Homélie de la fête de la Sainte Famille 29 décembre 2024
« Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ? »
Jésus a-t’il désobéi à ses parents, Joseph et Marie ? Il n’a pas désobéi, mais il a marqué une priorité
que Dieu, son Père, lui a donnée. Il ne doit pas oublier sa mission qui est de sauver l’humanité. Et,
là, au milieu des Docteurs de la Loi, il les aide à interpréter cette Loi. Il est aux choses de son Père.
Et cela ne l’empêchera pas de repartir avec ses parents et de leur être soumis. Jésus, dès ses douze
ans, enseigne déjà les docteurs de la Loi. C’est la mission qu’il poursuivra tout au long de sa vie. Il
sera toujours l’interlocuteur de ces docteurs de la Loi. Ceux-ci vont guerroyer avec lui jusqu’au
moment ultime où ils le feront condamner. Le Christ qui vient de naître parmi nous est libre de toute
contrainte. Il est né de Marie et Joseph est là pour le protéger. Mais jamais, tout au long de sa vie, il
ne se laissera enfermer ; Il n’oubliera jamais sa mission qui est le salut du monde.
La Sainte Famille que nous fêtons est-elle un modèle pour nos familles d’aujourd’hui ? Bien sûr
cette famille a reçu une mission très spéciale. Elle abrite le Sauveur du monde. Elle lui donne ce que
chaque jeune recherche : un lieu chaleureux, accueillant où grandir en paix. Qui n’a pas rêvé de ce
milieu familial où on se sent parfaitement bien. Où les conflits inévitables peuvent se résoudre parce
que l’on s’aime suffisamment pour se parler même dans ces moments-là ? Des lieux où la liberté de
chacun fait grandir l’autre. On ne sait pas grand-chose de ces trente années où Jésus a vécu dans
cette famille. C’est la vie cachée, mais aussi une vie où l’amour est présent et fait grandir. Car c’est
bien l’amour qui fonde une famille. Ce n’est pas l’argent à gogo, ce n’est pas l’éclat d’une profession,
ce n’est pas une promotion sociale qui donnent le bonheur. Mais c’est le partage, l’amour, la vie
ensemble qui permet à un jeune de grandir en toute liberté. Alors chacun pourra mettre en œuvre
toutes ses capacités et remplir sa mission librement. Ce doit être le cas de la Sainte Famille.
Anne, dans la première lecture, a donné naissance à Samuel. Elle reconnaît la main de Dieu et
offrira les sacrifices prescrits pour la naissance de l’enfant. Mais elle fait beaucoup plus. Elle sait
que le Seigneur lui a donné la joie d’enfanter et elle est prête à donner ce fils au Seigneur. « Je le
donne au Seigneur pour qu’il en dispose… » Bien sûr, c’est un geste de foi extraordinaire. Ce souhait
n’impacte pas toutefois la liberté de Samuel qui sera tout à fait libre de répondre au Seigneur qui
l’appelle. Mais c’est un geste d’abandon. Cet enfant, Anne sait qu’elle l’a reçu du Seigneur et elle est
prête à le donner au Seigneur. Vous savez, je pense aujourd’hui aux vocations. Est-ce qu’il y a
encore des Mamans et des Papas qui offriraient ainsi leur fils ou leur fille au Seigneur ? Non pas
pour les contraindre, mais pour que, dans leur liberté ils puissent se poser cette question : Pourquoi
le Seigneur ne me choisirait-il pas, moi ? Pourquoi ne m’appellerait-il pas ? Pour qu’une vocation
s’épanouisse, il faut un terreau, il faut des hommes et des femmes capables d’ouvrir des chemins. Le
témoignage est indispensable. Et la famille est un lieu extraordinaire pour témoigner.
Pour que nous puissions témoigner, relisons la Lettre de Saint Jean : « Voyez quel grand amour
nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes . » Oui,
Dieu nous comble de son amour et cet amour jaillit dans nos familles. C’est là que Dieu peut se
donner avec force et discrétion. C’est là que nous pouvons faire rejaillir cet amour que Dieu nous
donne. Nos frères et sœurs de l’Église en Afrique parlent beaucoup d’une Église -Famille. C’est bien
la preuve qu’ils ont découvert cette richesse de la famille et qu’ils voudraient tellement que notre
Église soit à l’image de la famille, un Peuple où l’amour est le plus vrai possible, où chacun puisse
avoir son lot d’amour gratuit. Là, dans la famille de Dieu, il n’y a pas de différence. Chacun est aimé
pour lui-même.
Frères et Sœurs, je souhaite, au cours de cette année qui va commencer que vos familles soient en
harmonie avec l’Amour qui vous est donné et que chacun puisse laisser s’épanouir le meilleur de lui-
même. Regardez, contemplez la Sainte Famille. Sa liberté, ses valeurs vous guideront pour le
bonheur de chacun. Vous serez les heureux habitants de la Maison du Seigneur.