Homélie de la Sainte Famille 31, décembre 2023
« Maintenant tu peux laisser s’en aller ton Serviteur en paix selon ta Parole… »
La famille, parfois objet de bien des critiques et en même temps valeur sûre lorsque l’on est éloigné,
lorsque l’on a besoin d’amour. Je pense à toutes ces familles qui sentent l’éloignement à cause des
guerres, à cause des conditions de travail, à cause de l’exil et de l’immigration. Noël a été l’occasion
de renouer des liens et en même temps a fait ressentir plus profondément l’absence d’êtres chers
retenus par le travail et l’éloignement ou par leur départ vers le Père. Oui, les fêtes de famille qui
font tant de bien sont aussi parfois des moments difficiles parce qu’il manque quelqu’un, parce qu’on
a peur des affrontements, des idées toutes faites. Et elles sont tellement nécessaires par le bien
qu’elle peuvent faire à tous, petits et grands.
La sainte famille, nous pouvons la contempler. Elle n’a pas été ménagée. Jésus est né en voyage.
Marie lui a donné vie alors qu’elle était loin de chez elle et elle l’a couché dans une mangeoire
d’animaux parce qu’il n’y avait pas de place à l’hôtellerie. C’est un couple pauvre, déplacé. Jésus dira
qu’il n’aura même pas une pierre où reposer sa tête. Et cela commence à sa naissance. Il n’y a pas de
place pour lui et sa famille, dans l’hôtellerie où se réfugient toutes ces personnes qui vont se faire
recenser.
Et les voilà, ces parents , au Temple de Jérusalem . Ils viennent accomplir les rites que tous les
parents doivent accomplir. Ils présentent leur enfant, leur premier-né comme tous les parents Juifs.
Ils offriront l’offrande que prescrit la Loi : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Offrande faite au Père qui est tant intervenu dans leur jeune vie. Oui, Jésus ne traverse pas la vie
sans poser les actes que pose tout homme, tout Juif de ce temps. Il est vraiment homme et il accepte
toutes les conditions de l’homme. Jésus reconnaît ainsi qu’il fait bien partie de cette pâte humaine et
il y entre à fond. C’est la promesse de Dieu qui se concrétise en lui. Dieu ne fait pas semblant de
venir parmi nous. Il prend partie de l’homme.
Et le voilà dans ce temple de Jérusalem qu’il arpentera si souvent, prêchant la Bonne Nouvelle du
salut qu’il est venu apporter. Ce Temple est habité par de belles personnes, placées là pour qu’il soit
reconnu. Siméon, Anne, tout pétris de la Parole de Dieu annoncée à son Peuple. Ils sont les témoins
radieux de la venue de Dieu sur terre. Ils n’attendaient que cet événement, que cet avènement : Dieu
nait au monde pour le sauver, pour lui donner un avenir, pour lui donner une ESPÉRANCE. Et le
vieux Siméon, le témoin fidèle, peut laisser éclater sa joie et sa reconnaissance : « Maintenant tu
peux laisser ton Serviteur s’en aller en paix. Car mes yeux ont vu ton salut : lumière qui se révèle
aux nations et donne gloire à ton Peuple Israël ». Voilà, la Promesse de Dieu est accomplie et elle
traversera tous les âges. Elle viendra jusqu’à nous qui avons su attendre cette Bonne Nouvelle. Et
elle traversera toutes les générations.
On dit beaucoup aujourd’hui que la transmission de la foi n’est pas facile, qu’il y a de la résistance.
De plus en plus, en prenant de l’âge, je me dis que ce qui a du mal à passer ce sont nos rites, ce sont
nos postures de chrétiens un peu trop installés. On a dit que les générations d’aujourd’hui ont besoin
de témoins. Plutôt que nous lamenter, soyons des chrétiens heureux de croire, heureux de faire
l’expérience de la famille humaine dans sa diversité, dans sa recherche de bonheur et participons à
sa vie, à ses joies. Portons ses peines avec elles. Faisons reculer la haine, la guerre, en étant témoins
de cet Amour partagé en Christ. Faisons tout pour que tout homme soit considéré comme un fils de
Dieu qui a droit à sa dignité. Donnons-lui ce dont il a besoin : respect, bienveillance, partage. Nous
sommes souvent bénis par ces mots : « Dans le combat de la vie, qu’il rende ferme votre foi, joyeuse
votre espérance, efficace votre charité ! » Ainsi notre vie sera bénie de Dieu qui ne veut que le bien
de chacun de ses fils.
Frères et Sœurs, nous sommes cette famille humaine bénie de Dieu. Il a fait alliance avec nous pour
notre bonheur à tous : « Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites ! » Ps 104
