Homélie du 11 juin (corps et sang du Christ)

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Homélie du Saint Sacrement du Corps et du sang du Christ 11 juin 2023

« Souviens-toi des marches de ton peuple au désert…Elles parlent de la faim au cœur des foules sans parole… » Nous ne pouvons parler de l’eucharistie que le Christ nous offre sans parler des foules affamées de pain, d’amour, de paix. Le Christ s’offre à des hommes et des femmes affamés, assoiffés, cherchant ce réconfort que donnent nourriture et boisson. Il nous met en présence de cette foule qui se rassemble à ses pieds et qui a faim de pain, bien sûr, mais aussi de reconnaissance, de respect, de paix et d’espérance. Au désert le Peuple de Dieu a fait l’expérience de la faim, de la soif et finit par récriminer. La sortie d’Egypte a, certes, été une libération, mais il leur fallait cette nourriture qui allait leur donner la force d’aller de l’avant. La manne dont ils se dégoûteront un jour est là pour leur permettre de vivre l’exode, cette transhumance vers la Terre Promise.

Et nous qui sommes en route aussi vers la Terre Promise, nous avons besoin de cette nourriture qui va nous permettre d’avancer vers ce Monde Nouveau que va nous ouvrir le Seigneur Dieu. Et nous ne sommes pas seuls. Nous sommes avec tout un Peuple appelé à partager la vie de Dieu. Et ce Peuple est affamé, et ce Peuple est assoiffé, et ce Peuple a la chance de pouvoir manger à sa faim, à boire à satiété aux sources du salut. Le Christ lui donne cette possibilité de le prendre en nourriture pour parcourir le chemin de la vie.

Nous sommes dans des temps difficiles et notre Eglise semble parfois un peu en panne. Les hommes d’aujourd’hui se rassasient de tant de choses qu’il est bien difficile de se tourner ainsi vers les choses de Dieu. Et pourtant la quête de Dieu n’est pas absente de nos vies. Nous savons bien que tous ces biens matériels ne comblent pas nos désirs. Le monde des hommes continue à être insatifait. Le bien-être ne nous suffit pas. Nous aspirons à plus, à autre chose. Ce qui nous est proposé aujourd’hui, le pain de la vie, nous tire vers le haut. Mais nous avons besoin de force, d’ardeur pour avancer sur ce chemin. Et le Christ nous donne cette force en venant en nous, en se donnant à nous . Il nous a dit qu’il serait avec nous jusqu’à la fin des jours. Cette promesse se réalise dans l’eucharistie que nous avons la chance de pouvoir vivre souvent. Dieu s’est fait nourriture en Jésus-Christ et le recevoir en nous, nous fait frères et sœurs, nous unit dans ce même amour sauveur. L’eucharistie fait l’Eglise. Et l’Eglise, à son tour, offre l’eucharistie à tous.

Eucharistie, nourriture pour l’homme aujourd’hui. Eucharistie, action de grâce du Christ à son Père, action de grâce du Peuple de Dieu rassemblé en Christ. Nous communions à cette action de grâce du Christ et nous la partageons avec le monde entier. Car le Corps du Christ ne peut être enfermé dans nos vies étriquées. Chaque fois que nous le recevons, nous sommes en communion avec lui, mais aussi avec le monde entier. Et nous sommes vraiment en communion. L’eucharistie fait notre unité. Au-delà de toutes nos querelles stériles sur la liturgie, nous avons entre nos mains, à notre disposition, la garantie d’une véritable unité dans le Christ. Car c’est l’eucharistie qui nous rassemble. C’est elle qui fait l’unité du Peuple de Dieu. Ne nous laissons pas aller à tous les « à-côtés », Latin pas Latin. Recevoir le Corps du Christ sur la langue ou dans la main. Par un prêtre ou par un laïc. Tout cela n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est le Christ qui vient nous nourrir de son Corps et de son Sang et qui veut faire notre unité. Dans l’humble morceau de pain, dans l’hostie, dans les quelques gouttes de vin, le Christ se rend présent à notre humanité toute entière. Quelle merveille ! Et nous sommes invités à ce festin des « noces de l’Agneau », comme le reprend la nouvelle formule de notre liturgie.

Dans nos liturgies, n’oublions pas ceux et celles qui n’ont pu venir. Ils sont présents à nos rassemblements. Portons leur le Corps du Christ. Ils font partie de notre communauté. Cette communion aux souffrants de nos communautés nous ouvrent et leur permet de participer à leur manière à l’action de grâce du Christ.

« La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au Corps du christ ? » nous dit Saint Paul. AMEN !