Homélie du 23 juillet

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Homélie du 17ème dimanche ordinaire
Voilà une page d’Évangile qui tombe vraiment au bon moment. Le Christ nous montre la patience de Dieu devant la vie du genre humain. Il ne veut pas extirper la mauvaise herbe de peur de nuire au bon grain qui ne cesse de lever. Nous sortons d’une crise importante où une jeunesse désabusée de France s’est déchainée et s’en est prise aux biens et aux personnes. Et nous aurions envie, comme certains n’hésitent pas à le faire, à vouloir extirper ce mal de manière forte et abrupte et souvent injuste. Peut-être même sans essayer de comprendre. Oh, il n’est pas question de dire que le mal qui s’est fait est bien et l’excuser sans autre forme de procès. S’en prendre aux biens communs, dans la violence, fait mal à toute la société et d’abord aux auteurs de ces méfaits. Mais il faut beaucoup de discernement. Un mot souvent employé par Notre Pape François. En bon Jésuite qu’il est, le discernement fait partie de sa vie et il l’exerce au niveau de l’Église universelle. J’ai aimé qu’un Mouvement comme la JOC s’exprime à cette occasion. Ce sont des jeunes comme ceux et celles qui ont mis à feu et à sang nos villes. Ils sont tout autant été indignés de la mort de Nahël, tué dans une opération policière. Mais s’ils ont exprimé leur indignation, ils ont réfléchi et ne se sont pas laissés aller à toutes ces exactions commises et les ont désapprouvées. Le mal, ils l’ont dénoncé, mais leur réaction a été dans le dialogue, dans la réflexion et la parole de  l’Évangile découverte à cette occasion les a aidés à chercher un art de vivre en société. L’Évangile n’est-elle pas la Bonne Nouvelle dans des moments de tension difficile ?
L’ivraie, le Christ ne dit pas que c’est un bonne herbe et il sait bien qu’elle peut étouffer le bon grain. Mais il est patient. Il ne veut pas qu’en l’extirpant, on extirpe aussi le bon grain qui pousse et qui est fragile.. Le bien et le mal se côtoient dans  le monde et certainement dans nos cœurs. Mais le problème c’est que nous voyons  davantage le mal chez les autres que chez nous. La « poutre » dans notre œil nous empêche de voir sereinement la vie. Il nous faut nous méfier des idées tranchantes, toutes faites, sans nuances. Dieu aime les nuances. Et il est patient. Heureusement pour nous qui sommes pécheurs. Le Christ sait que bien et mal se côtoient dans nos vies et que c’est à partir de là que nous sommes amenés à faire les choix de vie.
Ce qui est vrai du monde est aussi vrai de notre Église. Elle vit des tensions très rudes et elle découvre en son sein des perversions qui font mal. On voudrait tellement que l’Eglise ressemble à ce qu’elle professe. Cette exigence de vérité est bonne, mais elle ne doit pas cacher, obstruer les belles choses qui se passent en elle et par elle. L’Eglise est un peuple de pécheurs où l’ivraie se mêle
au bon grain. Parfois  sournoisement, sans bruit. La vérité nous oblige parfois à regarder avec plus d’attention ce qui s’est passé et je crois personnellement que ce souci de vérité nous rendra plus libres, plus vrais et plus en adéquation avec l’Évangile. Découvrir, parfois avec effarement, ce qui s’est passé dans certains groupes en Église doit nous rendre humbles et attentifs et nous renvoie
forcément à notre propre manière de vivre notre foi. Nous sommes pécheurs et notre Église est un Peuple de pécheurs. Nous sommes tous pécheurs, pécheurs pardonnés dans le Sang du Christ, mais pécheurs tout de même. Le sacrement de réconciliation nous lave de nos fautes, mais ne nie en rien notre condition de pécheurs. Et c’est dans cette condition d’hommes, de femmes pécheurs que nous allons à la rencontre du Seigneur qui nous sauve et de nos frères et sœurs, pauvres et pécheurs comme nous.
« Les mots nouveauté, imagination, audace, créativité ne sont pas dangereux », écrit François-Xavier Brustillo, Évêque de Corse et futur cardinal. Cet esprit ouvert a séduit notre Pape qui fait de lui un proche collaborateur au sein du Collège des Cardinaux. Oui, n’ayons pas peur de la nouveauté car l’Évangile est Bonne Nouvelle vivante en nos vies et dans la vie du monde. Nous ne nions rien de la Tradition, mais nous nous ouvrons à la nouveauté de Celui a dit : « Voici que je fais toute chose nouvelle » Ne nous laissons pas enfermer dans des querelles du passé, mais au souffle de l’Esprit avançons en toute confiance. Le Seigneur est toujours nouveau et il nous renouvelle à chaque instant. Au cœur de ce monde où se mêlent ivraie et Bon Grain, soyons des hommes et des
femmes d’espérance dans une Église qui rayonne l’Amour de Dieu et des frères et sœurs en Jésus.