Homélie du 29 octobre

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Homélie du 30ème dimanche ordinaire 29 octobre 2023
Je venais de lire un compte-rendu donné par l’ACF, Mouvement de Femmes Chrétiennes quand j’ai
lu cette page d’Évangile. Et j’ai fait tout de suite le lien. Ces femmes sont sensibles aux violences de
toute sorte, faites aux femmes. Et, fortes de ce constat, elles ont pris la décision d’ouvrir une cellule
d’écoute pour toutes ces femmes qui n’ont sans doute pas de lieu où se livrer et partager. Vous vous
souvenez du thème de la semaine missionnaire : « Cœurs brûlant et pieds en marche ». Il ne
suffit pas aux chrétiens que nous sommes d’être émus devant des situations difficiles, devant des
atrocités, il faut aussi que nos pieds se mettent en marche. Découvrir, écouter est une première
étape, mais ensuite il faut mettre « un pied devant l’autre et recommencer », comme dit la chanson.
Et ce que je trouve bien dans la démarche de l’ACF, c’est de ne pas le faire seul, mais avec d’autres,
en solidarité pour mieux répondre et s’appuyer sur ceux qui peuvent aussi aider à comprendre, à
agir.
Revenons à notre Parole de Dieu d’aujourd’hui. Je m’arrêterai d’abord sur l’Exode. « Tu n’exploiteras
pas l’immigré… Tu n’accableras pas la veuve et l’orphelin… Tu n’agiras pas envers le pauvre
comme un usurier… Si tu prends le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du
soleil… » Voilà les conseils de l’Ancien Testament. Le Seigneur parle de faits et gestes très concrets
et chacun peut déjà revoir sa manière de vivre par rapport à cette grille-là. L’immigré, la veuve et
l’orphelin, la victime de l’usurier, celui à qui on prend le manteau, c’est du quotidien. On peut le
rencontrer sur tous nos chemins. Mais nous pouvons passer sans le voir. Mais par contre on peut
aussi y prêter attention et vivre notre solidarité. C’est ainsi que St Paul félicite les Thessaloniciens
« qui ont accueilli la Parole de Dieu au milieu de bien des épreuves » et ils se sont faits accueillants
« afin de servir le Dieu vivant ». Recevoir et méditer la Parole de Dieu et se faire accueillants, voilà
notre mission. Passer du temps à se nourrir de cette Parole de vie et la mettre en pratique, voilà
notre chemin.
Et ce chemin est tracé par notre Évangile d’aujourd’hui. Les deux commandements que le Christ
rappelle aux docteurs de la Loi, voilà notre chemin. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton
cœur » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Voilà ce en quoi réside notre conviction
chrétienne. Dieu est le Premier et nous pouvons regarder nos vies à ce niveau-là. Suis-je assidu à
contempler, à écouter le Seigneur ? Quel temps je lui donne ? Est-ce que je m’arrête pour savoir qui
Il est et ce qu’Il a envie de me dire ? Ce temps-là est un temps de grâce, un temps de partage intime.
Comment aimer le Seigneur si je ne passe pas du temps avec Lui ?
Et puis ce deuxième commandement, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! », comment
cela m’oblige t’il ? Cela suppose déjà que j’apprécie ce que je suis. Je ne m’approche pas de l’autre
avec un cœur ouvert, un cœur prêt à se laisser toucher, si je n’ai pas d’estime de moi-même.
M’estimer, c’est m’aimer en tant que créature de Dieu avec tout ce que le Seigneur a mis en moi :
l’intelligence, la sagesse, la possibilité d’aimer. Et c’est avec tout cela que je pourrai aimer le
prochain, lui faire du bien, le rendre heureux à son tour d’aimer et d’être aimé. Combien de nos
contemporains n’aiment pas ce qu’ils sont et désirent toujours être autrement. Or la première bonne
nouvelle dans notre vie c’est d’apprécier ce que nous sommes. Non pas pour nous enorgueillir, mais
pour mettre en valeur ce que nous avons reçu du Sauveur. Et alors nous pouvons aimer le prochain
comme nous nous aimons nous-mêmes. Car aimer son prochain, c’est le faire grandir en liberté.
Nous avons suffisamment d’exemples de prise de possession de l’autre, d’emprise pour nous méfier
et rester libres. Notre amour de l’autre c’est lui donner pleine liberté. C’est le rendre libre.
Nous sommes invités à redire le psaume de ce jour : « Je t’aime, Seigneur ma force : Seigneur, mon
roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite…. » Peut-être est-ce ma profession
de foi de ce 30ème dimanche ordinaire. Je pourrai ainsi entendre au matin de la Toussaint :
Heureux êtes vous, vous les pauvres, les humbles, les affamés de justice et d’amour ! » AMEN !