Homélie du 6 avril

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« Homélie du 5ème dimanche de Carême 6 avril 25
« Va et ne pèche plus ! » Jn 8/11
Pauvre femme tombée sous les coups portés par des hommes… Comme si, dans le cas d’un adultère
seule, la femme, portait la faute. L’hypocrisie des Pharisiens est bien réelle. Mais le Christ va
renverser les choses et ceux qui accusaient le plus, vont s’en aller, honteux de ce qu’ils voulaient lui
faire subir. Il n’est plus question de lapidation. Ils s’en vont, tête basse, « en commençant par les
plus vieux ». Devant l’accusation des pharisiens, « Jésus se baissa et il écrivait sur la terre ». Jésus
n’est pas dupe. Il connait bien ce genre humain dont il fait partie. Il connait bien le cœur de l’homme
et, sans un mot de trop, il sait que sa Parole est en train d’agir au cœur de ces gens si sûrs d’eux
quelques instants plus tôt. Ils avaient la Loi pour eux et soudain une autre Loi s’impose, celle de
l’amour inconditionnel, celle du pardon, celle de la miséricorde.
Quand j’ai commencé cette homélie, je venais de lire le journal La Croix de lundi où l’on présentait
le travail fait par la Conférence des Évêques de France sur les abus spirituels ou sexuels dans
l’Église. La comparaison s’est imposée à moi au moment où je me devais de réfléchir à la manière
dont le Christ s’y prend pour démonter le système trop bien huilé des pharisiens. Ils se servent de la
Loi divine pour cacher leurs méfaits et Jésus les confond. « Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ; » Le Christ ne juge pas, mais il donne la clef pour que
chacun puisse faire son mea culpa. Et la méthode est efficace. Chacun sent en son cœur son propre
péché et cet appel à la conversion. Je me suis reporté au geste très symbolique qu’ont fait nos
Évêques à Lourdes, il y a deux ans. Spontanément ils se sont agenouillés pour demander pardon aux
victimes d’abus dans notre Église. Geste très fort. Quelque chose s’est passé dans le cœur de ces
hommes responsables de l’Église aujourd’hui. Et l’appel est lancé à nous tous. Le pharisaïsme nous
guette tous.
Je veux aujourd’hui entendre cette parole du Seigneur à la femme adultère : « Moi, non plus, je ne
te condamne pas. Va et ne pèche plus ! » Christ lui rend sa dignité. Il lui reconnaît le droit d’aimer
de tout son cœur : « Va et ne pèche plus ! » Et cette femme est remise debout dans l’amour du
Seigneur et elle ne cessera de faire monter son action de grâce vers celui qui l’a délivré de ses
détracteurs, mais aussi de ce péché qui rongeait sa vie. Le Seigneur le lui dit : « Repars dans la vie,
mais ne pèche plus ! » C’est aussi ce que le Seigneur dit à tous les pécheurs repentis. Si nous
faisons une démarche de réconciliation, il nous dira la même chose : « Va et ne pèche plus ! » Oui,
mais comment ne plus pécher, nous avons l’impression de toujours faire les mêmes péchés. Le fait
de se reconnaître coupables ne fait pas disparaître nos penchants mauvais, c’est vrai. Mais il faut
compter sur la grâce que le Seigneur noue donne, la grâce du sacrement, et avancer dans la vie. Le
Seigneur nous accompagne .
J’entends bien la parole du Prophète : « Ne faîtes plus mémoire des évènements du passé, ne songez
plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais toute chose nouvelle ; » Cette femme que Jésus a
rencontrée est toujours une pécheresse. Ses actes ne sont pas effacés, mais elle est créature nouvelle
parce que l’amour du Seigneur l’a comblée de son pardon. Nous sommes pécheurs et nous le
demeurons, mais l’amour est plus fort que notre péché et nous sortons de ce pardon « créature
nouvelle ». Nous sommes toujours faibles et vulnérables, mais nous faisons l’expérience d’être
aimés comme jamais. Et cela nous remet en route. Nous allons vers la Résurrection, nous allons
faire l’expérience de re-vivre dans l’amour qui nous est partagé.
« Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous,nous étions en grande fête ! », avons-nous chanté
comme refrain du Psaume. Et si notre démarche de réconciliation devenait cette grande fête ! Nous
serions en grande joie et nous pourrions aller dans l’espérance vers la Résurrection du Christ et la
nôtre. « Revenez à moi de tout votre cœur, car je suis tendre et miséricordieux » L’invitation est
pressante, mais elle est si douce : l’amour su Seigneur s’y révèle pleinement : IL NOUS AIME !