Homélie du 19 novembre

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Homélie du 33ème dimanche ordinaire 19 novembre 2023
« Il reste encore du chemin à parcourir pour rendre la dignité à chacun » Mgr Gusching
J’ai fait un rêve… : la pauvreté aurait disparu, les hommes auraient décidé que le partage des biens
devait être une réalité. Plus personne ne serait à la rue et chacun verrait sa dignité retrouvée. Et je
me suis réveillé et j’ai vu qu’hélas il n’en était rien. J’ai vu des gens qui étaient rejetés, qui n’avaient
rien à manger, qui mouraient sous les bombes, qui n’avaient pas la liberté de vivre comme des
personnes humaines. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous naissons égaux, mais nous ne le
sommes pas. Certains pourront se vautrer dans le luxe et d’autres n’auront que des encoignures de
portes pour s’abriter. Les Abbés Pierre, Jean Rodhain, P. Wresinski, Coluche et les autres nous
interrogeront toujours et pallient souvent nos propres manquements. Le Secours Catholique veut
aujourd’hui ouvrir notre cœur et pas seulement notre porte-monnaie.
L’Évangile d’aujourd’hui est bien connu. C’est l’Évangile des talents. Dieu a mis en chacun de nous
des talents. Heureux ceux qui en sont pleins ! Mais encore faut-il qu’ils les fassent fructifier pas
seulement pour eux, mais pour le bien de tous, pour que tout homme puisse retrouver sa dignité.
Cultiver ses talents, c’est déjà reconnaître ce que le Seigneur nous a donné. Car rien de ce que nous
avons et ce que nous sommes ne vient de nous, mais de Lui. Et cela nous oblige, évidemment. Car
ces talents, le Seigneur nous les a donnés pour que nous puissions les faire grandir, les faire
fructifier. Mais dans le cœur de Dieu il ne peut y avoir d’égoïsme, d’égocentrisme. Tout est
ouverture. Et donc ces talents ne peuvent être réservés à notre petite personne. Il ne sont pas faits
non plus pour être enterrés et ne servir à personne. Ils sont au contraire donnés pour que nous
puissions les faire fructifier pour le bien de tous.
Dans l’Évangile, le Maître confie ses talents, son argent à des serviteurs. Le mot « service » est un
mot-clé. Nous sommes des serviteurs et non des propriétaires de ces talents remis par le Maître.
Nous sommes dépositaires de ces dons pour que nous les fassions fructifier au long de notre vie afin
que toute l’humanité puisse en profiter. Chacun de nous, chaque famille, chaque groupe humain,
chaque nation a reçu et reçoit des talents pour que le monde puisse vivre en harmonie et que chacun
ait sa part de bonheur. Chaque fois que nous faisons le bien, chaque fois que nous partageons, nous
faisons grandir l’humanité toute entière. Nous sommes tous des serviteurs de la famille humaine.
Nous ne pouvons donc nous désintéresser de nos frères et sœurs qui ont moins de chance que nous.
Nous sommes tous de la même famille, pauvres ou riches. La grande nouveauté de Jésus, c’est de ne
laisser aucun de ses frères sur le bord du chemin. Et merci au Secours Catholique de nous le
rappeler aujourd’hui.
Des talents, nous en avons reçu, mais les pauvres vers qui nous nous tournons aujourd’hui en ont
aussi reçu. Encore faut-il qu’il y ait des personnes qui leur donne la possibilité de les épanouir, de
les faire vivre. Personnellement j’ai toujours cru que toute personne humaine a en elle suffisamment
de ressort pour grandir. Quelle victoire quand quelqu’un qui était considéré comme très pauvre peut
enfin s’épanouir et prendre sa place dans la société. Nous devons croire en l’homme, en tout homme,
en toute personne humaine. Chacun porte en lui, en elle, des dispositions parfois bien cachées, mais
tellement réelles lorsque sont posés les jalons nécessaires à leur épanouissement. Et je sais que bien
des organismes comme le Secours Catholique, ont pour objectif de favoriser l’épanouissement des
personnes. Le Christ croit en chacun, en chacune. Il est le garant que la personne humaine peut
grandir si elle est aimée et si on lui en donne les moyens.
Le Livre des Proverbes fait l’éloge de la femme. Mes sœurs, soyez bénies pour tout ce que vous
donnez à notre société et à notre Église. « Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la
main au malheureux », dit le texte. Aidez l’Église à s’ouvrir, à donner encore plus d’amour aux
pauvres et aux petits. Cette Église doit être une Mère qui aime encore davantage ceux qui sont dans
la peine. La diaconie de l’Église, le service du pauvre doivent être les moteurs de nos actions.
« Ne détourne ton visage d’aucun pauvre », nous dit le Pape François. AMEN !