Homélie du 11 décembre

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Homélie du 3ème dimanche de l’Avent 11 décembre 22

A la rencontre du Seigneur qui vient, soyons patients ! La patience, ce n’est pas tellement prisé dans notre monde en éternel mouvement. Tout va vite, trop vite pour bien des gens qui ont du mal à suivre. L’Evangile nous rappelle souvent des scènes tirées de la nature et, par expérience nous savons bien que la nature prend son temps. Entre le bourgeon du printemps et l’éclosion de la feuille et de la fleur et le murissement du fruit, il faut au moins un printemps, un été et une automne et l’hiver est, lui, propice à la dégustation. Et rien ne sert de vouloir accélérer le mouvement. Laisser le cycle se dérouler est promesse de bons fruits.

La venue du Seigneur est annoncée par les prophètes, laissant ainsi le temps au peuple de Dieu de découvrir et de vivre cette promesse. Au bout de cette promesse viendra le temps de l’attente plus directe du Christ, le Messie de Dieu. Le Peuple aura été préparé et cette longue attente nous fait toucher du doigt la manière d’agir de Dieu. Il ne brusque pas. Il prend le temps comme la nature prend le temps d’avancer. Il prend en compte les saisons de la vie, les âges de la vie. Aujourd’hui nous vivons ce dimanche dit de la « JOIE ». Mais pour construire une Joie digne du Seigneur, il y a tant d’étapes à franchir. Nous passons par des moments plus difficiles. Ils ne sont pas moins porteurs de la Joie que Dieu veut nous donner. L’espérance que Dieu nous donne est résistance à l’abattement le plus complet, le plus total. Regardons la résistance des peuples sous les bombes ennemies, ou sous les pires régimes totalitaires. Ils ne se laissent pas abattre si facilement. Le peuple Ukrainien, le peuple Iranien, le peuple Chinois en sont l’illustration en ce moment. On veut les écraser, mais ils se lèvent malgré les risques énormes.

Saint Jacques nous aide à comprendre cette belle patience de Dieu. Il reprend la comparaison avec la nature et compare la patience de Dieu à celle de l’agriculteur qui attend patiemment le mûrissement du fruit. Je suis heureux de voir que beaucoup de nos concitoyens reviennent cultiver leur lopin de terre. La nature est une bonne école pour les impatients que nous sommes. Et si nous voulons des fruits naturellement bons, il nous faudra toujours de la patience. Savoir attendre, savoir que bien des choses mûrissent avec le temps, avec les soins apportés, avec un regard d’amour. Et ce qui est vrai de la nature l’est aussi du Royaume de Dieu. La croissance est parfois gènée pas les maladies, les accidents de toute sorte. On ne peut pas tout éradiquer. Mais là aussi patience et lutte. Ce qui se passe dans notre Eglise nous montre les limites humaines et même les déviances qui nous scandalisent. Patiemment regardons les causes et libérons-nous des carcans, des mauvaises habitudes. C’est ainsi que se fera la lumière. Jésus répond aux disciples de Jean qui lui demandent s’il est le Messie en décrivant les œuvres qu’il fait : ouvrir les yeux des aveugles, faire marcher les boiteux, purifier les lépreux, faire entendre les sourds, ressusciter les morts. Le Christ ne fait pas de théorie. Il montre les œuvres du Royaume, ces œuvres qui font vivre les hommes et les femmes de ce temps. Les œuvres parlent pour lui et Jean comprendra bien qu’il est le Messie, l’Envoyé de Dieu.

Les œuvres du Royaume, Jésus nous les a montrées. A nous aujourd’hui de prendre le chemin qui a été le sien, celui du salut des hommes et des femmes de ce temps. A nous de découvir que ce Royaume est déjà là, à travers les gestes, les paroles des hommes et des femmes de bonne volonté. Le Royaume de Dieu s’inscrit au cœur de l’homme. Et cette croissance nous est en partie confiée. Le soin à porter à tout homme, à la création, nous est confié par le Seigneur et c’est ainsi que nous mettrons la joie au cœur de l’homme. Cette joie aussi nous est confiée pour que nous puissions la transmettre. Nous, Eglise du Seigneur, sommes-nous capables de montrer ce visage éclairé par la joie du Christ, ce visage de ressuscités. Montrons-nous en toute circonstance que nous sommes heureux de notre foi. Le Christ répond à Jean qu’il est le Messie en lui décrivant ses œuvres. Sommes-nous capables, nous aussi, de dire simplement : « voyez nos œuvres, ce sont elles qui construisent le Royaume ! » Le monde a besoin aujourd’hui de TEMOINS !

Nous crierons vers le Seigneur : « Viens, Seigneur et sauve-nous ! » Sans doute, nous dira t’il : « Oui, je viens, mais comme mon Père, soyez PATIENTS ! »