Homélie du 17 décembre

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Homélie du 3ème dimanche de l’Avent 17 décembre 23

« Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance… »

Être dans la joie quand nous voyons ce monde dans la violence, la guerre, le climat qui va mal et se dégrade, est-ce vraiment possible ? Nos vies sont souvent marquées par le désarroi. Nos sociétés sécrètent en elles des mouvements de haine, de repli sur soi, de jalousie, de méfiance… Et voilà que Paul clame bien fort aux Thessaloniciens et à nous-mêmes, chrétiens du 21ème siècle : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance. » Paul ne nous dit pas d’oublier ce monde dans lequel nous sommes. Mais au-delà des apparences, il nous demande d’être de ceux qui voient l’œuvre de Dieu s’accomplir, se vivre dans toute circonstance. Il y a toujours une lumière d’espoir. J’ai devant mes yeux ces populations rencontrés au Sénégal, il y a quelques années. Elles étaient pauvres, mais cela ne les empêchaient pas d’être joyeuses. Et je vois encore ces belles femmes rencontrées dans la poussière de leurs cases et rutilantes le dimanche dans leurs belles robes chamarrées pour venir ensemble prier, danser devant le Seigneur. La joie du Seigneur ne gomme pas la vie et ses difficultés. Elles est une joie si belle, si communicative qu’elle nous entraine dans la vie et nous permet de « rendre grâce en toute circonstance ». Chrétiens, nous sommes témoins de la présence du Christ en nous et autour de nous.

L’exemple de Jean le Baptiste est éclairant. Il sait que ce n’est pas lui la Lumière du Monde. Il sait qu’il doit préparer les chemins du Seigneur. Il sait que c’est un autre qui sera le Sauveur et que sa mission à lui est d’ouvrir le cœur des hommes et des femmes qui attendent un Messie. Il est là pour préparer le chemin et c’est sa joie à lui. Il remplit sa mission, celle qui lui est confiée. Cette mission c’est la mission reçue par tous ceux qui annoncent le Messie qui vient, c’est la mission du MISSIONNAIRE. Il ne doit jamais prendre la place du Maître et Seigneur.. Il sait qu’il est serviteur et sa joie c’est de servir, de servir comme Jésus servira cette humanité qu’il vient sauver. Servir, cela peut-il donner de la joie ? Servir, ce n’est pas être esclave, c’est faire ce choix libre de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est le choix que fait le Seigneur Jésus. Lorsque je vois ces jeunes hommes avancer en confiance sur la route de la prêtrise et que je les retrouve épanouis dans le service qui leur est confié, je me dis que la grâce du Seigneur est puissante. Emmanuel, cet après-midi, recevant l’ordre du diaconat, franchit une étape importante dans sa vie d’homme et donne une vraie joie à notre Eglise. N’oublions pas l’Eglise d’où il vient : l’église des Seychelles. Il est ordonné chez nous pour cette Eglise lointaine. Cela nous montre que l’Eglise ne peut se refermer sur elle-même. Emmanuel, comme d’autres avant lui, prend un risque et promet de servir toute sa vie. Accompagnons-le en ce temps d’Avent. C’est un bel exemple d’engagement « avec la grâce de Dieu » comme il le dira cet après-midi lorsque l’Évêque l’interrogera.

L’œuvre missionnaire est là devant nous. Jean le Baptiste la prépare cette ère missionnaire. Je pense souvent à mes frères partis dans les contrées lointaines. Ils on tout fait pour que ces populations deviennent autonomes. Ils ont donné aux catéchistes une formation afin qu’ils deviennent eux-mêmes missionnaires. Le prêtre passait dans les villages de temps en temps et il baptisait, il confessait, il mariait celles et ceux que le catéchiste avait préparés aux sacrements. La synodalité – on n’employait pas ce mot – existait vraiment et des chrétiens étaient déjà les missionnaires pour leur peuple. C’est à cela que nous sommes tous appelés, nous les disciples-missionnaires depuis notre baprême. Précurseurs avec Jean, Missionnaires comme Paul et les Apôtres, nous devons annoncer partout que le Sauveur vient pour nous faire partager sa vie, sa joie, son espérance, son amour.

Saurons-nous reprendre les paroles du Cantique proclamées entre les Lectures et qui reprennent les mots mêmes de Marie, la Mère du Sauveur : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur…. Le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom… » Avec Marie, accueillons la mission que nous confie le Seigneur : celle d’annoncer sa venue dans le monde, dans le cœur des hommes et des femmes d’aujourd’hui comme le faisait Jean au moment de la venue de Jésus. Reconnaissons le à l’œuvre dans le cœur des hommes et des femmes de ce temps. AMEN !