Homélie du 31 juillet

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Homélie du 18ème dimanche ordinaire 31 juillet 2022

« Vous avez gagné le gros lot ! » Et se déroulent devant le spectateur médusé, envieux, les chiffres astronomiques du loto ou de tout autre jeu ! Vous dire que cela m’agace, c’est peu vous dire ! Je me dis souvent que ce « miroir aux allouettes » que l’on brandit sans honte devant des pauvres gens qui ne peuvent que rêver et qui n’ont rien dans leur assiette est indécent. De même que les nombreux zéros des revenus des magnats de tout genre. Oh oui, on va les inciter à partager, faute de pouvoir les taxer.

Bon , mais revenons à notre texte de la Parole de Dieu d’aujourd’hui. « L’argent ne fait pas le bonheur», dit-on parfois. Et on ajoute très vite : « Mais il peut y contribuer ! » Il est vrai qu’un peu d’aisance ne nuit pas du tout et le Seigneur ne nous dit pas que la richesse est mauvaise en soi. Elle peut être bien utilisée, pour le bien de la société toute entière, dans un partage qui fait vivre. Mais la course au tésor est souvent mortifère quand elle prend une telle place dans la vie qu’elle étouffe ce qui est au fond de notre cœur. Sentiments et gestes de partage peuvent prendre un sérieux coup lorsque l’on se laisse aller à vouloir toujours plus. Et l’homme n’est pas fait que pour cela et ne se définit pas par l’épaisseur de son porte-feuille.

Le Christ nous met en garde aujourd’hui : mettez vos ambitions d’hommes et de chrétiens au niveau du don de la vie que je vous ai fait. Soyez bons et généreux ! N’amassez pas pour amasser et pensez que toutes ces richesses sont là pour que vous puissiez être davantage hommes, davantage disciples. Le Christ nous a montré un chemin qui est celui du partage, de la mise en commun des biens qui ne nous appartiennent pas totalement. Ils sont là pour servir l’humanité. Que l’on se batte pour un salaire décent, pour des conditions de travail convenables, c’est normal. Tout travail mérite son salaire et toute responsabilité doit être prise en compte. Mais thésauriser pour contempler son compte en banque n’est pas le meilleur chemin pour un chrétien. N’est-ce pas ce qui est dénoncé aujourd’hui ? « Tout est vanité ! », dit le vieux livre du Qohéleth. L’homme ne se définit pas par sa richesse extérieure, mais par ses qualités humaines qui reflètent en lui ce que Dieu a mis au fond de son cœur. Le partage et la considération de l’autre, du plus pauvre font de lui un vrai reflet de Dieu, un disciple digne de ce nom. Nous le savons bien et la sagesse populaire le dit souvent : « Au jour de notre mort nous n’emporterons rien de ces richesses entassées ». Mais n’empêche que nous y sommes attachés et ô combien ! Cette « vanité »que dénonce le Qohéleth nous attire toujours.

St Paul, lui, nous dit de prendre un peu de hauteur : « recherchez les réalités d’en-haut ! » Oui, nous sommes des humains, enracinés en cette terre des hommes, mais nous sommes aussi des disciples de celui qui a tout donné sans retenue aucune. Il est allé jusqu’au bout et il a donné sa vie pour notre salut. « Faîtes donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre ». Nous savons bien que notre destinée est ailleurs, qu’elle est dans l’amour que le Christ nous a donné. Disciples du Christ, nous ne pouvons vivre qu’au niveau de la terre. Le Christ nous invite à nous élever, à élever notre vie à son niveau à lui. Suivons l’itinéraire de celles et ceux qui nous ont montré un chemin de communion avec le Seigneur et nos frères et sœurs les Saints. Nous avons besoin de phares qui nous désignent un chemin de crête, fait de don, de pardon, de partage, de reconnaissance. Voilà notre chemin de ressuscités, de disciples-missionnaires.

L’eucharistie à laquelle nous sommes invités nous engage. Elle est le signe parfait du partage. Jésus-Christ était bien conscient que nous avions besoin de cette nourriture pour être vraiment ses disciples. Partageant sa Parole et son Corps, nous devenons d’autres Christ. Et notre témoignage de vie doit refléter la vie même du Christ, faite de partage, d’amour, de regards miséricordieux. « Avec le Christ, nous dit Saint paul, il n’y a plus le païen et le Juif, l’esclave ou l’homme libre , mais il y a le Christ : il est tout, et en tous. » N’est-ce pas ce que notre pape François est allé dire aux Inuits et aux autres peuples Indiens au Canada, cette semaine. Il est notre messager aujourd’hui auprès d’eux. Par notre vie, soyons des témoins de ce Dieu qui aime, Coeur ouvert à tous les hommes et femmes de ce monde. AMEN !