Homélie du 15 octobre

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Homélie du 28ème dimanche ordinaire 15 octobre 2023
« J’y vais, j’y vais pas ! » J’ai bien reçu un beau carton, tout illuminé de l’Esprit d’Amour et signé :
Jésus ! Oui, mais voilà, cette invitation tombe mal. J’ai des choses urgentes à faire. J’aurai les petits
enfants ce jour-là. J’ai promis d’aller faire une sortie avec des amis. J’avais décidé de faire mille
choses plus urgentes les unes que les autres et que je laisse de côté depuis bien longtemps. Alors ce
mariage tombe vraiment très mal. Je vais donner une raison peut-être un peu mesquine, mais je
n’irai pas. Alors que va faire celui qui a mis tant de soin à préparer un bon repas, à tout faire pour
que chacun des convives soit heureux, bien reçu, heureux de partager la joie des noces. Ce maître se
dit : « Ah, mes invités choisis sur le volet n’ont pas voulu venir ! Allez donc chercher tous les gueux
qui trainent dans les rues et invitez les. Eux au moins, ils ne refuseront pas . » En effet ils ne
refusent pas cette généreuse invitation. Mais le Maître a tout de même ses exigences
: il faut qu’ils aient l’habit de fête, c’est-à-dire un cœur bien habillé d’amour, de reconnaissance, un cœur prêt à
faire la fête, à se réjouir de la joie des autres, de celui qui a invité et de ceux qui sont invités.
Ce matin, quand je suis parti de chez moi, est-ce que j’ai pensé que quelqu’un m’invitait, qu’il voulait
me faire participer à un festin savoureux et qu’il me fallait emmener avec moi tous ceux que
j’aimais, mais aussi tous ces pauvres un peu perdus dans ce monde ardu, difficile, qui ne fait guère
de place à l’étranger, à celui qui est tout autre. Ce festin savoureux, c’est bien sûr, cette eucharistie
que nous allons vivre. Ce temps est merveilleux et doit illuminer le reste de notre semaine. C’est le
jour du Seigneur et son Repas est le festin de l’Agneau que nous partageons avec tous les perclus de
la terre, avec tous les pauvres qui acceptent l’invitation du Seigneur. Car en accueillant l’invitation
du Seigneur, nous sommes invités à changer notre cœur. Au début de l’eucharistie nous demandons
pardon. Et si c’était déjà notre manière à nous de revêtir l’habit de noce pour être dignes de partager
la table du Seigneur de l’Univers ! Aucun d’entre nous ne peut dire qu’il n’a pas besoin de ce pardon
pour être bien auprès du Seigneur et de ses frères et sœurs. Revêtir l’habit de fête, c’est accueillir
l’amour du Seigneur dans son cœur et dans sa vie. C’est faire de sa vie un « Je t’aime » sans fin.
On entend parfois des phrases du genre : « On ne peut accueillir toute la misère du monde ! » Oui,
mais la misère du monde aux yeux de Dieu c’est qui ? Eux, les pauvres, les exilés, les étrangers, ou
bien nous qui parfois sommes tellement repus que nous n’avons plus besoin de l’invitation au festin
que le Christ nous lance ? De plus en plus je me dis que nous ne devons pas avoir les mêmes unités
de mesure, Lui Dieu et nous. Lui voit le cœur de l’homme et Il le sonde profondément. Nous, nous
voyons le clinquant, le superficiel, le tape à l’oeil. « Le Seigneur de l’univers préparera pour tous
les peuples un festin de viandes grasses et de vins capiteux », dit Isaïe. Pour TOUS les Peuples, pas
pour quelques uns. Samedi j’étais au séminaire d’Orléans où était présent le Nonce Apostolique et
où deux Haïtiens étaient admis comme lecteurs et acolytes pour le service du Diocèse d’Orléans. Je
me disais tout en priant : « Tout de même, notre Eglise n’est plus capable d’assurer la relève et ces
jeunes hommes traversent les mers pour venir nous partager le Festin du Seigneur. » Bien sûr, c’est
le sens de l’Eglise universelle. Mais tout de même savons-nous assez prier pour les vocations ;
savons-nous aider à ce que la Mission soit assurée partout ? Prenons-nous notre part de cette
mission ? Nous sommes invités à vivre en synodalité, ce qui veut dire que chacun prend sa part de l’oeuvre
missionnaire. Ce n’est pas réservé à quelques-uns. Non, ce sont tous les baptisés qui sont invités à
faire que la fête soit belle, que le festin soit bon. Nous sommes convoqués pour travailler à la beauté
de la création et nous savons combien ce bien est précieux pour tous. Et cela encore n’appartient pas
qu’aux dirigeants de la Planète, mais à tous les citoyens et en tant que chrétiens nous sommes
particulièrement concernés. Cette création nous est confiée. Alors au travail pour que chacun puisse
en profiter pleinement. Nous la savons fragile, fragilisée par la main de l’homme. Faisons tout pour
la sauver, pour lui garder sa beauté et son éclat. Que les guerres se taisent ! Que l’exclusion n’existe
plus ! Que nous soyons tous serviteurs de la paix et du partage ! Pour que tous nous puissions chanter : 
« Le Seigneur est mon berger, Je ne manque de rien. » Ps 22.