Homélie du 3 mars

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Homélie du 3ème dimanche de Carême 3 mars 2024
« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce… »
Il est bien rare de voir Jésus se mettre en colère… Mais là, il ne laisse pas passer. Ce commerce n’est
pas compatible avec la vision qu’il a du temple. C’est la maison de son Père et il ne supporte pas
qu’elle soit souillée par ce trafic. Et pourtant ce « trafic » sert aux sacrifices. Jésus a une haute idée
de la Maison de prière, de cette maison sainte. Et il ne veut pas qu’elle soit souillée par un trafic
malhonnête. Je pensais à cela quand l’image de François, notre Pape, s’est imposée à moi. Il veut
que l’Église, Peuple de Dieu aujourd’hui, devienne le lieu le plus sûr qui soit. Il veut en faire une
maison sûre pour tous les hommes appelés par Jésus. Et pour cela il lui faut aussi traquer tous les
trafics, les trafics en tout genre, d’argent, de pouvoir, de main-mise, les abus sexuel ou déviants.
Jésus ne veut pas que sa maison soit une maison dévoyée . Il veut une maison sûre où tous les
hommes seront reconnus, appréciés à leur juste valeur, prenant chacun leur part de responsabilité.
Dans la Parole de Dieu aujourd’hui, nous sommes invités à redécouvrir qui est notre Dieu. Dans le
Livre de l’Exode nous avons ces paroles : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du Pays
d’Egypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. » Dieu redit à son peuple
qui Il est pour lui. Il est Celui qui a sauvé le Peuple, qui l’a tiré de la main des Egyptiens, qui l’a
libéré. Il n’y a pas d’autre Dieu que Lui. Et pourtant l’homme a toujours tendance à recréer des
idoles, aujourd’hui comme hier. Idole de l’argent, idole de la domination, idole du sexe, idole de
l’eslavage. Ce texte de l’Exode nous redit le pojet de Dieu pour l’homme. Dieu lui donne un cadre de
vie et les commandements sont là pour permettre à l’homme de vivre en communion avec les autres
hommes et avec Dieu. Dieu veut le bonheur de l’homme, un bonheur exigeant, un bonheur qui
construit la maison, le temple de Dieu pour tous les hommes.
Saint Paul nous trace lui aussi un chemin. « Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux,
les Grecs une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie
pour les nations païennes. » C’est bien là toute la nouveauté. Jésus notre sauveur est un serviteur.
On attendait un Messie triomphant et l’on découvre un petit enfant. On attendait un Sauveur qui
mettrait dehors l’envahisseur et l’on a un pauvre qui se laisse mettre en croix. Lorsque j’entends des
gens dire que l’Eglise s’appauvrit, je me dis souvent : « Si seulement c’était vrai ! » Ce qui me
désole c’est que cette Eglise n’est pas assez ouverte aux pauvres, aux petits, à ceux qui souffrent, à
ceux qui pleurent. La parole de Paul « Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce
qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » retentit ce matin dans ma conscience
d’homme, dans ma conscience de chrétien. C’est vraiment un chemin nouveau qui nous est proposé,
un chemin de service, un chemin de pauvreté, un chemin qui est ouvert à tous. Ce temps de Carême
n’est-il pas un temps de désencombrement pour mieux intégrer le Peuple voulu par Dieu, un Peuple
où l’amour et la miséricorde ont toute leur place ? Ce Peuple de l’Alliance ne peut exister que si
nous-mêmes sommes prêts à répondre à l’alliance promise en Jésus-Christ.
A chaque eucharistie, Jésus vient reconstruire cette alliance avec nous. Non seulement il est des
nôtres, mais il s’est donné en nourriture. Ce ne sont plus des sacrifices d’animaux que nous offrons.
C’est le Fils de Dieu qui vient revivre sa mort et sa résurrection. Nous sommes le Peuple de
l’Alliance et nous savons que c’est lui qui nous unit entre nous et qui nous unit au Père. Nous ne
sommes pas seuls. Nous entrainons avec nous des multitudes, tous nos frères et sœurs humains dans
l’aventure de l’Amour. Pensons-nous à cela quand nous venons partager l’eucharistie ? L’eucharistie
nous ouvre au monde entier, à l’universel, à ceux qui sont en guerre et ceux qui sont en paix, à ceux
qui sont heureux et ceux qui ne le sont pas, aux malades et aux bien-portants, à toutes les nations.
Nous, disciples-missionnaires, nous savons que le Seigneur a les Paroles de la Vie éternelle . Ce
temps de Carême est temps favorable pour nous faire découvrir en profondeur qui est Dieu pour
nous, non pas le Dieu-Idole, mais un Dieu d’Amour, plein de tendresse et de miséricorde, lent à la
colère. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant, Gloire à toi, Seigneur !