Homélie du 2ème dimanche de Carême 5 mars 2023
« Depuis tel événement, on ne le reconnaît plus, il est transfiguré ». Expression que nous employons parfois lorsque quelqu’un a vécu quelque chose d’extraordinaire et que tout à coup il n’est plus le même. Dans le cas de Jésus on peut dire que Jésus se laisse voir sous son vrai jour. Il est homme pleinement et, depuis Noël nous le savons bien. Il n’a pas seulement les apparences de l’homme. Il est homme réellement. Il a pris corps en Marie et il est devenu homme, homme à part entière avec son corps, ses membres, son esprit. Il est pleinement homme. Cela n’a rien enlevé à sa nature divine et aujourd’hui, dans sa transfiguration il montre toute sa divinité. Les trois Apôtres sont invités à découvrir la vraie nature de Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Moment de grâce pour eux trois. Moment de grâce pour nous tous. Nous reconnaissons notre sauveur dans la Lumière du Père.
Sur la route ardue que parcourent les Apôtres, voilà un moment précieux.Tout à coup ils sont dans cette lumière qui préfigure la Lumière du Ressuscité au matin de Pâques. Moment précieux, moment de profonde communion : Pierre voudrait bien que ce moment se prolonge : « Dressons trois tentes ! » Oui, mais le Christ reviendra à ce qu’il est venu réaliser sur cette terre : le salut du monde. Et ce Sauveur du Monde est incarné, il a pris fait et cause pour l’humanité au point de l’épouser et de devenir homme comme vous et moi. Mais que cet épisode de la tansfiguration est beau et riche ! Christ se révèle, il se donne à voir et il nous invite à faire peau neuve, à nous laisser tranfigurer comme lui. Car il a voulu être lumière du monde et Il veut que nous devenions à notre tour Lumière du Monde. Le cierge de notre baptême demeure ce signe de la Lumière du Christ qui brille en nous.
Sur notre route humaine, nous avons besoin de lumière et, je dirais de lumières avec un « s ». Nous avons besoin de rencontrer des personnes lumineuses, capables d’éclairer nos chemins de vie ; Et aujourd’hui je veux rendre grâce pour ces personnes qui ont éclairé ma route, à des moments tellement sombres. Ce sont des personnes qui savent éclairer tel événement, tel passage de route particulièrement rude, tel deuil, telle lassitude, telle nuit noire. Nous en avons tous connues de ces personnes qui savent avoir le sourire, le mot juste, le regard lucide sur la vie. Des personnes qui ne confondent jamais une taupinière et une montagne et qui donnent envie de vivre, d’aller jusqu’au bout. Jeudi après les Cendres, la messe à l’EPHAD à 14h30 me pesait. Et une dame est venue, appuyée sur sa canne et m’a dit : « Merci, Père, vous êtes courageux ! » Elle ne le sait pas, mais elle a été la lumière qui m’a fait célébrer le Seigneur avec beaucoup de joie.
La Lumière du Christ est au bout du Chemin. Elle brillera au matin de Pâques lorsque le Christ, vainqueur de la mort, jaillira du tombeau. Mais elle éclaire aussi notre route par de petites lumières qui jalonnent le chemin. A nous de les découvrir. Ce peut être telle personne que ne saura jamais le bien qu’elle m’a fait. Ce peut être ce beau paysage qui s ‘éclaire tout à coup d’une clarté que je n’avais jamais entrevue. Ce peut être mon compagnon de route, ma compagne qui m’encourage. Ce sera le geste discret qui tombe à pic, à un moment où le soir tombe et cache le soleil de la vie.
Notre monde est bien sombre et pourtant il y a tant de petites lumières qui scintillent dans les nuits du monde. Le Peuple Ukrainien nous en donne à foison. On veut l’écraser,mais il résiste et crie sa dignité. Il ne veut se laisser asservir malgré la peine et les deuils. Et notre vieille Europe, parfois bien timide et timorée, s’unit pour soutenir cette flamme. Des gestes qui sont autant de lumières pour le monde existent partout et nous permettent d’espérer. Tant de personnes, écrasées par la vie, relèvent la tête et aident d’autres à relever la tête. Tant de personnes se laissent transfigurer par le Christ dans les pires moments de leur vie. Ils touchent le fond et pourtant ils redécouvrent la lumière du Christ enfouie en eux.
Frères et sœurs, courage ! Le Christ ne s’est pas laissé anéantir, mais il a surgi dans la VIE. La mort n’a jamais le dernier mot. Mais Jésus, nous avons besoin de toi. « Fais-nous vivre à ta lumière » et nous deviendrons fils de la Lumière avec toi !