Homélie du 26 juin

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Homélie du 13ème dimanche ordinaire 26 juin 22

On m’a demandé d’animer une récollection pour les séminaristes du premier cycle du séminaire d’Orléans et ils ont choisi comme thème : « Vivre la mission à l’école de saint Charles de Foucauld ». Je me suis plongé dans la vie de ce saint qui marque notre Eglise et qui vient d’être canonisé. Je me souviens aussi de tous ces prêtres qui vivaient dans son sillage : « Jésus Caritas ». Ils puisaient en son message la manière dont ils allaient vivre leur propre mission. Et au cœur de cette réflexion, je fais cette homélie. Je médite des Paroles qui répondent vraiment à ce que je découvre dans la vie de Charles de Foucauld. Depuis l’Ancien Testament et l’appel d’Elisée jusqu’aux appels lancés par le Christ dans l’Evangile, tout est invitation à la mission.

Elisée venait de faire son travail : ses douze arpents de terre étaient labourés. Il savourait certainement la fin de son labeur et ne demandait qu’à se reposer un peu. Mais voilà qu’Elie passe par là et lui jette son manteau, signe de l’appel à suivre le Seigneur. Et voilà la vie d’Elisée totalement transformée. Après avoir sacrifié ses bœufs et sa tranquillité, le voilà qui se met au service d’Elie et qui le suit. Oh il a bien été tenté de regarder en arrière et d’aller « embrasser son père et sa mère », mais il a suivi l’appel lancé par Elie et a laissé le Seigneur le conduire dans la vie.

Dans l’Evangile, Jésus rencontre les gens, et d’abord un village de Samaritains qui refuse de le recevoir. Les Apôtres maudissent ce village. Jésus les réprimande et va plus loin. Jésus ne s’impose pas, il ne maudit pas les récalcitrants. Il les aime. Et, chemin faisant, des personnes veulent s’attacher à lui, le suivre. Il leur indique les conditions de la mission : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ! ». Celui qui veut suivre Jésus doit accepter le dépouillement. C’est la condition du missionnaire. « Le serviteur n’est pas au-dessus de son Maître », dira Jésus. Le chemin du Christ est le chemin du prédicateur-témoin de l’Evangile. Pas de cléricalisme dans tout cela. Celui qui est appelé à suivre le Christ doit se dépouiller comme lui et son chemin sera le chemin de la croix. Et je pense à Charles de Foucauld laissant tout pour se retrouver au milieu des Touaregs, au désert !

Et cet autre qu’il appelle : « Suis-moi ! » Son objection est bien normale : « Permets-moi d’aller enterrer mon père ! » Et là, le Christ a une parole assez crue : « laisse les morts enterrer les morts ! » Je me souviens de cette remarque d’un missionnaire au temps où les avions ne circulaient pas comme aujourd’hui et qui me disait : « Tu sais, ce qui est le plus dur pour moi, c’est de partir en laissant père et mère et en sachant que je ne les reverrai pas ! » Le don fait au Seigneur a aussi cette exigence forte. Nous ne renions pas notre famille, mais nous faisons le don de nous-mêmes.

Et cet autre enfin qui dit au Seigneur : je te suivrai, Seigneur, mais laisse-moi dabord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Là aussi la réponse du Christ peut sembler bien dure : « Celui qui regarde en arrière, n’est pas digne du Royaume de Dieu ». Le Christ ne serait-il pas humain et demanderait-il un sacrifice surhumain à ceux qui le suivent ? Le Christ, tout au long de sa vie, nous a montré que les relations familiales et amicales sont importantes. Il ne veut surtout pas des disciples désincarnés, loin des relations humaines. Mais il montre aussi sa détermination dans la mission que le Père lui a confiée. Rien, ni personne ne peut lui faire renoncer à cette mission, à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Le Seigneur, j’en suis persuadé, accepte nos erreurs, nos faiblesses humaines et même nos trahisons, mais il nous veut déterminés pour aller avec lui jusqu’au bout du chemin.

En conclusion aujourd’hui laissons quelques mots de saint Paul résonner en nous : « Vous avez été appelés à la liberté » « Mettez-vous au service les uns des autres ! » « Marchez sous la conduite de l’Esprit-Saint ! » C’est cette Liberté que le Christ promet à ceux qui le suivent. Une liberté dans l’amour, dans le don, dans l’Esprit Saint ! Une liberté choisie en Jésus-Christ. N’ayons pas peur de donner notre vie. Le Christ sait la faire s’épanouir, grandir au grand soleil de Dieu. Que la grâce et la liberté de Dieu s’incarnent en nous. AMEN !