Homélie du 17 mars

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Homélie du 5ème dimanche de Carême 17 mars 2024
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul… » Jn 12/24
Nous entrons dans la période de la contemplation du Seigneur donnant sa vie pour notre salut et le
salut du monde entier. Et aujourd’hui, l’Evangile nous dit la fécondité du don que le Seigneur nous
fait en mourant ainsi sur la croix. Cet apparent enfouissement est le signe de la fécondité de la mort
du Christ. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte
beaucoup de fruit ». La mort du Christ, sa mise au tombeau sont des actes d’amour qui dépassent
l’entendement humain. Ce sont les gestes sauveurs, les gestes qui nous permettent de nous
approcher du salut qu’il est venu apporter. Mourir pour faire vivre, tel est le résumé de ce sacrifice
du Christ. Sa mort pour nous est le plus grand geste d’amour puisqu’il nous ouvre aussi à la
résurrection.
Regardez le grain de blé. Il est mis en terre, il semble pourrir et c’est lui qui s’épanouit dans les
champs de la Beauce et ailleurs. Il faut consentir à le perdre pour avoir une récolte abondante. Je me
rappelle les paroles d’un missionnaire au Sénégal, une année où la famine sévissait. Il me disait :
« Que c’est dur de dire à des gens de garder la semence alors que la faim les tenaille. » La tentation
est de manger tout de suite sans pouvoir penser à l’avenir. Le grain de blé, comme toutes les
semences est jeté en terre et il nourrira les hommes. Jésus sera jeté dans la mort, une mort horrible,
pour donner la vie en abondance aux hommes qu’il aime. C’est le choix que Dieu a fait pour nous
montrer combien Il nous aimait. Par ce choix Il nous montre à nous aussi une chemin qui passera
par la mort, mais qui nous ouvrira à la Vie. Le vendredi saint est un jour de deuil, c’est vrai, mais
c’est aussi le jour du pur amour. Dieu nous donne ce qu’il a de plus précieux, son Fils. Dans la mort
de Jésus est toute la promesse de Dieu. Rien n’est perdu pour Dieu. Tout est signe de son Amour.
En ces temps où l’on réfléchit sur la fin de vie et sur ce que cela entraine pour l’homme, sans doute,
nous, chrétiens, avons-nous à réfléchir devant la Croix du Christ. Elle nous donne le sens de la vie
donnée, de la mort consentie comme un passage. Bien sûr, il nous faut acompagner ceux et celles
qui font ce passage et nous souhaitons tous être accompagnés jusqu’au bout de la vie. Mais nous,
chrétiens, nous avons cette perspective de laVie qui ne finit pas et la vie sous toutes ses formes doit
être respectée et du début jusqu’à la fin. Bien sûr les lois doivent exister pour que l’on ne fasse pas
n’importe quoi, mais cela n’enlève en rien nos convictions, Nous sommes disciples de celui qui a
accepté de passer par la mort et pas n’importe quelle mort, la mort sur la Croix comme un criminel
alors qu’il annonçait le salut pour les hommes. La fécondité du don de sa vie par amour nous habite
tous. La fécondité du don de la vie de nos frères et sœurs martys au nom du Christ est toujours un
appel à donner notre propre vie en étant disciples et missionnaires.
Le Prophète Jérémie nous rappelle l’Alliance que Dieu veut pour son Peuple, « une alliance
nouvelle » Cette nouveauté c’est le sacrifice du Christ. Finis les sacrifices de taureaux ou d’animaux.
C’est le Fils de Dieu qui se donne « dans un grand cri et dans les larmes, les prières et les
supplications », comme le dit Paul aux Hébreux. Pour nous, chrétiens, c’est dans ce grand bain
d’amour que nous pouvons nous retrouver. « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a envoyé son Fils… »
Telle est notre foi, celle que nous allons professer dans quelques instants et qui va rejoindre tant de
disciples-missionnaires comme nous à travers le monde.
« Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit », avons
nous proclamé dans le Psaume 50. C’est bien à un regard nouveau que nous sommes invités sur
notre propre vie, sur la vie de l’homme. L’alliance nouvelle que le Christ est venue instaurer, c’est
cette alliance d’amour dans sa mort et sa résurrection. L’invitation qui nous est faite, c’est de prendre
son chemin pour aimer le Père et tous les hommes nos frères. Au matin de Pâques, nous serons
émerveillés de nous lever dans la lumière éclatante de la Résurrection. Ce sera notre nouveau
baptême, la reconnaissance de notre dignité d’enfants de Dieu ressuscités avec Jésus. « Nous
vivrons en enfants de lumière sur les chemins où l’Esprit nous conduit ! »