Homélie du 1 octobre

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Homélie du 26ème dimanche ordinaire 1er octobre 2023

Nous venons de vivre la visite très réussie du Pape François à Marseille et nous ne pouvons que
nous réjouir de la liesse populaire que cette rencontre a suscitée. Mais au-delà de la liesse populaire
il y avait un message fort et il serait bien de ne pas l’oublier. Applaudir le Pape comme la vedette du
moment est le plus facile. Vivre son message est autre chose. C’est beaucoup plus dérangeant.
En lisant le texte d’Evangile d’aujourd’hui, je le mets en parallèle de cet événement. Le Père appelle
ses deux fils à travailler à sa vigne. L’un dit tout de suite oui, mais n’y va pas ; L’autre dit non, mais
il y va. L’Evangile, comme le message porté par François, notre Pape, est beau. Il peut plaire un
moment. Mais quand il s’agit de l’appliquer dans la vie de tous les jours, c’est beaucoup plus
dérangeant. L’Evangile n’est pas qu’un beau texte, inspirant. Il nous demande de vivre selon la
Parole de Jésus. Aller à la vigne, c’est mettre la main à la pâte. C’est s’engager au service du monde,
au service des pauvres. Et cela nous entraine là où nous hésitons à aller. La vigne du Seigneur, il
faut y travailler, et c’est un travail rude et persévérant. La mission à laquelle nous appelle le
Seigneur est ce travail de tous les instants. Depuis notre baptême le Christ nous appelle à être ses
disciples-missionnaires.
Etre chrétiens, être disciples du Christ nous engage sur une voie que nous n’avions sans doute pas
prévu de prendre. Le jour où nous disons oui au Seigneur, nous ne savons pas jusqu’où nous
entrainera ce oui. Regardons ce qui s’est passé dans la vie des saints que nous vénérons et d’abord
dans la vie de Marie. Son oui, son Fiat, l’a emmenée à être près de son Fils jusqu’au bout, jusqu’à la
Croix. Et cela est vrai pour tous les disciples de Jésus. Je suis très marqué par la figure du pape
François. A 86 ans, il continue son œuvre qui n’est finalement pas son œuvre, mais l’oeuvre de Dieu.
On sent que cet homme a tout donné et tant pis pour les critiques qui fusent. Il a un message à livrer
et il le livre avec force et douceur à la fois. Là, devant cette Méditerranée qui a vu tant de migrants
périr, il sait qu’il doit nous interpeler, il sait qu’il doit s’adresser à la conscience de chacun et d’abord
des dirigeants de ce monde et il le fait. Il ne cherche pas sa gloire. Il livre un message qui le
dépasse. C’est celui du Christ. Et c’est le message de tout missionnaire partout où il est envoyé.
Sera-t’il entendu ? Celà ne dépend plus de lui. L’Esprit est à l’oeuvre et travaille au cœur des
hommes, même les plus endurcis.
J’ai lu et relu les exhortations de St Paul aux Philippiens. C’est un appel à l’unité dans la tendresse,
dans la compassion. « Ne soyez pas intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer
les autres supérieurs à vous-mêmes » C’est ainsi que doit se construire une communauté où l’on
porte les soucis les uns des autres, où l’on s’entraide à s’ouvrir à l’autre, à celui qui est dans la
besoin, à celui ou celle qui n’a pas les mêmes possibilités, où nous aidons chacun et chacune à
remplir sa propre vocation. Et St Paul de continuer : « Ayez les dispositions qui sont dans le Christ
Jésus : ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est
anéanti … il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort… » Voilà notre modèle, voilà notre
Sauveur. Nous sommes au service d’une humanité malmenée, parfois déconsidérée, une humanité
qui attend de nous compassion et respect. Car respect et compassion vont ensemble. Je respecte
celles et ceux qui se jettent dans des aventures pas possibles pour trouver un peu de dignité. Au
risque de leur vie. Et je pense bien sûr, à ces migrants, mais aussi à bien d’autres qui se battent pour
que la dignité des personnes soit reconnue. Et la compassion, c’est celle du Christ devant la misère
du lépreux, du pécheur, de l’aveugle, du handicapé. Jamais condescendant, le Christ rend la dignité
à celui qui semble l’avoir perdue.. « Lève-toi et marche ! » Il retrouve sa place parmi les vivants !
« Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours ! » avons-nous chanté dans le
psaume 24. C’est notre prière, c’est notre supplication : sans cet amour que serions-nous ? Avec
Saint Paul nous ne pouvons que souhaiter qu’ « au nom de Jésus tout genou fléchisse et que toute
langue proclame : ‘Jésus-Christ est Seigneur’ à la gloire de Dieu le Père. » Voilà le souhait que
formule tout disciple-missionnaire convaincu de sa mission.