Homélie du 31ème dimanche ordinaire 3 novembre 24
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même…. »
Le scribe de l’Évangile reçoit le plus beau compliment qui soit. Jésus lui dit : « Tu n’es pas loin du
Royaume de Dieu. » Que désirer de plus que d’être tout proche du Royaume de Dieu ? De
communier dans ce Royaume d’amour que Dieu vient instaurer au milieu des hommes ? Nous
venons de vivre la Toussaint et de reconnaître au cœur du monde tous ces saints anonymes, ceux
que nous avons connus ou que nous connaissons aujourd’hui, et puis tous ceux que nous ne
connaissons pas, mais qui sont comme ce scribe « pas loin du Royaume de Dieu ». Ils sont légions,
ceux et celles qui auraient pu s’approcher de Jésus comme ce scribe et recevoir la même réponse
que lui. Merci, Seigneur, de nous indiquer ainsi le chemin du salut. Deux petits commandements,
mais tout un chemin de présence, d’amour, de don, de pardon, de réconciliation, d’amour vrai. Quel
chemin, Seigneur !
La Parole de Dieu, en ce dimanche, n’est-elle pas là pour renouveler en nous ce désir de nous
approcher du Royaume de Dieu ? Nous sommes habitués à entendre ces deux commandements.
Conservent-ils cette force que le Christ leur donne ? Car la Parole de Dieu est toujours mordante,
acérée. Elle n’a rien de mièvre. Elle est là pour nous provoquer, pour nous faire aller plus loin. Ce
scribe a certainement pratiqué la Parole de Dieu et c’est sans doute elle qui l’a amené à Jésus. Oui,
la méditation de la Parole creuse en nous ce désir fort de rencontrer Jésus et de rencontrer le
prochain quel qu’il soit. Cette Parole bien vécue nous évite de nous forger des idoles et nous
renvoie toujours à Celui que Dieu a envoyé sur terre pour sauver tous les hommes. Et le fait d’unir
dans un même commandement l’amour de Dieu et celui du prochain est parlant. Pas l’un sans l’autre.
Les deux sont essentiels. Nous ne pouvons aimer Dieu sans aimer le prochain tout proche ou
lointain.
« L’amour pour les frères ne se fabrique pas, il n’est pas le résultat de notre effort naturel, mais il
exige une transformation de notre cœur égoïste », nous dit le Pape François dans son Encyclique sur
le Cœur de Jésus qui vient d’être éditée. Oui, il n’est pas naturel d’aimer tous nos prochains, les
plus proches et ceux qui nous semblent lointains par leur mentalité, par leur manière de vivre, par
leurs habitudes. Il y faut certainement un effort. Notre Pape nous rappelle souvent nos devoirs par
rapport aux migrants, aux étrangers. Lui qui a parcouru le monde, lui qui accueille à longueur de
temps ce monde si divers, il nous encourage à nous ouvrir à tous. Il connait bien les différences à
considérer lorsque l’on aborde quelqu’un. Il respecte ces différences, mais il demande que nous
sachions accueillir l’autre différent. Il dit : « S’identifiant aux derniers de la société, Jésus a apporté
la grande nouveauté de la reconnaissance de la dignité de toute personne, aussi et surtout de ces
personnes qualifiées d’indignes » Et il fait une énumération : « bébés abandonnés, orphelins,
personnes âgées laissées seules, malades mentaux, personnes atteintes de maladies incurables ou
de graves malformations, personnes vivant dans la rue ». C’est très concret et chacun d’entre nous
est interrogé sur sa manière d’aimer le prochain. Depuis combien de temps n’ai-je pas rendu visite à
cette personne seule ou malade ? Comment ai-je regardé le sdf qui tend la main ? Comment ai-je
porté mon attention sur ces parents d’enfants handicapés ? Comment ai-je lu mon journal qui parle
de la guerre et de ses conséquences ? « L’amour de ses frères ne se fabrique pas, mais il est
transformation de notre cœur égoïste », nous dit François.
Christ est notre modèle. Il est devant nous. Il nous devance sur les routes humaines. Et cette route
est jalonnée par un aveugle à qui il rend la vue, une femme adultère qu’il ne juge pas, un paralysé à
qui il rend ses jambes, une samaritaine à qui il demande de l’eau, un bon larron à qui il ouvre le
paradis, un pécheur connu chez qui il s’invite à table. Lui qui se retire dans la montagne pour prier
son Père, il n’oublie pas les pauvres de la terre. Il sait faire ce lien entre Celui qui l’a envoyé pour
sauver l’humanité et ces hommes à qui il redonne espoir. Je redis dans mon cœur l’antienne du
psaume 17 : Je t’aime, Seigneur, ma force ! » AMEN !