Homélie du 20 février 2022

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Homélie du 7ème dimanche ordinaire 20 février 2022

« Aimez vos ennemis! » Vous vous rendez compte jusqu’où va le Christ? Il nous invite presqu’à l’impossible: aimer nos ennemis, aimer ceux qui nous veulent du mal, est-ce vraiment possible humainement ? Je ne le crois pas. le Pape François nous dit: « Pour être capable de miséricorde, il nous faut nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. » Nous sommes en plein procès des commanditaires de l’assassinat du P. Jacques Hamel. J’ai lu ce que ses proches ont écrit et plus spécialement sa sœur, Roseline. Pas de haine. Elle a pris l’initiative de téléphoner à la Mère de l’assassin de son frère et elle dit qu’elles sont même devenues amies. On ne devient pas amis comme çà sans être animés par L’Esprit-Saint. Cela ne veut pas dire que l’on ne juge pas sévèrement le mal commis et qu’on ne demande pas des comptes à des assassins. La sœur du P. Hamel est partie civile au procès, mais dans son cœur, il y a déposé cette miséricorde que le Seigneur souhaite à tout chrétien.

« Soyez miséricordieux comme le Père est miséricordieux! » La barre semble bien haute! Agir comme Dieu qui pardonne toujours, qui apporte sa miséricorde au genre humain toujours et en toute circonstance. Ce chemin là , nous n’aurons jamais fini de le parcourir. Nous l’empruntons chaque matin et il nous conduit toujours au Père des Miséricordes. Dans un monde troublé comme le nôtre où la vie d’un homme ne semble pas être pris pour grand-chose, il est important de nous rappeler ce message de miséricorde que nous devons porter, nous les disciples du Christ. Bien sûr notre regard se porte sur la croix, sur Celui qui donne tout sans récriminer. Il nous montre combien le don de soi est riche de promesse et nous ouvre à l’espérance de la Résurrection. Par lui nous sommes des vivants, capables de faire vivre ceux et celles qui nous accompagnent sur la route de la vie. La première lecture nous a montré l’histoire de David et de Saül. Le torchon brûlait entre eux et Saül était à la portée de David, mais celui-ci, au nom du Seigneur, lui laisse la vie sauve. Les conflits ne datent pas d’hier. L’Ancien Testament en est rempli. Mais, si certaine scènes de la Bible sont très violentes, celle-ci nous montre que l’Esprit du Seigneur est là pour préserver la vie en mettant au cœur de David ce sentiment qui bannit la vengeance.

Préserver l’homme, le voisin, le frère, la sœur, c’est un appel du Seigneur de l’Univers. Aimer son ennemi, celui qui ne vous veut pas forcément du bien, c’est l’appel extrême que le Christ nous adresse. AIMER coûte que coûte, c’est bien ce que Dieu, en Jésus-Christ nous propose comme chemin de vie. Et c’est bien sur cela que le Seigneur nous jugera. Il nous veut de vivants témoins de son amour inconditionnel. Nous entendons parfois des phrases du genre: « Je ne lui pardonnerai jamais !  » Ce qu’humainement nous ne pouvons faire, le Christ, par la grâce de l’Esprit-Saint, peut nous en donner la force. Il peut nous ouvrir une voie, la route de la miséricorde. Frères et sœurs, ne nous payons pas de mots. Il nous faut aimer comme Dieu aime. Vous direz que ce n’est pas possible. Seul, non ce n’est pas possible, mais unis au Christ, avec d’autres, en Église, le Seigneur nous donne la certitude que cela devient possible.

Nous sommes en Église au creux d’une vague qui, parfois, nous fait mal. Le péché de l’homme, du chrétien nous a laissés un peu pantois. Mais ce temps peut devenir un véritable temps de purification, de remise devant nos responsabilités personnelles et collectives. L’Église est en train de se réinterroger et, dans l’Esprit-Saint, elle retrouvera la pureté qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Mais chacun de nous doit se réformer, chacun de nous doit se tourner vers le Dieu des Miséricordes pour en recevoir la force et la clarté. L’Église c’est vous, c’est moi, ce sont les tous ces pauvres qui frappent à notre porte et qui veulent découvrir ce qui nous fait vivre comme disciples de Jésus-Christ.

Frères et Sœurs, nous aimons maintenant cette formule « frères et sœurs » qui nous inclue tous dans l’amour du Seigneur. N’ayons pas peur de montrer au monde qu’AIMER est la seule voie pour chacun et pour l’Église. « AIMER c’est tout donner et se donner soi-même! »