Homélie du 14ème dimanche ordinaire 7 juillet 24
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison… »Mc 6
En commençant à réfléchir à cette homélie du 14ème dimanche ordinaire, j’ai une pensée pour un de
mes oncles missionnaire en Papouasie , puis au Sénégal. Il avait commencé son séminaire dans le
diocèse de Chambéry, puis il s’était tourné vers la vie religieuse et la Mission à l’extérieur et à ce
moment-là la Papouasie, avant de devenir le premier Evêque de Kaolack au Sénégal. Et on lui
disait : « Pourquoi partir si loin alors qu’il y a bien du travail chez nous et que tu aurais une belle vie
parmi nous? » Et il répondait : « Ici nous avons tout. Nous connaissons le Christ jusqu’à en être
gavé, alors que là-bas ils n’en ont jamais entendu parler. Je vais donc aller chez eux. » J’ai pensé à
mon oncle Théophile, lui qui m’a conféré l’ordination sacerdotale.
Il est bien difficile d’être prophète au milieu des gens qui croient vous connaître totalement. Et
Jésus fait cette expérience : « N’est-il pas le fils du charpentier, le fils de Marie, et le frère de
Jacques, de José, de Jude et de Simon ». Et oui, c’est un gars de chez nous, on le connaît bien.
J’allais dire : « on le connait trop !!! » Sa parole a-t’elle encore un sens pour nous ? Peut-il nous
enseigner quelque chose à nous qui savons déjà tant de choses ? Peut-il avoir des mots nouveaux,
des mots qui éveillent notre désir et soulève notre foi ?
Pas facile d’être prophète ! Car le prophète a toujours une longueur d’avance et il n’est pas là pour
parler de lui-même, mais bien de quelqu’un dont il veut livrer le message. Jésus est là pour annoncer
ce que son Père et notre Père veut dire aux hommes et aux femmes de ce temps. Mais ce message
contient des appels qui dérangent. Il vient chambouler la vie de ces braves gens qui croyaient déjà
tout savoir et qui avaient pris bien des habitudes. Ils vivaient les commandements de Dieu. Ils
pensaient que cela suffisait. Ils s’arrangeaient pour être fidèles à la lettre de la Loi. Mais le Christ,
lui, ne se contente pas de suivre la Loi. Il vient instaurer un monde où ce qui prime est l’Amour. Le
Dieu qu’il annonce n’est pas le Dieu de la Loi, mais de l’Amour. Il ne refuse pas la Loi, mais il est
Père et Il aime comme personne ne sait aimer. Et cela change tout. Le prophète Jésus va vers les
plus pauvres, les plus petits, la veuve et l’orphelin, le malade et l’immigré, l’étranger et le rejeté. Voilà
donc un langage et surtout un témoignage nouveau. Il ne se laisse pas enfermer dans les petits
arrangements qui guettent l’homme. Il AIME et son Amour ira jusqu’au bout. Il en mourra pour
donner la vie en abondance.
Sommes-nous prophètes aujourd’hui ? Et avons-nous envie d’entendre des prophètes ? Dans ce
monde bousculé, dans cet atmosphère où tout le monde a peur de tout le monde, comment nous qui
sommes les prophètes de l’Espérance pouvons-nous réagir ? Comment pouvons-nous agir pour
qu’une Bonne Nouvelle puisse venir au jour et grandir dans les cœurs ? Il nous faut redire avec
force que le Christ est venu nous donner un avenir qui nous dépasse. Il faut redire à nos
contemporains que la haine, la guerre, la jalousie, le chacun pour soi ne mènent nulle part. Il faut
redire que la course à l’argent ne fait qu’amoindrir les chances des plus pauvres. Il nous faut redire
notre espérance en un autre VIE, celle que Jésus est venu nous annoncer en entrant par sa mort dans
la Résurrection . Ce chemin est sans doute rude, peut-être incompréhensible pour beaucoup, mais
c’est le message prophétique que nous devons délivrer : l’Amour est plus fort que la haine. La Vie
est plus forte que la Mort. Nous en sommes les témoins à la suite des Apôtres de Jésus.
Nous sommes sans force pour témoigner et être prophètes aujourd’hui. Mais, comme Paul, nous
recevons cette parole de Jésus : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans
la faiblesse. » Qui que nous soyons, le Seigneur peut agir en nous et par nous. C’est la merveille que
le Seigneur est capable de faire à partir des pauvres créatures que nous sommes. Il fait de nous des
témoins, des missionnaires et des prophètes. Depuis le baptême nous sommes faits « prêtres,
prophètes et rois ». Y croyons-nous ? « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis
fort » comme le dit encore Saint Paul. Courage, Il est Ressuscité !