Homélie du 20 août

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Homélie du 20ème dimanche ordinaire 20 août 2023
Quelle patience ! Jésus est sollicité de tout côté et voilà aujourd’hui cette Cananéenne, une étrangère
qui vient elle aussi le solliciter. Elle est pleine de confiance en lui. Elle l’a vu agir. Il pourra faire
quelque chose pour sa fille et elle brave l’interdit. Elle, la Cananéenne, va se manifester auprès de
Jésus, le Juif. Et lui, Jésus, après avoir fait les remarques d’usage, remarques qu’attendaient sans
doute les Juifs, l’écoute et loue la foi de cette femme et déjà l’exauce. Il guérit sa fille. La sollicitude
de Jésus est tellement grande. Elle dépasse toutes les questions en usage chez ses contemporains.
Seule compte la miséricorde du Père pour les pécheurs et il en est le témoin et l’acteur sur cette
terre.
Oui, le Christ sait dépasser les contingences humaines, les lois que les hommes se sont données. Et
ce qui compte c’est la foi réelle, la confiance que ces personnes savent manifester. Peu importent la
race, le passé, et même le péché, c’est la confiance manifestée qui compte, c’est la foi en Celui qui
se manifeste à travers lui, qui compte. « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme
tu le veux ! » Écoute, confiance, miséricorde sont les vertus de notre Dieu. Il voit le cœur et ne
s’arrête pas aux contingences extérieures .
La parole entendue tout-à-l’heure dans le Livre du Prophète Isaïe nous ouvre à l’universel.
L’étranger est honoré. Il est appelé à devenir disciple comme tout homme en ce monde. Le salut
n’est pas réservé et nous le savons bien aujourd’hui, notre Église est ainsi enrichie de tous ces
apports de ceux qui semblaient loin. Nous avons admiré ce qui s’est passé à Lisbonne, ces JMJ.
C’est un événement extraordinaire. Plus d’un million de jeunes venus de partout sur la terre crier
leur foi et manifester leur joie de se reconnaître du Christ. Sans doute leur manière de vivre leur foi
est bien diverse et parfois nous désarçonne. A nous de savoir découvrir ce qui est beau dans ces
démarches. La démarche de la Cananéenne semblait insolite et les disciples étaient prêts à la
renvoyer, à la faire taire. Mais Jésus sait prendre en compte toute demande, tout genre de recherche.
Il accueille et il répond par des paroles et des gestes sauveurs. Il sait reconnaître la sincérité de la
foi.
J’ai reçu cette semaine une lettre qui m’a fait réfléchir. Les Filles de la Charité présentes depuis 42
ans à Châteauneuf sur Loire, quittent le diocèse le 28 septembre. Elles semblent s’excuser de partir.
Or elles ont respectivement 95 et 96 ans. Elles ont été présentes à tous les déshérités du diocèse
durant ces 42 ans. Aujourd’hui elles entrent en EPHAD pour préparer, comme elles le disent, leur
dernière étape sur terre. Bien sûr, le regret c’est de ne pas voir de relève pour continuer cette
présence auprès des migrants. Qui sera là pour que l’étranger soit toujours accueilli comme il doit
l’être, pour entendre cette parole : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » J’avoue que cette
lettre m’a bouleversé. Elle tombait au cœur de ma réflexion sur l’Évangile de la Cannéenne. Les
étrangers recevront-ils encore les miettes qui tombent de la table du maître, notre table ? Qui leur
donnera nourriture et respect ?
« Que les peuples te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! » Le refrain du psaume
66 peut revenir en boucle dans notre prière et notre vie de chrétiens tout au long de cette semaine.
Ne restons pas enfermés dans nos petits conforts. Acceptons d’aller au grand large. Oh je sais, il y
des risques. Acceptons-nous de les prendre pour rencontrer ceux que nous ne connaissons pas, pour
nous laisser dépayser, pour que nous soyons des témoins de cet amour avec Jésus. En tout cas
cessons de gémir sur ce qui va mal et retroussons nos manches. Le Seigneur nous attend sur les
chantiers du monde.
Cette semaine je continue à méditer l’Évangile de la rencontre de Jésus avec la Cananéenne et je
regarde autour de moi celles et ceux qui cherchent à me rencontrer. Peut-être me sembleront-ils
étranges, étrangers à mes manières d’être et de voir. S’ils me dérangent, tant mieux. J’aurai alors
l’occasion de faire comme Jésus : accueillir, écouter, aimer… COMME LUI !