Homélie du 3 décembre

  • Auteur/autrice de la publication :

Veillez ! Trois fois veillez !

Il y a deux jours, on m’appelle au téléphone : Peux-tu venir auprès de Pierre à l’hôpital, son état s’aggrave. Sa fille m’accueille, puis sa femme, fatiguées. Cela fait des mois qu’elles veillent à la maison, pour lui éviter une chute, le soigner. Je donne l’Onction des malades qu’elles ont demandée, à Pierre et à sa femme : Oui, j’en ai autant besoin que lui.

Veiller, quand les mots deviennent impuissants, c’est simplement se tenir auprès de l’autre dans sa douleur. Veiller, c’est l’acte de grande vigilance des mamans, toutes tendues, quoiqu’elles fassent, vers leur petit enfant. Et qu’en dit Jésus ?

Il vient de prédire la destruction du Temple et les signes qui annoncent la fin des temps. Inquiets, les disciples lui demandent : quand cela arrivera-t-il ? Jésus déplace leur attente. La question n’est pas de savoir l’heure, mais ce qui aide à résister à l’angoisse de l’avenir, c’est plutôt de prendre soin de ce qui nous est confié, aujourd’hui. Nous n’avons qu’aujourd’hui pour aimer et servir.

C’est être vigilant, chacun à son travail, être les portiers de la maison du Père et des personnes qui nous entourent.

C’est prendre soin de la Maison commune, sans nous dérober en reportant sur les autres les changements de vie urgents, qui sont à notre portée. Il y va de notre foi au Dieu Créateur, qui confie la terre et ce qui lui appartient à notre responsabilité ; prenons au sérieux les avertissements du pape pour une transition écologique(Laudate Deum, Louez Dieu, du 4 oct) et ce qu’il va redire à la COP 28.

Veiller, pour que le Seigneur ne nous trouve pas endormis, comme les disciples aux quatre veilles ratées de sa passion : le soir de la Cène avec Judas, à minuit au jardin de Gethsémani, au chant du coq avec Pierre, au matin condamné chez Pilate, ou bien le matin, incrédules devant le tombeau vide.

Attendre le retour du Christ à la toute fin du monde, c’est déjà le reconnaître présent à toute heure dans notre existence personnelle, le cœur ouvert, prêt à accueillir plutôt que d’être replié sur soi. Le privilège des Aînés est de savoir que le temps sur terre est un court moment qui nous est donné, pour apprendre à entrer en relation avec le Seigneur, et reconnaître l’Amour donné qui nous attend. St Paul nous dit : Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur (bis). C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout.

Les temps sont favorables. L’Avent vient nous réveiller de nos torpeurs, de ce monde virtuel et médiatique qui nous endort, loin du réel. Entraînons-nous mutuellement. Pour certains, il s’agira d’entretenir une vie intérieure nourrie par la prière et la parole de Dieu, pour d’autres s’ouvrir sur le monde : une visite, une rencontre, un engagement, en famille poser ensemble une crèche, car le Seigneur vient habiter chez nous. Dans le silence de la prière, Seigneur, fais-nous voir ton amour, donne-nous ton salut.

1er Dimanche Avent B 2023