Homélie du 24 septembre

  • Auteur/autrice de la publication :
Homélie du 25ème dimanche ordinaire 24 septembre 2023

Le temps des vendanges se termine et nous entendons ce message du Christ : « Allez à ma vigne ».
La Vigne du Seigneur, comme le grand champ à moissonner, c’est notre monde, c’est notre
humanité. Le Christ est venu pour travailler cette vigne, pour labourer ce champ afin que l’un et
l’autre donnent nourriture et boisson agréable. La Bible ne dit-elle pas que le vin réjouit le cœur de
l’homme ! Et Jésus n’a-t’il pas choisi le pain et le vin pour notre nourriture et pour perpétuer sa
présence ? Mais ce travail que le Christ a entrepris n’est jamais terminé et il faudra toujours et
toujours des hommes et des femmes qui sachent donner leur temps, leurs compétences à cette
œuvre. C’est cela la mission et nous y sommes tous appelés quelle que soit l’heure. Il faut s’y mettre.
Aujourd’hui les évènements se précipitent. C’est la journée de prière avec et pour les migrants et
nous avons sur notre terre le Pape François. Quoi de plus stimulant pour notre vie de disciples-
missionnaires. Le Pape est venu à Marseille pour dire tout l’intérêt qu’il porte à la Méditerranée,
mer où tant de migrants se pressent. Malheureusement beaucoup n’arriveront pas au port. Mer
Méditerranée qui est le carrefour de tant de religions. J’ai dit « carrefour ». C’est bien l’image que
donne Marseille, ville cosmopolite où les religions monothéistes se rencontrent. Cette ville devrait
être le symbole de la communion de ceux qui croient en un seul Dieu. Et le Pape en venant là, veut
montrer que cela doit prendre corps, doit devenir une réalité. La Bible est remplie de ces récits de
migrants. Le Peuple de Dieu n’est-il pas un Peuple de migrants, ballotté de tout côté, mais toujours
soutenu par son Dieu ?
Et dans ce Peuple de migrants, nous sommes tous invités, ouvriers de la première ou de la
cinquième heure à prendre notre part du travail missionnaire. Rien ne se fera sans nous. Le Seigneur
nous invite à travailler le sol rocailleux de sa vigne. Malgré les aléas de la vie, cette vigne, notre
Église, essaie d’être à la hauteur. Le sera-t’elle vraiment un jour ? Il nous faut travailler pour qu’elle
soit belle et porteuse d’espérance et qu’elle accueille tous ceux qui attendent à la porte. C’est bien ce
que suggère notre Pape François quand il nous invite à rejoindre les périphéries, à reconnaître les
droits de chacun, à rencontrer les déracinés, les migrants, à respecter les hommes et les femmes
d’autres religions, à dialoguer avec les autres religions. Le Seigneur ne fait pas de reproches à ceux
qui sont là à attendre, à ne rien faire. Il les engage comme les autres à aller à la vigne. Je suis
toujours frappé par le fait que le Christ fait confiance à tous et à toute heure. J’ai été témoin de
l’arrivée au séminaire de personnes que l’on n’attendait pas. Mécaniciens, boucher, maître d’hôtel,
fromager, charpentier, cuisinier, agents des postes et certains sans métier faisant de petits boulots ;
J’en vois quelques-uns aujourd’hui qui sont prêtres et qui servent l’Église avec beaucoup de bonheur
et beaucoup de talent, d’abnégation, beaucoup d’amour et de foi. Il a fallu que le Seigneur se
manifeste à eux. Il a fallu que des personnes croient en eux. Combien de personnes aujourd’hui
encore attendent quelqu’un qui leur dira : « Va à ma vigne ! » Sommes-nous prêts à faire signe, à
ouvrir des chemins de service et à faire confiance ?
Celles et ceux que nous nommons « migrants » sont d’abord des hommes et des femmes qui
attendent qu’on leur dise qu’ils peuvent construire eux-mêmes leur avenir. En les accueillant, nous
devons leur faire confiance. Trop souvent nous les recevons comme des poids, comme des
problèmes. Et pourtant nous acceptons bien que ceux qui nous soignent viennent souvent de leurs
rangs. Nous acceptons bien que beaucoup d’emplois, primordiaux pour notre vie, soient tenus par
eux. Nous sommes prêts à exploiter leurs talents quand cela nous arrange. Et si la migration était
finalement une chance et pour eux et pour nous ! Nous avons encore tant de vignes à travailler,
émonder et vendanger, tant de champs à labourer et à moissonner. Alors n’ayons pas peur de leur
faire signe pour qu’ils soient reconnus et qu’ils puissent prendre part à la construction du monde.
L’Église nous rappelle que tout homme a sa dignité, a ses qualités et qu’à n’importe quelle heure il
peut être appelé à construire le Royaume avec nous, avec le Christ. Soyons éveilleurs de vocations.
Nous sommes tous appelés à être disciples-missionnaires.