qu’on nous prépare un yassa, un poulet aux oignons et riz. Arrivés, nous en avons mangé quelques
cuillères. Des jeunes étaient là à attendre. Le reste de notre plat a été vite englouti. En les regardant
je pensais à cette parabole d’aujourd’hui. Les pauvres existent et ils continuent à regarder les riches
faire bombance. Ce n’est pas un mythe. C’est une réalité qui nous poursuit.
Et le Seigneur fait la part belle au pauvre dans le Royaume, là où toute détresse sera effacée. Le
pauvre Lazare goûte enfin le bonheur alors que le riche fait l’expérience du rejet. Celui qui n’a pas
été sensible à la détresse du pauvre devant sa maison a commis une injustice. Il n’a pas considéré le
pauvre comme quelqu’un digne d’intérêt. Il l’a seulement ignoré. Pris dans son style de vie, il a été
insensible à la faim du pauvre. Ses vêtements « de pourpre et de lin fin » lui suffisaient. Il avait tout
ce qu’il lui fallait. Le Christ ne met pas les valeurs au même niveau. Le pauvre devant la maison du
riche est un homme et il a la même dignité que le riche aux yeux de Dieu. Une fois de plus le Christ
ne condamne pas le riche, la richesse, mais il veut que le pauvre et le riche soient reconnus comme
des personnes avec la même dignité et donc les mêmes droits. « Toi, homme de Dieu,recherche la
justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. », nous dit Saint Paul. Il le dit au
riche comme au pauvre. Mais le riche a une responsabilité de plus parce qu’il a la possibilité de
mettre davantage en pratique la justice et la charité.
Encore une fois le Prophète Amos n’y va pas avec le dos de la cuillère. Son ton est toujours aussi
rude. « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion… Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés
sur des divans, ils mangent les agneaux du troupeau, etc » Ces paroles sont dures et résonnent au
fond de la conscience. Devant la détresse du monde d’aujourd’hui, devant les personnes affamées,
exploitées, exilées, que sommes-nous, que faisons-nous ? Nous sommes nous-mêmes bien démunis,
bien pauvres. Regardons autour de nous. On me rapportait ce matin l’arrivée d’un prêtre Africain
dans une paroisse. Il est arrivé avec sa valise, rien d’autre. Pas un meuble, pas de voiture. Il a quitté
son pays pour venir en France annoncer la Bonne Nouvelle. Il a 61 ans. Cet homme m’interroge
beaucoup. Suis-je capable de me laisser ainsi déraciner et repartir dans la vie avec enthousiasme et
joie ? L’accueil qui lui sera réservé sera-t’il à la hauteur du sacrifice qu’il fait ? Je suis admiratif de
ces nouveaux missionnaires chez nous. « Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux
opprimés, aux affamés, il donne le pain » Ps 145. L’aiderai-je à donner le pain aux affamés ?