Messe du 28 juillet

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Homélie du17ème dimanche ordinaire 28 août 2024
« Cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? »
Et oui, on ne peut faire un « en cas » qui se tienne avec çà ! Tant de monde et ce rien, un peu
dérisoire porté par cet enfant qui, semble-t’il, est le seul à avoir été un peu prévoyant., 5 pains, deux
poissons. Mais j’aime à croire que Jésus attendait de « ce petit rien » de cet enfant la part humaine
pour partager à tous la nourriture dont chacun a besoin. Et je me plais à souligner que c’est un
enfant qui sauve la mise. Ce n’est pas de lui que l’on peut s’attendre ordinairement la sagesse qu’il
n’a pas encore eu le temps d’acquérir. Et pourtant Jésus accepte ce petit rien dont il fera un grand
miracle. Il va nourrir la grande foule venue l’écouter. Jésus, homme-Dieu, veut avoir besoin des
hommes, de ce qu’ils sont capables de donner. Et de ce peu qu’ils donnent, il fait de grande chose.
Sachons regarder ces petits d’entre nos frères et sœurs qui sont capables de partager ce qu’ils ont et
ce qu’ils sont. Prenons au sérieux les dons de chacun, ces dons dont le Christ est capable de faire de
telles belles choses, de vrais miracles.
Les Apôtres, comme toutes les personnes « raisonnables », auraient simplement renvoyé cette foule
affamée. Mais Jésus est pris de compassion pour ces gens qui le suivent et il va faire ce miracle. Il
va multiplier les pains et les poissons et il en restera même 12 paniers. Le Christ ne fait pas dans la
demi-mesure. Il donne tout à profusion. Et les foules affamées pourront se rassasier et repartir
confortées sur les routes humaines. Nul doute que ce miracle a du faire grand bruit dans tout le
pays. Ce miracle est miracle de la démesure comme sera la suite de la vie du Christ. Il aime sans
mesure jusqu’à donner sa vie. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux
qu’on aime. »
Avez-vous remarqué combien les deux récits, celui du Livre des Rois et celui de la multiplication
des pains par Jésus se répondent? Dieu a toujours pris soin des hommes et des femmes, de
l’humanité toute entière. Il a nourri le Peuple de Dieu au désert et il continue aujourd’hui à nourrir
son Peuple. Nous en sommes les témoins. Sa nourriture c’est sa Parole qui nous conduit, qui nous
ouvre des espaces extraordinaires. Cette Parole est vie pour le croyant. Il ne cesse de venir y puiser
sa nourriture spirituelle. Il ne cesse de se laisser saisir par ce commandement de l’Amour qui est
distillé par la Parole de Dieu. Les foules couraient entendre Jésus car il avait une manière toute
nouvelle de dire, de montrer combien Dieu les aime. Il est capable d’ouvrir leur cœur à cet amour
immense qu’il rayonne partout. Et à ces foules affamées il donne le pain de la route, le pain de la
vie. Il ne veut pas qu’elles défaillent en chemin.
Quelle leçon pour nous tous qui recevons cette Parole et qui sommes envoyés à nos frères et sœurs
pour qu’ils puissent, eux aussi, vivre de cette Bonne Nouvelle. Cette Bonne Nouvelle ne peut être
annoncée à des affamés. Elle nous oblige à prendre en compte la faim des hommes et des femmes
de ce temps, ces pauvres qui attendent de nous ce même réconfort que le Christ donne aux foules
affamées de l’Évangile. Il ne méprise pas cette humanité, mais il l’honore en lui donnant son
réconfort. Aujourd’hui encore nous devons d’abord rendre à ces hommes et ces femmes affamés de
pain et de dignité leur véritable place dans un partage équitable des richesses. Nous sommes sidérés
devant les révélations sur l’Abbé Pierre. Malgré ces révélations qui nous font si mal, nous ne
pouvons que souhaiter que le Mouvement Emmaüs continue à nous montrer un chemin pour faire
reculer la pauvreté et nous rendre davantage solidaires. Nous sommes invités à faire et refaire le
miracle de la multiplication des pains. De ce que nous avons, de ce que nous sommes, nous devons
nourrir les foules de dignité et de pain. Nous qui communions si souvent à ce Pain, nous sommes
convoqués à partager, à faire vivre l’humanité.
La parole d’Élisée résonne aujourd’hui pour celles et ceux qui n’ont pas la même chance que nous.
Nos « 5 pains et 2 poissons » peuvent faire des miracles… Faisons œuvre de charité véritable.