Homélie du 7 novembre 2021

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Homélie du père Louis  msc

« Les pauvres sont nos maîtres ». Qui peut dire une telle parole? L’abbé Pierre, Sœur Emmanuelle, Mère Thérésa pouvaient le dire à la suite de François d’Assise et de bien d’autres. Et nous venons de vivre la Toussaint où nous avons entendu cette béatitude qui décoiffe un peu: « Bienheureux les pauvres »… Et aujourd’hui c’est cette pauvre veuve qui est mise en avant par le Christ lui-même. Il est vrai que le sort des veuves de ce temps-là n’était guère enviable. Il n’y avait pas de pension de réversion et la pauvre veuve vivait dans une grande précarité. Elie, le prophète de l’Ancien Testament, va pourtant demander sa pitance à la veuve de Sarepta. Ce sont les pauvres qui savent partager. Et le don qu’ils font, va se multiplier. Ce sont les pauvres qui savent partager, mais il faut leur donner les moyens de travailler à leur propre vie. Aujourd’hui cette envie de vivre et de partager existe parmi les pays pauvres. Encore faut-il que nous les aidions à être un peu autonomes. Ce qui se passe au niveau de la COP26 ne nous rend pas très optimistes. Malgré les déclarations d’intention généreuses, peu de choses se passent vraiment car il faudrait partager. Ce qui me frappe c’est de voir que celui qui se démène le plus est celui qui vient les mains nues, le Pape François. Comme la Veuve de l’Évangile il donne tout. A 84 ans il donne de sa personne, il donne sa personne pour cette humanité égoïste. Il ne retient rien pour lui-même. Il sait ce qu’est la pauvreté, lui qui a vécu proche des favelas et qui a refusé d’habiter les appartements pontificaux. On s’est gaussé de ses vieilles chaussures qu’il cirait lui-même, mais François est bien plus à l’aise dans ses vieilles chaussures que dans des belles chaussures blanches! Ce sont les chaussures que portent les pauvres et celles de la veuve devaient grandement ressembler à celles de François.
Vous savez, sœurs et frères, si nous voulons faire bouger ce monde ce n’est pas avec de belles voitures, des maisons magnifiques, mais c’est avec l’habit des pauvres et des petits. Nous pourrons grandir avec eux tous. Non pas en les regardant du haut de notre arrogance de riches, mais avec eux: ils nous apprendront la valeur des petits gestes et du partage de leur pauvreté. Apprendre la pauvreté évangélique, c’est se mettre à l’école des pauvres, de celles et ceux dont on n’attend rien et qui sont toujours obligés d’attendre des autres. Ceux qui se font les Apôtres des pauvres sont toujours dérangeants car ils cassent nos certitudes et nos habitudes bien ancrées. On peut critiquer le P. Demeestère et la gréve de la faim qu’il mène avec deux autres personnes pour lever le voile sur les conditions de vie des migrants. Mais il est là, présent à la vie des hommes et des femmes malmenés, ces hommes et ces femmes qui voudraient trouver enfin un lieu qui les accueille et leur permette de vivre décemment. Vivre au milieu d’eux donne certainement des raisons de s’indigner. Et heureusement qu’il y a des personnes qui nous font prendre conscience de cette situation.
Jésus loue cette pauvre veuve qui donne non de son superflu, mais de son indigence. Il nous la montre et elle devient notre modèle. Jésus sait toujours rendre à chacun ce qui lui revient, il valorise le moindre des faits dont sont capables les pauvres. Et , si nous voulons permettre à des personnes de grandir, il nous faut nous aussi apprendre à montrer le positif de la vie. Rien de pire qu’un discours négatif qui rabaisse, mais quelle joie quand on dit du bien d’autrui. Cela lui permet de grandir et la vie devient alors une succession d’actions de grâce pour tout ce dont sont capables nos frères et soeurs. Un regard de chrétien est toujours un regard positif.
Sœurs et frères, comme la pauvre veuve de l’Évangile, donnons de notre indigence. Nous nous disons pauvres. Partageons et ce sera notre manière de nous enrichir de la vie même du Christ. N’attendons pas que nos richesses débordent, mais avec ce que nous avons et ce que nous sommes, faisons des heureux, en permettant à chacun de grandir en humanité. Le Christ saura reconnaître nos gestes les plus petits, les plus humbles et en fera une belle offrande au Père. AMEN!