Homélie du 9 juin

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Homélie du 10ème dimanche ordinaire 9 juin 2024
« Près du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat ! » (Ps 129)
Lorsque l’on veut condamner quelqu’un, on peut l’accuser de tous les maux et toutes les vilenies
possibles… C’est bien ce qui arrive pour Jésus. Il fait le bien, un bien qui dérange, il remet des
hommes et des femmes debout. Il guérit, il pardonne au nom de Dieu le Père, il redonne vie à des
personnes qui ont perdu le sens de la vie. Et cela rend jaloux les scribes, ceux qui savent et qui
interprètent la Loi de Moïse. Alors, ou bien on dit qu’il a perdu la raison, ou bien que c’est par Satan
lui-même qu’il expulse les démons. Il est « possédé » du démon. On n’a aucune bienveillance pour
lui. On le condamne déjà comme il sera condamné à la fin de sa vie. Mais pourquoi ce bien que fait
Jésus dérange-t’il tous ces sages qui savent ? Parce que l’incarnation du Messie ne correspond pas
du tout à l’idée qu’ils pouvaient s’en faire. Ils voulaient un Messie à leur mesure, qui ferait ce
qu’eux-mêmes imaginaient . Mais voilà que Jésus vient tout renverser et d’abord leurs beaux projets.
Dans leur schéma, ils auraient une belle place. Alors que Jésus n’a pas le même sens de la hiérarchie.
Pour lui le premier sera dernier et le dernier premier. Le serviteur sera plus grand que son maître.
Alors, bien sûr, la malveillance envers lui est forte, puissante. Ce n’est pas nouveau. « Celui qui dit
la vérité, qu’il soit exécuté ! », comme le chantait Guy Béard. Celui qui passe en faisant le bien n’est
pas toujours reconnu. Pourquoi ? Parce qu’il dérange ! Il dérange nos petits trafics, nos petits
arrangements, notre volonté de dominer. Il touche à des pouvoirs, même à des savoirs. Il met tout à
l’envers et l’on n’aime pas çà. Nous aimons ce qui est cadré, quitte à faire un pas e côté pour éviter le
cadre. Jésus a mis à l’envers le bel échafaudage qu’avaient imaginé les gardiens de la Loi. « Près
du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat ! », nous dit le Psaume 129. Les scribes
connaissaient les psaumes, mais ils les interprétaient à leur manière. Oui, ce qui est essentiel, c’est
bien ce petit bout de phrase : « Près du Seigneur est l’amour ! » Près de lui il n’y a que l’amour.
Jésus est là pour révéler cet Amour infini de Dieu pour chaque homme.
Alors que l’on dise de Jésus qu’il a perdu la tête n’est pas étonnant. En lui est raison ce qui touche à
l’amour. Il n’est là que pour aimer, que pour se donner aux plus petits, aux plus pauvres, à ceux qui
ne comptent pour personne. Moi, j’aime à dire cela en ce mois de juin, mois du Sacré-Coeur. Le
Christ est là pour ouvrir son Cœur à tout homme, toute femme, tout peuple dans la détresse, dans la
peine. Il ouvre son cœur transpercé par le péché de l’homme et « il en sort du sang et de l’eau ». Ce
sang va nous sauver de tous nos égoïsmes et nous faire partager sa vie en plénitude. Cette eau sera
l’eau de la vie, l’eau du baptême, l’eau qui nous purifie, l’eau qui nous vivifie. Ce sang et cette eau
coulent sur l’Église du Christ pour qu’elle soit capable de porter son amour à tous les hommes et
femmes de ce temps. Comme le dit Saint Jean : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont
transpercé. » Oui, levons les yeux, ne restons pas à ras-terre. Prenons force et courage auprès de
Celui qui a accepté de se donner sur la croix. Réentendons ces paroles de notre Alléluia : « Prenez
sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur. »
Faisons nôtres les paroles de Paul : « A moi qui suis vraiment le plus petit de tous les fidèles, la
grâce a été donnée d’annoncer l’insondable richesse du Christ… » A Paul, au Pape, aux Évêques,
aux prêtres, à tous les baptisés que nous sommes, cette grâce a été donnée afin que partout dans le
monde l’insondable richesse de l’Amour du Christ soit annoncée à tous les peuples. Nous ne
sommes pas chargés de constituer une Église puissante, mais de dire, de proclamer un Christ
Sauveur, pauvre et proche des plus petits. Un Christ capable de mourir sur une croix pour chacun de
nous, capable de regarder le plus petit comme un ami, capable de nous redonner vie dans sa propre
résurrection. Oui, c’est ce Dieu-là que nous devons annoncer. Et ce Dieu-là, ce n’est pas par
Beelzéboul que nous l’annonçons,mais par Celui qui est mort en croix et qui a surgi du tombeau le
matin de Pâques. « Il est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ?… Il est le rempart de
ma vie… Devant qui tremblerais-je ? Mes ennemis, mes adversaires perdent pied et succombent » Ps
26. « Celui qui fait la volonté de Dieu est pour moi un frère, une sœur, une mère », dit Jésus. Mc 3.