Homélie du père Louis Raymond – 12 décembre

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Homélie du 3ème dimanche de l’Avent

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Quelle belle éclaircie dans le climat morose de ce début d’Avent! « Pousse des cris de joie, fille de Sion! Eclate en ovation, Israël! Réjouis-toi, de tout ton coeur bondis de joie, fille de Jérusalem! » Sophonie, le Prophète, y va de toute sa fougue. Il nous engage à fêter celui qui vient. La vie va être une vie de lumière loin des ténêbres annoncées. Le Seigneur vient. Ce petit d’homme qui va naître au monde va tout transformer et la nuit deviendra lumière, deviendra jour lumineux! Vous allez dire: « Il serait temps après ces jours de pandémie, après ces révélations scandaleuses dans notre Eglise, après la démission de l’Archevêque de Paris « suite à des commérages », nous dit le Pape, au coeur de cette bataille dont les migrants sont devenus, bien malgré eux, le centre, au coeur de rivalités sans nom, au coeur d’une crise climatique obsédante! » Oui, il est temps que, nous chrétiens, disciples de Celui qui vient, nous nous réveillions pour dire à tous et partout que le salut est là, que la joie du salut est dans nos coeurs. A nous de chanter notre allégresse, de faire resplendir le salut de Dieu. Que faisons-nous, nous les disciples de Jésus-Christ au coeur de ce monde morose et sans espor?

L’Evangile nous répond aujourd’hui par la bouche de Jean. Ce qui est étonnant, c’est cette réponse adaptée à chaque situation humaine, au collecteur d’impots comme au soldat et à tous et chacun en particulier: « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas! N’exigez rien de plus que ce qui est fixé par la Loi. Ne faîtes violence à personne, n’accusez personne à tort! » Bien sûr, chacun pourra et devra adapter cet appel et cette réponse à sa situation, à sa manière d’être, à sa position dans le monde. Et c’est en cela que la suite du Christ est adaptée à chacun et que cet appel est particulier et universel à la fois. Cette promesse que nous fait Jean le Baptiste nous concerne tous. Il vient , Celui qui nous baptise dans l’Esprit Saint et le feu. Il vient et il est déjà là, présent dans cette humanité que nous formons les uns et les autres, les uns avec les autres. L’Esprit de Dieu nous fait Peuple, nous fait communauté d’amour, nous lie les uns aux autres pour toujours.

Cette semaine dernière, nous avons entendu les paroles très fortes de notre Pape à propos des migrants. Le Pape n’a pas peur de dénoncer l’égoïsme qui règne dans notre vieille Europe. Elle se replie sur elle-même alors que des personnes risquent le tout pour le tout afin de retrouver une dignité perdue, de trouver un avenir. Le Pape a eu des mots très durs. Saurons-nous les entendre et changer nos regards et nos manières d’être. Nous voyons bien que dans cette période électorale, chacun y va de sa surenchère. Nous laisserons-nous prendre par les discours de haine et de repli sur nous-mêmes. Noël ne sera pas Noël si nous ne changeons pas notre coeur,notre regard, notre manière d’être et de vivre. Oui, il y a urgence à laisser le Seigneur changer nos coeurs, les ouvrir à la Vie avec un grand V. Et cela ne se fera qu’en accueillant la nouveauté de cet enfant qui va naître au monde.

Jésus va naître et on se le représente petit enfant né dans une crèche où nourrir les animaux. On le représente avec un boeuf, un âne, des moutons et ses premiers visiteurs seront de pauvres bergers qui passaient la nuit près de leurs bêtes. J’aime voir là déjà toute la création se réjouissant de cette étonnante naissance. J’aime à penser que cette création ne serait pas complète si ce bout d’homme n’était pas là au milieu d’elle. Et je pense à tous ceux et celles qui lui ressemblent, pauvres comme lui, rejetés comme lui. Leur donnerons-nous un peu d’espérance et de joie? Leur dirons-nous comme Paul dans son Epitre aux Philippiens: « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur; je le redis: soyez dans la joie! » Alors aucune tristesse dans nos coeurs. Que la joie du Seigneur soit en nous tous. Que l’espérance dépasse nos amertumes et que notre amour rejoigne tous les frères et soeurs de la terre.

Frères et soeurs, soyez dans la joie, une joie que vous allez chercher au fond de vous-mêmes, au fond de votre âme de disciples de Celui qui vient. N’est-ce pas Lui qui nous donne espérance et paix? N’est-ce pas sa venue sur terre qui relève l’homme et lui ouvre cet espace de joie , de vie, d’amour! Avec le psaume chanté tout à l’heure, nous disons: « Jubile, crie de joie, car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël! »